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« Le cheval est un animal très empathique, il ressent toutes les émotions qu’on lui donne », explique Natalia, 28 ans, cavalière au centre équestre de Timborne à Comines (59) depuis 13 ans. En arrivant ici, elle découvre Nathalie Renard, propriétaire du centre équestre qui, en plus des cours d’équitation classiques, propose aussi des cours d’équithérapie.
Selon l’institut de formation en équithérapie, cette pratique peut se définir comme « un soin psychique médiatisé par le cheval et dispensé à une personne dans ses dimensions psychiques et corporelles ». Au centre équestre de Timborne, cela fait 30 ans que Nathalie Renard propose d’accompagner des personnes en situation de handicap physique, mental ou même en souffrance psychique.
Lorsqu’elle crée son centre équestre, Nathalie Renard intègre directement l’équithérapie. « J’ai voulu introduire cette pratique car j’avais déjà vu des situations aberrantes dans des centres équestres. On refusait que des personnes handicapées montent, ou alors on les faisait monter mais n’importe comment… Je me suis donc formée sur le sujet. Aujourd’hui, je peux faire monter des personnes en situation de handicap physique et mental, mais aussi en situation de souffrance psychique », explique Nathalie Renard, 56 ans aujourd’hui.
Pour cela, Nathalie Renard possède une selle adaptée, équipée d’un dossier. « Cela permet de soutenir la personne et surtout, on la sécurise avec des lanières qu’on ajuste soit sur l’abdomen soit au niveau des épaules et de l’abdomen en fonction de son handicap et/ou de ses possibilités ».
Le centre équestre est également équipé d’un dispositif permettant de soulever une personne de son fauteuil pour ensuite l’installer sur le cheval, sur la selle. Une révolution qui permet au plus grand nombre de faire de l’équithérapie.
« L’avantage de l’équithérapie, c’est que l’on travaille tout le corps sans même s’en rendre compte et de manière très douce puisqu’on est en décharge. Simplement au pas, tout le corps bouge. Le mieux, c’est quand on est en lien avec les équipes soignantes, notamment les kinésithérapeutes, c’est même capital. Car en fonction, on peut choisir des exercices qui vont faire travailler les abdominaux, les bras, les jambes, les ouvertures latérales. »
Ça, c’est pour le physique. Et puis pour la tête, « le contact avec l’animal, mais aussi avec les autres, ça fait beaucoup de bien. J’ai également pour philosophie de les pousser à aller plus loin, à se donner des objectifs car il y a une vraie fierté quand ils réussissent un exercice qu’ils ne pensaient pas pouvoir faire. Le tout toujours dans la bonne humeur ! »
Mais pour que ça marche, il faut aussi des chevaux adaptés. L’écurie en compte 14, répartis entre poneys, double poneys et chevaux. « Si tous les chevaux ont cette forte capacité d’empathie, on choisit des chevaux calmes et surtout assez robustes, qui supportent la selle adaptée. Je choisis aussi des chevaux pas trop grand, pour renforcer le contact avec l’animal. Ensuite, ces chevaux alternent entre séances d’équithérapie, cours d’équitation classique et temps mort. C’est important car ce sont des séances qui peuvent être éprouvantes. En fait, les chevaux arrivent à entrer dans la bulle des Hommes, à comprendre leurs émotions. Ils ont une très bonne cartographie de leur environnement et de leurs relations. »
Arthur Jungo, 33 ans, était un très bon cavalier (galop 5 pour les connaisseurs), et ce, malgré une surdité de naissance. Mais il y a sept ans, il est victime d’un AVC qui déclenche une paralysie de tout son côté gauche. « Après un mois de coma et beaucoup de rééducation, c’est lui qui a demandé à pouvoir remonter à cheval. J’ai alors cherché un club adapté et on a inscrit Arthur ici il y a cinq ans. Il vient une fois par semaine », raconte sa maman, Isabelle.
« Les progrès que j’ai vus tout de suite, c’est sur son mental et son moral. Le fait de voir du monde et qui ne sont pas des personnes souffrant de handicap, ça lui fait énormément de bien. Musculairement aussi, il a gagné en équilibre, sa stature/posture s’est grandement améliorée et sur son côté gauche, il est plus mobile. »
« Arthur, on voit que c’est un ancien cavalier. Je n’ai pas eu à lui apprendre certaines bases, il comprend les comportements du cheval. Les progrès ont été assez impressionnants : au départ on devait attacher dès les épaules, maintenant plus que l’abdomen. On fait du trot, même du galop… Il y a un véritable travail dans ce genre de situation de réappropriation du corps. »
À force, des habitudes se créent. « Arthur me demande souvent de le filmer, de prendre des photos. Il a ses chevaux préférés aussi, enfin, il aime surtout Frimousse », une charmante double ponette, « qui connaît bien son travail », sourit Nathalie Renard.
D’ailleurs, après Arthur, c’est au tour d’Alexandre Dos Santos, 21 ans, de faire sa séance. Cela fait 15 ans qu’Alexandre pratique l’équithérapie. « Il souffre d’hyperplasie congénitale des surrénales. Normalement, c’est une maladie qui ne doit pas handicaper comme c’est le cas pour Alexandre. Mais malheureusement, il y a eu un retard de diagnostic et aujourd’hui, Alexandre est handicapé à 80 % », raconte sa mère, Suzette Dos Santos. Entre autres, Alexandre est malentendant, ne peut parler et souffre d’hypotonie et de paralysie de tout le côté gauche.
L’équithérapie, « on nous l’a recommandée. Un kinésithérapeute m’en a parlé car il pensait que cela pourrait être bien pour Alexandre. Je suis donc allée dans un premier centre équestre qui m’a dit, je cite, “Allez à Timborne, elle prend de tout et de rien”. Ah beh je ne me suis pas fait prier ! Alexandre a fait trois séances d’essais. Ça a pris tout de suite. Aujourd’hui, il ne manquerait pour rien au monde sa séance ! Après, il est plus calme, apaisé. Sur le long terme, ça l’a beaucoup aidé en ce qui concerne la sociabilité. Depuis, il s’est mis à la boxe, il a fait des stages d’équithérapie… Il n’a plus peur de rien ! »
Eglantine Puel