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Au départ c’est une histoire classique : une exploitation en polyculture élevage à Bavay (59). C’est le grand-père qui l’a créée, puis l’oncle qui l’a reprise. Le père, lui, se dirige vers le para agricole, dans la sélection animale chez Gènes diffusion. Quant au fils, Benjamin Lepoint, eh bien il fabrique des glaces. Logique.
« Après des études en agriculture à l’institut de Genech, je suis revenu sur la ferme familiale il y a six, sept ans. » Pour le jeune homme « passionné d’élevage », la question de s’engager dans la voie agricole ne s’est jamais posée. Il faut dire qu’au plus loin que remontent ses souvenirs, il a toujours accompagné son père et son oncle sur les concours.
« Élever, sélectionner, faire naître son petit veau et essayer d’avoir la plus belle bête possible : c’est une passion. Et un métier aussi. » Mais comme le jeune homme a des ambitions, il se dit vite que le lait c’est bien, mais le valoriser c’est mieux.
« Jusque-là, on élevait et trayait nos bêtes puis le collecteur passait tous les trois jours et voilà. J’avais notamment un copain dont le père transformait le lait en maroilles, je me suis dit pourquoi pas. » Benjamin opte, lui, pour les glaces, « parce que l’investissement était plus limité au départ. Et parce que c’est un produit bon, sympa. » Et comme il n’y connaît rien en glace, il part se former en Italie, where else ?
« Mon grand-père me donne ensuite une vieille grange sur la ferme qu’on retape avec les copains et j’achète une première turbine. Pendant un temps, je travaille à la ferme la semaine et je fais des glaces le week-end.» Un premier client, un deuxième : le jeune entrepreneur développe le laboratoire, achète de nouvelles machines avec des capacités de production et de stockage plus importantes. C’était il y a deux ans et demi.
Aujourd’hui l’activité glace, commercialisée sous le nom « La ferme Louvion », emploie quatre salariés, est distribuée chez des revendeurs et des restaurateurs un peu partout dans les Hauts-de-France, et même dans quelques adresses parisiennes.
Pour faire une bonne glace il faut des bêtes bien nourries (chez les Lepoint, elles passent six à huit mois en pâtures), il faut ensuite traire, écrémer puis transformer, conditionner puis vendre.
La gamme compte une vingtaine de parfums, dont la star incontournable est la vanille. Ici des bons produits, lait ou sucre, et toujours des ingrédients naturels, pas d’arômes, pas de colorants. La glace à la pistache est faite à partir de véritables pistaches. Idem pour celle à la noisette… « L’objectif est de ne pas avoir besoin de regarder l’étiquette pour savoir ce qu’on mange », résume Benjamin Lepoint. Il faut que l’évidence explose en bouche.
Et ça marche, si bien que le jeune homme emporte avec lui ses pots de glaces au salon international de l’agriculture, le même qu’il fréquente depuis son plus jeune âge en famille. « Nous serons sur le stand du Nord, dans le hall 1 », annonce le néo-glacier qui explique : « On va vendre des boules de glaces pendant dix jours, ça va être sympa. On y croisera sans doute nos clients de la région parisienne. » Et pourquoi pas en rencontrer de nouveaux.
Sur la stratégie financière d’une telle présence, il ne se prononce pas encore. « Vu que c’est la première fois, nous ne savons même pas si nous devrons refaire du stock en cours de salon ou non. On verra si ça vaut le coup économiquement mais on aura essayé. » Car derrière la production de glaces, dit-il, demeure cette envie de parler du métier.
Métier dont il s’est un peu éloigné mais qui reste intrinsèquement lié à son activité comme à son quotidien. « Quand il faut soigner les vaches, je suis présent aux côtés de mon oncle qui gère, lui, l’exploitation d’une soixantaine de bêtes. » En outre, passer en une heure de l’atelier lait au centre-ville de Lille où il ira à la rencontre d’un restaurateur, car il joue les commerciaux, n’est pas pour lui déplaire.
Cette année, la famille n’est pas peu fière d’emmener aussi trois vaches retenues parmi les prim’holstein qui concourront au salon de l’agriculture. Nobel, Night red et Victoria seront les seules de cette race à représenter le Nord. Pour obtenir le total régional, vous ajoutez encore trois bêtes du Pas-de-Calais et une de la Somme. « Même si on veut concourir, on ne peut pas à tous les coups car la sélection est rude. » Un nombre est défini par race, cette année 115 prim’holstein sélectionnées sur un millier de candidates lors d’une tournée nationale.
La famille concourt depuis une trentaine d’années, au SIA qui est le plus médiatisé, mais ailleurs également. « Et nous avons eu la chance d’avoir deux grandes championnes au cours des dix dernières années », s’enorgueillit le jeune homme.
Pour lui, les concours sont l’occasion de se confronter aux autres éleveurs, « de voir si on est performant en termes d’accouplements, de génétique ; de voir aussi si on est à côté de la plaque et de se remettre en question, le cas échéant ». Une virée parisienne qui demande une sacrée préparation : les vaches retenues sont isolées dans des box, lavées chaque semaine, sorties deux à trois fois par semaine au licol… Du temps que le jeune homme dit ne pas regretter d’investir. Sur le salon, il se réjouit de retrouver bon nombre de copains de toute la France rencontrés là. Une histoire de famille élargie.
Justine Demade Pellorce
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