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02-10-2025

Antony Gautier : « Je resterai attentif à Bailleul. Je ne serai jamais loin »

Antony Gautier termine son unique mandat de maire de Bailleul. Il se consacrera désormais à 100 % à la direction de l’arbitrage à la FFF.

Antony Gautier, maire de Bailleul, 2e vice-président de la CCFI (communauté de communes de Flandre Intérieure). Maître de conférences en mathématiques à l’Université de Lille et arbitre international de football. – Antony Gautier © Light Motiv – Nadège Fagoo

« Gouverner c’est prévoir », dit la maxime, qui colle parfaitement au profil et au parcours d’Antony Gautier. Né en 1977 à Seclin – le très discret s’étonne d’avoir à livrer un élément si personnel – il est issu d’une famille bailleulloise. L’enfant « plutôt tranquille », commence le foot à l’âge de huit ans, accompagné par son grand-père « très engagé dans ce sport depuis très longtemps ».

Dès le lycée, il envisage une profession en lien avec les maths. Comme souvent, la rencontre avec un professeur sera déterminante. Après l’école puis le collège à Bailleul ; après le lycée à Armentières, il étudie les mathématiques appliquées à Lille 1 où il passe une thèse en économétrie : les statistiques appliquées aux finances. Il planche plus précisément sur les « modèles de séries temporelles à coefficient dépendant du temps » : facile, il s’agit ni plus ni moins d’essayer de prévoir l’avenir. Antony Gautier devient ensuite maître de conférences, à Rouen puis à Lille.

Le sifflet et l’écharpe

En juillet 2023, la maire de Lille le contacte : « Martine Aubry organisait alors la campagne pour 2014 et m’a proposé d’être adjoint aux sports, puis trois ans plus tard à la recherche également. » Un engagement politique que l’enseignant accepte pour une seule bonne raison : « Le souhait de changer la vie de celles et ceux à côté de qui (il) vi (t). Et essayer d’améliorer les choses autour de (s) es valeurs : justice sociale et solidarité. » Il prend un détachement afin de se consacrer à ce premier mandat, d’autant que d’autres valeurs cardinales font tourner son quotidien.

Pendant ce temps, il a évolué dans le monde du football. De gardien de but au Sporting club bailleullois, il est devenu arbitre officiel sur les rencontres de la Fédération française de football (FFF) à 15 ans – l’âge minimal pour s’emparer du sifflet. Cela fait déjà quelques années qu’il accompagne son père, arbitrant de façon non officielle puis devenant arbitre de touche à 14 ans. Une détermination nourrie par cette passion « de faire respecter les règles. Dans le cadre d’une activité sportive », précise Antony Gautier quand on lui demande pourquoi il n’a pas opté pour un métier juridique. « J’aime cette prise de responsabilité dans des contextes parfois complexes, appuie-t-il. Mais le juge sportif doit rendre un jugement dans l’instant à la différence du juge classique qui a devant lui le temps des auditions et de l’analyse. »

À l’image des clubs de foot, les arbitres sont promus en fonction de leurs résultats (prises de décisions, capacités managériales, activité physique adaptée aussi), ainsi le Bailleullois évolue pendant 15 ans en départemental avant de rejoindre la Ligue 1 en 2007 et d’embrayer sur une carrière internationale.

« Ma ville de cœur »

À l’approche de la campagne municipale de 2020 la question se pose à lui, qui ne reste pas longtemps en suspens. « Bailleul est ma ville de cœur : j’y ai grandi, mes enfants y grandissent. Beaucoup me sollicitaient alors pour porter une alternative pour la ville et j’ai décidé de proposer un projet », explique-t-il avec cette attitude posée qu’il semble adopter en toutes circonstances. Droit dans ses chaussures – ou ses crampons -, les idées claires et le verbe tranquille.

Le cérébral a analysé plus d’une fois ce qu’ont en commun ses différentes facettes d’arbitre et élu : « La prise de risque, l’intellectualisation, le travail, l’argumentation. Et la maîtrise des différents éléments », résume-t-il.

Aujourd’hui âgé de 47 ans, il a décidé de ne pas se représenter pour un second mandat. « Choisir c’est renoncer », formule-t-il en précisant : « Je suis à un moment de ma vie où des choix s’imposent à moi, où j’ai envie de m’investir dans d’autres projets professionnels, personnels. Je souhaite notamment consacrer plus de temps à mes proches », annonce celui qui n’a pas assez de journées de 24 heures pour tout accomplir. Car depuis janvier 2023, Antony Gautier n’est plus arbitre. Il est le directeur de l’arbitrage à la Fédération française de football : 26 000 arbitres.

L’heure du bilan

Sur son bilan municipal, il porte un regard plutôt satisfait : « 90 % des engagements ont été tenus », compte celui qui dit avoir été fidèle à ses valeurs de justice sociale (mise en place d’une tarification des activités familiales progressive) ou en faveur de la transition écologique (passage au 100 % led pour les éclairages municipaux, végétalisation, mobilité douce…). « Nous avons aussi construit une ville à hauteur d’enfant », priorise-t-il évoquant l’augmentation du nombre de places en centres de loisirs, la création de rues scolaires… « Tout n’est pas parfait mais la ville se porte mieux en 2025 qu’en 2019 », pense Antony Gautier, qui n’a pas été surpris par le mandat.

Le sens de l’arbitrage

« Beaucoup pensent qu’être maire en 2025 c’est la même chose que dans les années 90 or la société a évolué. Comme les rapports entre individus, à l’autorité aussi. Être maire est une activité exigeante, passionnante et qui demande une maîtrise de certains sujets qui se complexifie avec les réseaux sociaux : l’anonymat, la gouvernance de l’instantanéité qui empêche la réflexion de fond. Oui être maire c’est gérer davantage d’emmerdes que de remerciements, et il faut être en capacité de dire non parfois » : un sens de l’arbitrage que le Bailleullois cultive forcément.

Son choix de raccrocher l’écharpe est « serein, réfléchi », dit celui qui a toujours d’abord pensé à l’intérêt collectif et qui voit « depuis plusieurs années certaines personnes engagées en politique essayer davantage de diviser que de rassembler ».

Sans transition, son carton rouge politique ? « Le point de départ de mon engagement en politique c’est Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002. Mon carton rouge va à ceux qui jouent avec les gens, qui attisent le rejet de l’autre à des fins de politique politicienne. » Et raccrocher dans un contexte plus propice à l’extrême droite que jamais ? « Je resterai attentif à Bailleul. Je ne serai jamais loin », promet le futur ancien maire. 

Justine Demade Pellorce 

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