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11-10-2024

Le relais des Sources : Une ferme en danger après les inondations

Les inondations de l’hiver dernier ont laissé des traces… et notamment au Relais des sources, la ferme pédagogique basée à Saint-Rémy-au-Bois, entre Hesdin et Berck-sur-Mer. Depuis bientôt un an, Stéphanie Jovet, la gérante, et ses animaux pataugent dans la boue.

©HG
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En 2020, Stéphanie Jovet, ancienne éducatrice spécialisée, opère un changement radical de vie en ouvrant une ferme pédagogique sur les terres de son beau-père à Saint-Rémy-au-Bois (62). « Nous avons recueilli 300 animaux, du poney, en passant par des vaches, des ânes, des lapins, des cochons ou encore des volailles… Leurs propriétaires s’en séparaient pour différentes raisons : un déménagement, une séparation, un décès… Nous en avons aussi récupéré suite à des saisies. C’était une manière de leur donner une seconde chance », explique celle qui propose des visites mais aussi de la médiation animale. « Et depuis quatre ans, l’activité tourne parfaitement. »

Des conséquences multiples des inondations sur la ferme

Jusqu’à il y a quelques mois… « La tempête Ciaran a été le début des emmerdes », explique-t-elle. Et les inondations qui ont suivi n’ont évidemment pas arrangé les choses. Il faut dire que – comme son nom l’indique – Le relais des sources est situé sur une veine sourceuse. « Avec les pluies, une rivière s’est créée au milieu des pâtures. Même mon beau-père, qui a travaillé ici durant des dizaines d’années, n’avait jamais vu ça ! » Depuis, les deux hectares de la ferme pédagogique restent gorgés d’eau. Une situation qui n’est pas sans conséquence.

Les animaux ont tous été touchés physiquement : « Nos ânes ont eu la gale de boue, les poules la pododermatite, les canards ont attrapé la maladie des plumes mouillées…, énumère la propriétaire des lieux, nos frais vétérinaires ont été multipliés par trois par rapport à une année classique, sans compter les frais d’ostéopathe, les compléments alimentaires… » En parallèle, l’activité a chuté de 70 %. « J’ai perdu certains contrats de médiation animale avec des personnes en situation de handicap », se désole l’ex-éducatrice spécialisée qui a dû reprendre un travail à côté pour continuer de vivre.

Le mental des troupes est aussi atteint et on ne parle pas seulement de celui des humains ! Les animaux aussi ont le moral dans les sabots à l’image de Léon, le taureau sentimental. « J’ai recueilli Léon il y a cinq ans. Il vient d’une autre ferme pédagogique qui a fermé suite au décès brutal de la propriétaire des lieux dans un accident. Quand Léon est arrivé ici, il ne voulait plus se nourrir et avait constamment les larmes aux yeux. Je me suis occupée de lui, je lui ai parlé, nous lui avons trouvé un compagnon de pâture… Petit à petit il a repris du poil de la bête et il allait bien. »

Mais depuis les inondations, Léon le taureau a perdu une centaine de kilos, « il se laissait mourir, il fait des crises d’arthrose… Ça commence à aller mieux mais s’il faut à nouveau passer un hiver comme on vient de connaître, il ne survivra pas », s’inquiète Stéphanie Jovet.

60 000 € de travaux dont 40 000 € à trouver pour la ferme

Alors pour éviter cela, la gérante souhaite faire des travaux de drainage et en profiter pour faire un parcours accessible aux personnes à mobilité réduite, « puisque c’est notamment à ce public que je m’adresse ». Des travaux estimés à 60 000 €. Une somme que la gérante ne peut pas financer seule. « Nous n’avons eu aucun dédommagement car la commune n’a pas été placée en catastrophe naturelle et ce sont les habitations des animaux qui ont été touchées. Nous avons donc été taper à toutes portes possibles, collectivités et associations, pour obtenir des subventions afin de sauver notre activité, mais pour l’instant cela ne donne pas grand chose, regrette-t-elle. La fondation de France nous a alloué une somme de 12 000 €. Pour le reste nous faisons face à la lenteur administrative. Le problème, c’est qu’aujourd’hui nous n’avons plus le temps… L’automne est là et la pluie revient. »

Pour récolter de l’argent, Stéphanie Jovet a organisé plusieurs événements depuis l’été, « heureusement que nous avons des bénévoles et des bénéficiaires qui nous soutiennent ». Une cagnotte en ligne a également été ouverte. Il reste encore 40 000 € à trouver. Stéphanie Jovet veut y croire, « si je tiens, c’est pour mes animaux. Mais si rien ne se fait rapidement, je devrais prendre la décision d’arrêter pour leur santé, lâche-t-elle des sanglots dans la voix. Et si Le relais des sources ferme, il faudra replacer nos 300 pensionnaires, cela ne sera pas facile et je crains que certains partent à l’abattoir… » Inimaginable pour Stéphanie Jovet qui promet de se battre jusqu’au bout pour sauver Le relais des sources. 

Lire aussi : DOSSIER : Gestion des eaux et environnement

Hélène Graffeuille Hgraffeuille@terresetterritoires.com

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Hauts-de-France inondation

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