Votre météo par ville

Farine : Éloïse Waast, future meunière pévèloise

12-07-2022

Actualité

Transformation

À 24 ans, Éloïse Waast achève ses études avant de rejoindre – dans quelques années – l’entreprise familiale située à Mons-en-Pévèle. Rencontre avec une future meunière dynamique, (bientôt) prête à prendre la relève.

Éloïse Waast © LT

C’est une institution à Mons-en-Pévèle (59). Le long de la rue du moulin, la famille Waast fabrique de la farine depuis 1896. Éloïse Waast y a presque grandi, bercée par le ronronnement des machines sans lequel elle peinait à trouver le sommeil. « Ma grand-mère m’endormait en m’emmenant au moulin, se souvient-elle. Le bruit sourd et lisse du moulin est apaisant. »

À 24 ans, elle achève ses études et souhaite prendre la relève, « pas tout de suite, dans cinq ans environ ». Elle deviendra la sixième génération de meuniers de la famille.

Des sacs de 25 kg

Celle qui se dit « la mauvaise élève au lycée par excellence », a eu une révélation à l’université en y trouvant davantage d’indépendance. Une licence d’économie-gestion en poche, elle poursuit en master en management de l’innovation puis en management stratégique. « Je ne voulais pas me spécialiser mais avoir des notions dans de nombreux domaines en gardant le côté stratégique de l’entreprise », explique-t-elle. Car l’idée est présente depuis un certain temps déjà, celle de reprendre le flambeau.

Elle connaît tous les process de l’entreprise, se sent capable de remplacer chaque poste, a appris à porter des sacs de 25 kg de farine. Mais avant, « c’est encore important d’aller voir ce qui se passe ailleurs, de mûrir, insiste-t-elle, et puis cela me permettra d’apporter quelque chose : dans une entreprise familiale, la première génération crée, les suivantes doivent consolider. »

De ses stages et apprentissages, Éloïse Waast a déjà ramené quelques petites idées au moulin. « Je prends du recul, je vois le fonctionnement en place ailleurs. » Elle « visualise tous les flux du moulin et les points bloquants, cerne de plus en plus de choses » depuis le quartier de la Défense à Paris, où elle accumule « expérience et maturité. »

Voir ce qui se passe ailleurs

Éloïse a très vite acquis aisance et confiance en elle. « Mon grand-père m’emmenait en rendez-vous avec des clients directeurs d’usine. J’ai vite été impliquée dans le moulin et confrontée aux regards des autres. » Émile Waast, à presque 89 ans, est encore sur tous les fronts. Il traverse l’entreprise, une pile de dossiers sous le bras, des projets en tête, rassuré et fier de voir les jeunes – comme sa petite-fille – s’impliquer.

« La curiosité de mon grand-père lui a permis d’être précurseur et de développer l’entreprise. Aller voir ce qui se fait ailleurs, tester, c’est valorisé dans la famille », observe Éloïse Waast. « J’ai hérité de la curiosité de mon grand-père », ajoute-t-elle.

Produits techniques et produits de niche

Entièrement reconstruit après la guerre, le moulin a vu ses meules de pierre remplacées par des cylindres. De nouveaux bâtiments sont sortis de terre, le dernier datant de 2015. Quelques centaines d’années avant la famille Waast, c’est l’abbaye Saint Vaast d’Arras – les noms n’ont aucun rapport – qui a érigé le moulin à vent au XIe siècle, tout en haut de la colline dominant la campagne.

Quasiment toutes les céréales sont moulues : blé, orge, maïs, sarrasin, avoine, etc. Parfois, quelques queues de cerises, marc de pommes, chicorées sont aussi broyés, diffusant de nouveaux arômes. « L’odeur que je préfère est la chicorée », confie Éloïse Waast.

L’entreprise travaille principalement avec des organismes collecteurs mais quelques agriculteurs livrent également leurs céréales en direct, le moulin ayant aussi la casquette de collecteur. « La force du moulin est d’être capable de faire des produits techniques et des produits de niche », souligne Éloïse Waast.

Qualité et proximité

« Tous les maillons de la filière pain sont présents sur le territoire, poursuit-elle. L’idée est de valoriser le circuit court, de l’agriculteur au moulin, créer une chaîne de valeur entre tous les acteurs de la filière et garder le savoir-faire du territoire. » Impliquée dans le projet alimentaire territorial (PAT), Éloïse Waast est intarissable sur la problématique de l’alimentation, « comment nourrir le monde, sans gaspiller », en valorisant qualité et proximité. « La qualité est notre priorité », affirme-t-elle, citant les normes en vigueur – notamment Iso 22 000, agriculture biologique… Deux nouvelles machines – pour le conditionnement et un trieur optique – seront prochainement acquises, dont une machine pour broyer des céréales achetées en petites quantités aux agriculteurs. L’objectif ? « pouvoir garantir la meilleure qualité avec des céréales en sortie de champs. »

Des meuniers amoureux

Aujourd’hui, Émile, Emmanuel et Michel Waast, respectivement grand-père, oncle et père d’Éloïse Waast, cogèrent l’entreprise qui compte une vingtaine de salariés. « Chaque génération Waast a donné un meunier amoureux du métier avec les qualités d’innovation, d’initiative et de gestion nécessaires », lit-on sur le site internet. Éloïse Waast sait ce qu’il lui reste à faire. 

Éloïse Waast en quatre dates

2013. À 16 ans, elle rejoint les Moulins Waast en tant que saisonnière et exerce les métiers de secrétaire, réceptionniste, vendeuse.

2015. Elle obtient son baccalauréat scientifique à l’Institut de Genech et commence ses études universitaires.

2022. Elle est diplômée d’un master spécialisé en marketing et data analyses.

2027. Elle compte rejoindre les Moulins Waast, à la suite de ses père, oncle et grand-père

Louise Tesse

Lire aussi : Far’in Genech : Itinéraire d’un produit 100% local

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

1 111 œuvres d’art contre les cancers pédiatriques
Septembre en or est le mois de sensibilisation aux cancers des enfants et adolescents. Des animations sont organisées p [...]
Lire la suite ...

Hazebrouck. Une foire agricole toujours aussi conviviale
Pour sa 78e édition, la foire d'Hazebrouck a de nouveau rassemblé agriculteurs, artisans et curieux de toute la régio [...]
Lire la suite ...

Comment la zone maraîchère de Wavrin se réinvente ?
Depuis l'été 2023, la zone maraîchère et horticole de Wavrin affiche un visage neuf. Grâce à l'arrivée de cinq no [...]
Lire la suite ...

Travaux A1 : dès le 15 septembre pour huit mois
Les automobilistes de l'A1 vont devoir se montrer (encore plus) patients. L'autoroute qui relie Lille à Paris sera en t [...]
Lire la suite ...

Les secrets de la récolte du houblon de la ferme Beck
À la ferme Beck, à Bailleul, la récolte du houblon bat son plein. Perpétuant un savoir-faire familial, le précieux [...]
Lire la suite ...

Numéro 381 : 6 septembre 2024

Au cœur des terres

#terresetterritoires