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C’est un bel ouvrage qui ravira les passionnés de botanique comme les férus d’histoire, mais encore les plus curieux d’entre nous. Après un premier tome de l’Atlas de la flore sauvage des Hauts-de-France, consacré aux principes méthodologiques de son programme d’inventaire et publié en 2020, le Conservatoire botanique national (CBN) de Bailleul récidive avec un second tome.
L’histoire, ça peut être vite barbant et l’idée était de se mettre à un niveau accessible pour tous les curieux de nature. »
RÉMI FRANÇOIS, AUTEUR
Le thème se rapporte toujours à la botanique, bien évidemment, mais l’angle adopté est bien différent. Cette fois, le CBN de Bailleul s’attache à retracer la progression et la transmission des savoirs botaniques de l’Antiquité à l’époque contemporaine. Mêlant l’histoire de la région à celle des usages de la flore, l’ouvrage aborde la riche histoire des botanistes qui ont arpenté la région, quand ils n’y sont pas nés.
« L’histoire des botanistes et de la botanique en Hauts-de-France », disponible depuis quelques jours, est le fruit d’un travail de longue haleine de Rémi François, d’abord. Le chargé de missions scientifiques au conservatoire est passionné depuis longtemps par la nature et par l’histoire. Au fil des années, il a amassé de nombreuses informations et l’occasion de partager et transmettre était trop belle pour la laisser passer.
Pour réaliser cet ouvrage, il a travaillé en étroite collaboration avec Jean-Roger Watez, membre reconnu de la Société linnéenne Nord-Picardie et de la Société de botanique du Nord de la France. « On se connaît depuis plus de 20 ans. Quand je lui ai dit qu’on envisageait d’écrire ce livre, il a été enthousiaste. Dès que j’avais besoin d’information, il m’ouvrait ses bibliothèques, son savoir » détaille Rémi François. Lui adepte des recherches sur internet, Jean-Roger Watez dans les vieux bouquins… Les deux hommes ont travaillé de façon complémentaire pour aboutir à un ouvrage de 135 pages, à la fois synthétique et complet.
« Le challenge était de parler à la fois d’histoire et de botanique et de rendre tout cela accessible, confirme Rémi François. L’histoire, ça peut être vite barbant et l’idée était de se mettre à un niveau accessible pour tous les curieux de nature. » Pour éviter d’être « chiantifique », l’auteur agrémente l’ouvrage d’anecdotes. « J’ai effectué de nombreuses animations nature, continue-t-il. J’ai cherché des moyens pour rendre la botanique intéressante et je me suis rendu compte que les anecdotes, ça fonctionne. Les usages des plantes, la mythologie… Là, les gens accrochent. »
Le lecteur curieux apprendra, par exemple, que l’on doit l’arrivée en Europe de la pomme de terre à Charles de l’Écluse, botaniste originaire d’Arras (62) et non pas à Antoine Parmentier. Que le nom de famille « Delobel » a une origine botanique ou bien que le philosophe Jean-Jacques Rousseau était un féru de botanique tout comme de nombreuses dames à la cour du Roi ou encore Joséphine de Beauharnais… Car oui, la botanique était à la mode voilà quelques centaines d’années ! Le lecteur du monde agricole apprendra, lui, que l’une des premières sociétés à éditer des ouvrages de botanique et effectuer des formations était la Société d’agriculture de Soisson (Aisne), dans les années 1780.
Depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine en passant par le Moyen Âge, l’ouvrage montre comment la botanique a mis des siècles à s’affranchir de la connaissance médicinale et de la religion avant de devenir une science à part entière.
L’identité visuelle, colorée et agrémentée de nombreuses illustrations, photos et documents d’archives pour certains inédits, ajoute enfin ce petit quelque chose qui donne envie d’y jeter un œil. « J’ai été assez insistant pour qu’il soit le plus illustré possible, explique Rémi François. Je pense qu’il a de la gueule. Mon objectif était que ça donne envie et les premiers retours sont positifs. » Bonne lecture !
Pour financer l’impression de ce deuxième tome de l’Atlas de la flore sauvage des Hauts-de-France, le Conservation botanique national de Bailleul avait lancé en début d’année une campagne de financement participatif. L’objectif de 5 000 euros récoltés avait été atteint et même dépassé. Au total, ce sont près de 300 exemplaires qui ont été imprimés, une grande partie à destination des contributeurs à la campagne de financement participatif. Seuls quelques exemplaires, vendus à 35 euros, sont encore disponibles et il faut se rendre pour cela sur le site internet du CBN de Bailleul. La version en ligne et en PDF est, elle, accessible et téléchargeable gratuitement sur le site du conservatoire : www.cbnbl.org.
Kévin Saroul