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C’est une « sucess story » qui se poursuit pour la Brasserie du Pays flamand. Alors qu’elle atteint les 11 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, elle en profite pour doubler la surface de ses locaux et se lance dans la canette. Des investissements nécessaires pour faire face à la demande d’un côté, et pallier la pénurie de verre de l’autre.
Installés au départ dans une ancienne distillerie de Blaringhem, Mathieu Lesenne et Olivier Duthoit, fondateurs de la Brasserie du Pays flamand, avaient déjà dû s’agrandir en 2018 en acquérant un local de 2 500 m2 à Merville, tout en conservant le précédent qui produit encore quelques hectolitres. Mais face à la croissance exponentielle de l’entreprise (+23 304,26 % du CA entre 2006 et 2021 !) et l’augmentation de la demande de bière artisanale, les deux amis ont décidé de doubler la surface, la faisant passer à 5 000 m2.
« L’extension représente un investissement de 4,50 M€. L’objectif est de répondre à la demande du marché mais aussi d’améliorer la qualité de la bière et le confort au travail, détaille Mathieu Lesenne. Grâce à cette surface supplémentaire, nous avons pu créer un laboratoire pour tester les bières et un système d’ERP ( ou PGI, pour progiciel de gestion intégré. Cela permet de gérer l’ensemble des processus opérationnels d’une entreprise, par exemple la gestion des stocks). Nous avons aussi pu augmenter nos capacités de stockage (notamment au froid, en cas de reconfinement…), développer le multiconditionnement et le multirecettes. »
L’entreprise a pu ainsi augmenter sa capacité de production, la faisant passer à 60 000 hectolitres (hl). En 2021, ce sont 42 000 hl qui sont sortis des cuves de la Brasserie.
Si la crise sanitaire a été un coup dur pour bon nombre de secteurs économiques, pour la Brasserie ça n’a pas forcément été le cas : « Le mois de juin 2021, avec la réouverture totale des bars, a été le plus gros mois de l’entreprise », se souvient Mathieu Lesenne. Il faut dire que les gens n’ont pas arrêté de consommer de la bière, bien au contraire, notamment avec les « apéros visio » et attendaient avec impatience la réouverture des lieux de convivialité. Résultat, en plein pendant la crise, l’entreprise investit 800 K€ dans un robot de la marque japonaise Fanuc qui s’occupe du nettoyage et remplissage des fûts à destination du réseau de cafés, hôtels et restaurants.
Autres nouveautés rendues possibles par cette extension : le lancement de kombucha et des canettes. « On voulait offrir une boisson sans alcool qui soit une réelle alternative à la bière. En ce qui concerne le kombucha, il y a une réelle demande qui plus est », indique Mathieu Lesenne.
De plus, il se trouve que le kombucha utilise les mêmes techniques que la bière à savoir la fermentation à base de levure. Une partie de l’atelier est dédiée à cette nouvelle production car, en revanche, « il y a des bactéries utilisées pour le kombucha qui ne sont pas du tout compatibles avec la bière ! »
La Brasserie a également décidé de se lancer dans le conditionnement de sa bière en canettes pour une partie de sa production pour deux raisons : la pénurie de verre et le transport. « On s’est rendu compte, en faisant un calcul de l’empreinte carbone, que lors des livraisons à plus de 200 km, l’aluminium a une empreinte carbone moins importante que le verre. En effet, entre le poids et le fait que la température de fusion pour le verre est plus élevée que celle pour l’aluminium, c’est plus économe en carbone », explique Mathieu Lesenne.
En effet, si 80 % de la production part dans les Hauts-de-France (dont 50% pour le réseau de cafés, hôtels et restautants), le reste atterrit notamment dans le pays nantais. Une nouvelle machine de conditionnement a donc été acquise et ajoutée à l’atelier.
Dans la lignée de ces changements, la Brasserie du Pays flamand a également travaillé sa stratégie RSE (responsabilité sociétale des entreprises).
Dans un premier temps, l’entreprise souhaite améliorer son bilan carbone. Pour cela, deux points majeurs dont à modifier : l’emballage et le transport. Pour ce qui est de l’emballage, le passage à la canette fait partie du plan mais « (elle) aimerait aussi développer un système de consigne notamment en nouant un partenariat avec Oh la consigne. » Quant au transport, « on voit bien que dans le milieu, on est tous à proximité de cours d’eau. On se dit que peut-être, faire un maximum de kilomètres sur voie d’eau serait une bonne option. » Des panneaux solaires vont également être posés sur le toit de l’extension.
Autre idée : développer de l’orge qui se malte à une plus faible température afin de produire moins de CO2… « On aimerait aussi ouvrir un nouveau lieu de convivialité, vers les voies de chemin de fer à Merville, d’ici 2024. » Bref, à la Brasserie du Pays flamand, on ne manque pas d’idées.
Eglantine Puel
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