Votre météo par ville
Nîmoise d’origine, Pauline Garcia a travaillé dix ans à Paris dans le milieu de l’audiovisuel… avant d’effectuer un vertigineux virage vers le comportement animal. Un destin finalement pas si inattendu pour cette jeune femme qui, petite, rêvait d’être vétérinaire. « Je suis une “hors cadre familial” mais j’ai évolué dans le milieu équin, le monde des animaux de loisirs. J’avais une attirance pour le soin, le contact homme-animal mais je ne me voyais pas repartir sur un cursus vétérinaire ». Son choix s’oriente donc vers le comportementalisme.
Lorsqu’on évoque ce métier, on pense d’abord aux personnes qui travaillent avec des chiens, des chats voire des chevaux. Pauline Garcia, elle, s’est spécialisée dans le comportement des bovins, des équidés et caprins. « Quand je suis arrivée dans le Cantal, j’ai constaté qu’il y avait plus de bovins que d’hommes ! Et j’ai vite constaté que les pratiques humaines n’étaient pas en accord avec le comportement des bovins. Je voyais des éleveurs se mettre en insécurité. »
Elle obtient alors un diplôme universitaire en éthologie équine, ainsi que le le label Sfeca (Société française pour l’étude du comportement animal). À 38 ans et avec un léger accent du Sud de la France, elle évoque son métier avec passion, et se garde bien de se comparer aux éthologues : « Ce sont les scientifiques, moi je fais le pont avec le terrain, je vulgarise ! ».
Depuis 2015, la jeune femme est aussi éleveuse dans le Cantal (15), à la tête d’un troupeau de 130 vaches salers, en bio. Une double casquette qui lui permet d’allier la pratique à la théorie. « À la base je n’avais que le regard scientifique, et je voulais une expérience de terrain, souligne-t-elle. C’est un atout énorme. »
« Quand je circule au milieu du troupeau, ce que je recherche c’est l’indifférence des vaches, ou alors de susciter un intérêt, mais pas la peur, ni la fuite. » Le comportement de ses bêtes, les attitudes à adopter pour travailler en harmonie avec elle… Pauline pourrait en parler pendant des heures !
D’ailleurs, elle intervient dans des exploitations agricoles à travers toute la France, auprès de groupes de 10 à 15 personnes. En salle le matin, dans une ferme l’après-midi, les éleveurs sont initiés à la relation homme-animale.
Mais pourquoi est-ce si important ? “L’éleveur va tout d’abord gagner en sécurité car les vaches vont moins sursauter, moins fuir… Il va aussi gagner en plaisir, souligne la jeune femme. C’est une notion qui n’est pas suffisamment mise en avant dans un élevage. Mes vaches, ce sont mes collègues, je suis leur manageur ! Et si je ne travaille pas en harmonie avec mon équipe, elle va être stressée, ou avoir une baisse d’immunité. Travailler sur la relation homme-animal entraîne donc une diminution des frais de vétérinaire, et aussi une meilleure production. Enfin, quand on regarde nos animaux, on produit une hormone du bonheur, de bien-être, et c’est bon pour notre propre santé également !”
Si elle avait un seul conseil à délivrer, ce serait celui de s’intéresser davantage à ses vaches, de connaître leur monde sensoriel, leur façon de voir le monde. “J’ai cette facilité et cette passion à me mettre à la place d’un animal. D’ailleurs dans mes formations c’est ce que je dis : mettez vous dans le sens de la vache, à sa place ! Qu’est ce qui vous stress, qu’est ce qui vous gêne ? L’homme s’habitue aux bruits, mais pas la vache. Il faut aussi savoir qu’une vache à une vision saccadée, et les grands gestes lui font peur. Elle peut se mettre à courir et entraîner tout le troupeau . La vache est un animal placide, il ne faut pas la presser. Il faut se mettre au même niveau que l’animal.”
Laura Béheulière
Contact :
Pauline Garcia
Comportementaliste animalier
Équins – bovins – caprins
Éthologie appliquée, éducation positive
Mail: ethodiversite@gmail.com