Votre météo par ville
Cruciaux pour la filière, le printemps et l’été 2020 laisseront un goût amer dans la bouche des brasseurs français. “Le confinement a été dur en France et dans le monde”, résumait sur le plateau de France 24, le 5 août 2020, Maxime Costilhes, délégué général du syndicat Brasseurs de France, à l’heure de la Journée mondiale de la bière. Il chiffrait la baisse de chiffre d’affaires dans une fourchette de 20 à 30 % pour les entreprises françaises.
Si depuis le déconfinement la consommation de bière repart, les creux de trésoreries sont bien là. “Nos ventes sont revenues à la normale, mais nous n’avons évité le pire que grâce aux drives fermiers mis en place pendant le confinement, détaille Aymeric Hubo, de la brasserie du Bois de la chapelle à Torcy (62). Heureusement que ce n’était pas ma première année d’activité, sinon ça aurait pu m’être fatal.”
La situation semble plus délicate pour les petites brasseries rurales que pour celles installées autour de métropoles qui distribuent en grandes et moyennes surfaces. “Notre positionnement en magasins bio, de proximité et grandes surfaces, qui ont continué à tourner pendant le confinement, nous a portés”, reconnaît Alban Decoster, gérant de la Brasserie du Moulin d’Ascq à Villeneuve d’Ascq (59). Cette dernière ne dépend de la clientèle des cafés, hôtels et restaurant (CHR) qu’à hauteur de 25 % environ.
“La grande distribution représente 60 % de notre activité, enchaîne Nicolas Castelain, gérant de la brasserie du même nom à Bénifontaine (62). Le reste se fait en CHR, où tout s’est arrêté du jour au lendemain. Aujourd’hui, par rapport à l’an dernier à la même période on tourne à 80 %.” Pas de quoi ébranler la bonne marche de la brasserie familiale. “Ce qui est inédit, c’est que toutes nos tireuses à bière, qui d’habitude sont louées tout l’été, sont chez nous à demeure.”
Pour d’autres brasseurs, le Covid-19 a agi comme un révélateur de la fragilité de leurs circuits de distribution. “Pendant le confinement, quasiment la moitié de notre chiffre d’affaires a mécaniquement sauté, se désole Christophe Noyon, gérant de la Brasserie artisanale des 2 Caps à Tardinghen (62), sur la Côte d’Opale. Nous étions ouverts, mais il n’y avait plus personne. Nous avons ainsi mesuré notre dépendance à la clientèle touristique faite des Lillois et des Belges qui viennent dès qu’il fait beau. Les comptes ont été dans le rouge de mars à mai. En avril, nous avons enregistré une baisse de 70 % de chiffre d’affaires. Depuis juin, nos ventes sont revenues à la normale. Mais fin juillet, le trou dans notre chiffre d’affaires n’était pas comblé. Aujourd’hui, nous avons un peu d’affluence, mais au mois de septembre, que va-t-il se passer ?…”
Lucie De Gusseme