Votre météo par ville

Nicolas Castelain, l’art de brasser en famille

11-09-2024

Actualité

Consommation

À 43 ans, Nicolas Castelain est le directeur général de la brasserie éponyme, rachetée par sa famille en 1966. Depuis, l’entreprise cultive une longue tradition d’innovations que le jeune quadragénaire incarne avec sérénité.

Nous vous avions expliqué comment Roland et Marie-Louise Castelain ont racheté la brasserie des frères Delomel en 1966 et comment, depuis, les générations se sont succédé à la tête de l’entreprise. À Bénifontaine (62), on commercialise aujourd’hui quatre marques : la Chti, la Jade bio, la Castelain et la Cadette. « 130 000 hectolitres. Sur un marché français de 22 millions d’hectolitres », tient à situer celui qui qualifie sa brasserie de « PME indépendante familiale ».

S’il est presque né dans une cuve de brassage et qu’il a partagé son temps entre la brasserie familiale et la ferme de son autre grand-père à quelques rues de là, Nicolas Castelain s’est demandé s’il ajouterait son prénom à la liste. « J’ai grandi dans ce milieu très entrepreneurial, où on se fait par soi-même et où on peut travailler sérieusement sans se prendre au sérieux », salue celui qui est très tôt passionné « par le vivant, par ce qui bouge et n’est pas facile à maîtriser ».

“C’est au brasseur de s’adapter à la matière première”

Un défi permanent qu’il retrouve dans le monde de la brasserie, où « il y a des bonnes années et des mauvaises pour les céréales. On l’accepte moins que dans le monde viticole mais on doit le faire : c’est au brasseur de s’adapter à la matière première et de réussir à offrir le même produit final malgré tout », exhorte-t-il.

Bac scientifique en poche, il intègre logiquement l’ISA de Lille (l’Institut supérieur d’ingénieur agri agro). « J’aimais le côté agricole, notamment la dimension biologique, mais je voulais m’ouvrir le champ des possibles, ce qu’offrait une école d’ingénieurs qui forme autant à la protection de l’environnement qu’à la banque », synthétise Nicolas Castelain. Diplômé, il ressent le besoin de se spécialiser en brasserie et part approfondir ses connaissances à Louvain-la-Neuve, en Belgique. Ses parents le laissent choisir son destin, qui opère alors un détour.

Une brasserie et quatre univers

Nous sommes aux débuts des années 2000 et la question de la reprise de la brasserie commence à se poser. « J’ai voulu prendre un peu de temps et je suis allé travailler dans une entreprise spécialisée dans l’hygiène alimentaire, avant de revenir en 2007. » L’ingénieur prend la responsabilité de la partie fabrication – brassage, fermentation, conditionnement, logistique ,- une production alors de 40 000 hectolitres par an.

Un an plus tard, Yves, son père, passe la main à Annick, sa tante. Il forme avec elle un binôme qui développe, en plus des capacités de production permises par les nouveaux bâtiments en 2013, les nouvelles marques qui viennent rejoindre l’historique Chti et la pionnière Jade bio : la Castelain, une gamme de bières « épicuriennes », et la Cadette, davantage dans l’air du temps.

En 2018 Nicolas Castelain prend la direction générale de la brasserie, Annick prend sa retraite l’année suivante. Bertrand, le frangin de Nicolas, n’est pas loin puisqu’il gère le nouvel équipement : Le Spot, ouvert en avril dernier et qui ambitionne de proposer une expérience immersive dans l’histoire de la brasserie.

“Côté pionnier”

Un passage de relais marqué, génération après génération, par une tradition de l’innovation. « Nous essayons de garder notre côté pionnier », glisse Nicolas Castelain qui rappelle que l’engagement environnemental n’est pas un effet de mode ici. Si la Jade bio est la première bière biologique à voir le jour en France en 1986, l’année des premières Biocoop notamment, il lui faudra un quart de siècle pour rencontrer son public français, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays plus en avance sur la question de l’alimentation organique.

Un engagement qui s’est par exemple traduit par le récent partenariat avec l’association Terre de liens et la remise d’un chèque de 25 000 euros. « Et pour l’agriculture biologique plus encore qu’en conventionnel, il est important de travailler sur le long terme, c’est pourquoi nous nous engageons toujours sur le temps long avec nos fournisseurs », raconte Nicolas Castelain, pour expliquer pourquoi son houblon bio provient surtout d’Alsace, où sa culture a été plus précoce, et comment il le relocalisera une fois ses engagements achevés.

Parce que le local fait sens pour la brasserie aussi, qui a commencé à se fournir en orge bio auprès d’Unéal dans les années 80, de l’orge ensuite malté chez Malteurop qui a arrêté, puis repris l’activité bio il y a quelques années. Un engagement enfin avec la coopérative de houblonniers régionaux Coophounord, pour favoriser la filière.

« Plaisir à l’état brut »

Aussi adhérent de l’association des brasseurs de France, Nicolas Castelain aime son métier d’échanges, qui touche tous les publics. Pas pour rien que les collaborations se multiplient, avec A pro bio et trois autres brasseurs régionaux pour la bière bio 100 % Hauts-de-France Haute pression ou encore pour Grande boucle, bière brassée avec la brasserie Tandem, de Wambrechies : des recettes inédites et du partage pour « du plaisir à l’état brut », ne perd pas de vue le jeune patron. La créativité – peu de matières premières mais une infinité de possibilités – et l’exigence de la récolte font dire à Nicolas Castelain qu’il a « un beau métier ». Et si le marché de la bière est « globalement en baisse », il continue d’écrire l’histoire familiale, tranquille et déterminé. 

Justine Demade Pellorce

Lire aussi le portrait de la brasserie Bellenaert à Bailleul

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

1 111 œuvres d’art contre les cancers pédiatriques
Septembre en or est le mois de sensibilisation aux cancers des enfants et adolescents. Des animations sont organisées p [...]
Lire la suite ...

Hazebrouck. Une foire agricole toujours aussi conviviale
Pour sa 78e édition, la foire d'Hazebrouck a de nouveau rassemblé agriculteurs, artisans et curieux de toute la régio [...]
Lire la suite ...

Comment la zone maraîchère de Wavrin se réinvente ?
Depuis l'été 2023, la zone maraîchère et horticole de Wavrin affiche un visage neuf. Grâce à l'arrivée de cinq no [...]
Lire la suite ...

Travaux A1 : dès le 15 septembre pour huit mois
Les automobilistes de l'A1 vont devoir se montrer (encore plus) patients. L'autoroute qui relie Lille à Paris sera en t [...]
Lire la suite ...

Les secrets de la récolte du houblon de la ferme Beck
À la ferme Beck, à Bailleul, la récolte du houblon bat son plein. Perpétuant un savoir-faire familial, le précieux [...]
Lire la suite ...

Numéro 381 : 6 septembre 2024

Au cœur des terres

#terresetterritoires