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Fruit d’une collaboration internationale de près de 250 scientifiques, issus de plus de 60 pays, le nouveau rapport du Giec, publié le 9 août, présente l’état actuel des connaissances sur le changement climatique et ses dernières tendances. Le document, intitulé Changement climatique 2021 : les éléments scientifiques, a été approuvé vendredi par 195 gouvernements membres du Giec à l’issue d’une session d’approbation virtuelle de deux semaines amorcée le 26 juillet. Températures, précipitations et hausse du niveau moyen des mers… “Les fondamentaux physiques du réchauffement climatique” y sont passés au crible.
Si dans le premier rapport du Giec, paru en 1990, les experts estimaient “que le changement climatique n’était pas encore perceptible”, le ton a désormais changé. “Il est clair depuis des décennies que le climat de la Terre change, et l’incidence des activités humaines sur le système climatique est incontestable”, indique Valérie Masson-Delmotte, climatologue et coprésidente du Giec.
Le rapport détaille les données concernant les émissions de gaz à effet de serre qui provoquent le dérèglement climatique. La concentration atmosphérique mondiale de dioxyde de carbone a augmenté d’une valeur préindustrielle d’environ 280 ppm à 379 ppm en 2005. “D’après les analyses des carottes de glace, la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone en 2005 dépasse largement les variations naturelles durant les 650 000 dernières années (180–300 ppm)”, constatent les experts du Giec.
La hausse de la température globale s’est encore accentuée, à un rythme qui fera très probablement dépasser le seuil de 1,5°C de réchauffement depuis l’ère préindustrielle entre 2021 et 2040. “La vitesse moyenne du réchauffement au cours des 50 dernières années (0,13 °C par décennie) a pratiquement doublé par rapport à celle des cent dernières années, notent les experts dans le résumé de leur rapport destiné aux décideurs. La hausse totale des températures entre 1850–1899 et 2001–2005 est de 0,76°C”.
Concernant le niveau mondial moyen de la mer, il s’est élevé à une vitesse moyenne de 1,8 mm par an entre 1961 et 2003. Cette vitesse a été supérieure entre 1993 et 2003, avec environ 3,1 mm par an.
Côté précipitations, “la fréquence des fortes précipitations a augmenté dans la plupart des zones terrestres”, même si en parallèle, “depuis les années 1970, des sécheresses plus sévères et plus longues ont été observées sur de larges étendues, en particulier dans les régions tropicales et subtropicales”, note le rapport.
Pour le Giec, les conséquences du changement climatique déjà observées seront accentuées au fur et à mesure du réchauffement global. Cela touche notamment les extrêmes de température, l’intensité des précipitations, la sévérité des sécheresses, l’augmentation en fréquence et en intensité des événements climatiques aujourd’hui rares. Selon le rapport, toutes les régions du globe seront concernées au cours des prochaines décennies.
Avec une hausse de 2 °C, les chaleurs extrêmes atteindraient plus souvent des seuils de tolérance critiques pour la santé publique ainsi que pour l’agriculture. Sur son compte Twitter, le ministère de l’Agriculture présente dans un schéma les différentes conséquences du réchauffement climatique pour le secteur agricole.
Certains impacts, comme la montée du niveau de la mer ou encore la fonte des calottes glaciaires, “seront irréversibles à l’échelle de plusieurs centaines, voire milliers d’années”, alertent les experts. Si rien n’est fait, les mécanismes naturels d’absorption du carbone, notamment par les forêts et les océans, seront aussi de moins en moins efficaces.
Pour limiter et stabiliser le réchauffement climatique sous les 2 °C, voire à 1,5 °C, le Giec réaffirme qu’il faut baisser les émissions de CO2 rapidement et atteindre zéro émissions nettes de CO2 autour de 2050. “La limitation des autres gaz à effet de serre et des polluants atmosphériques, en particulier le méthane, pourrait être bénéfique pour la santé publique comme pour le climat”, ajoutent les experts dans leur rapport. Ils préviennent néanmoins : “Le réchauffement et l’élévation du niveau de la mer dus à l’homme continueraient pendant des siècles en raison des échelles temporelles associées aux processus climatiques et aux rétroactions, même si les concentrations des gaz à effet de serre étaient stabilisées”.
Virginie Charpenet