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Un Farmdroïd qui se déplace tout seul dans ses parcelles : voilà le drôle d’animal à roulettes qu’on peut désormais observer dans les champs du Gaec de Denis Faidherbe et Jean-Louis Proust, deux agriculteurs bios installés à Erchin, dans le Douaisis (59).
Le 17 mai, le pôle machinisme du groupe Advitam organisait un point presse pour présenter cette solution robotique.
“Nous sommes en zone périurbaine, en bord de cours d’eau…, situe Denis Faidherbe. Nous avons toujours dû avoir une fibre écolo !”
Passés en bio suite à leur décision d’arrêter le lait après la crise de 2016, les deux associés ont beaucoup investi, soutenus par la communauté d’agglomération qui veut développer la filière bio sur son territoire : 250 000 € de bâtiment, 10 000 € de caisson froid qui leur permet de tuer par -20 °C les insectes dans leurs légumineuses après récolte, une bineuse à 85 000 € et, depuis le 11 avril, un Farmdroïd tout neuf à 100 000 €.
Gestion des intrants et de la main-d’Å“uvre sont ses deux apports majeurs à l’exploitation. Alimenté par des panneaux solaires, ce robot qui géolocalise les semis en assure le désherbage de précision travaille jour et nuit, lentement mais sûrement.
Depuis son arrivée à Erchin, celui du Gaec Proust-Faidherbe n’a “pas arrêté une minute”, affirme Jean-Louis Proust, avant une petite blague sur sa cadence de travail : “Un robot, c’est lent ! sourit-il. Je ne vois pas comment on le partagerait dans une Cuma, il est dans les champs nuit et jour depuis le 11 avril…” Mais les deux associés ne regrettent pas leur choix : “Même si c’est lent, la tâche avance puisqu’il travaille tout le temps.”
C’est il y a un an, pour constituer son offre en robotique, que le groupe Advitam s’est associé à Farmdroïd afin de réaliser des essais sur des cultures spécifiques à la région : betteraves, chicorées et oignons. Les expérimentations menées en semis et désherbage ont permis de valider sa pertinence, ainsi que la sécurité et la prise en main du robot.
“Nous avons fait le choix du robot Farmdroïd car c’est une solution qui répond à la fois aux spécificités des grandes cultures régionales, aux problématiques de main-d’Å“uvre, grâce à son autonomie, ainsi qu’aux réglementations sur le territoire”, détaille Jean-Baptiste Joos, chef de projet innovation et agriculture de précision, le département d’Advitam consacré au test des solutions robotiques.
Le robot est commercialisé au prix de 100 000 € par Advitam machinisme, la filiale du groupe qui sert de concessionnaire à la marque danoise Farmdroïd. Trois exemplaires du robot ont été vendus à des exploitations bios de la région. Le groupe réfléchit également à une solution de location, avec un minimum d’hectares ou de journées d’utilisation.
“Les agriculteurs bios sont vulgarisateurs de nouvelles technologies, analyse Gabriel Delory, président d’Advitam machinisme, néanmoins nous n’opposons pas les systèmes. Avant, il y avait la BLM (binette à long manche, ndlr). Aujourd’hui, il y a les robots !”
Alimenté en énergie par panneau solaire, Farmdroïd a la capacité de semer et de désherber de façon totalement autonome et neutre en carbone, 24 heures / 24 et sept jours sur sept.
Après une étape de transport (plateforme en option) et de mise en fonctionnement impliquant la délimitation GPS de la parcelle, il travaille en toute autonomie à raison de trois à six hectare par jour en fonction de la culture : maillage de la parcelle, semis et enregistrement de la position des graines, désherbage, et retour au point de départ une fois la tâche effectuée.
Conçu pour travailler en plaine, il peut être suivi en temps réel grâce à une application dédiée indiquant sa localisation, sa vitesse, la tâche en cours… La sécurité de l’outil est, par ailleurs, renforcée grâce à des capteurs détectant les obstacles et évitant les chocs.
De plus, une « zone tampon » autour de la parcelle est respectée pour diminuer les risques liés à l’environnement (fossé, construction, végétation…). Expérimenté sur des cultures printanières, le robot a une période d’utilisation qui s’étend de mars/avril, pour les semis, à juillet pour les interventions de désherbage. D’autres essais sont en cours.
Lucie De Gusseme
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