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Depuis le début du mois de novembre 2023, le Pas-de-Calais est sous les eaux. Une situation exceptionnelle mais qui met en lumière plusieurs problèmes de longue date. André Flajolet, maire de Saint-Venant et président du comité de bassin Artois-Picardie, enjoint l’État et les communes à réaliser des travaux d’aménagements en prévention.
La première chose à dire est que ces précipitations ont certes permis une recharge des nappes phréatiques mais les dégâts collatéraux en surface sont considérables et ont même altéré la structure des sols (lessivages, transferts de terres…). Ensuite, toutes les activités humaines sur les sols sont impactées. Le secteur agricole et notamment l’élevage, les collectivités territoriales qui se trouvent en fragilité quant à l’approvisionnement en eau potable, les industriels pour qui la qualité de l’eau est altérée, et les particuliers dont les fondations des maisons ainsi que les réseaux électriques sont fortement abîmés.
Les territoires en têtes d’affiche (sur le littoral du Pas-de-Calais) devraient être “libérés” plus rapidement que les plaines car l’eau s’écoulera plus facilement. Ensuite, les services de l’État ont été je trouve très en contact avec la population, mais la facture va être insupportable et, au de-là du fait que les assurances vont devoir trouver un moyen de fonctionner, l’État va devoir trouver, lui aussi, de l’argent. Il a réussi à en trouver rapidement après les émeutes de cet été… On peut espérer qu’il en trouvera aussi rapidement pour les dégâts provoqués par dame nature. J’en profite pour dire que l’Agence de l’eau participera, elle aussi, significativement.
Les inondations ont révélé l’incapacité des collectivités à faire de la prévention face au dérèglement climatique et donc de préparer ce genre d’épisode. Par exemple, à Saint-Venant dont je suis maire (140 maisons touchées), des travaux d’aménagements ont été faits mais pas forcément dans les villes en amont. Or, l’eau n’a pas de frontières… Il est donc temps que des politiques de l’eau s’inscrivent dans les bassins, en amont et en aval. Pour cela, l’Agence de l’eau recommande depuis des années de réactiver les commissions locales de l’eau et de mettre à jour les documents d’urbanisme. L’autre chose que révèlent ces inondations, c’est le fait que nos réseaux d’assainissement et d’eau potable ne sont pas à la hauteur. Plusieurs villages sont encore actuellement sans eau potable car l’eau est polluée.
Tout d’abord, nos réseaux d’assainissement, qui fonctionnent bien, sont là débordés et rejettent ce qui ne devrait pas l’être dans le réseau. Ensuite, les nappes se sont remplies mais rapidement et avec de l’eau issue du ruissellement et donc chargée en résidus de pesticides, produits chimiques, etc. Enfin, les pieds des châteaux d’eau ne sont pas toujours très étanches et de l’eau, là aussi souillée, a pu s’infiltrer… Des travaux doivent donc être réalisés sur les réseaux d’eaux et pour cela, l’Agence de l’eau recommande aux territoires de mettre en place la Gemapi (gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations) pour permettre aux intercommunalités de lever une taxe permettant de réaliser ces travaux. Mais une chose est sûre, il ne faut pas crier que lorsqu’il y a une crise, mais éviter la crise.
Propos Recueillis Par Eglantine Puel