Votre météo par ville

Florent Piedanna : les races locales comme patrimoine

15-02-2024

Actualité

C’est tout frais

Depuis plus de 17 ans, Florent Piedanna est chargé de mission races régionales au Centre régional de ressources génétiques des Hauts-de-France. Son objectif : maintenir et promouvoir les races bovines, ovines, équines et avicoles des Hauts-de-France.

Florent Piedanna est quotidiennement sur le terrain pour conseiller les éleveurs. © L. T.

À 41 ans, Florent Piedanna est ce qu’on peut appeler un passionné. « Un peu un geek », reconnaît-il. Vaches, béliers, chevaux… il est intarissable : nom, numéro, descendance, parents… Il connaît tout de ses bêtes.

Il faut dire que son travail est bien de maintenir les races locales mais aussi, si possible, qu’il y ait plus de naissances. Et pour cela, il faut bien les connaître.

Des races menacées

Tout commence il y a 18 ans, lorsqu’il effectue son stage de fin d’étude, au Centre régional de ressources génétiques (CRRG) des Hauts-de-France (qui dépend de l’institution Espaces naturels régionaux), pour valider son diplôme d’ingénieur agricole de Esitpa Rouen. « Je voulais travailler plutôt avec les animaux. J’étais assigné à la mission “marché de l’utilisation des chevaux de trait”. Puis en 2007, j’ai eu un contrat Maec PRM* et à la faveur d’un départ, j’ai obtenu le poste de chargé de mission aux races régionales ».

« C’est à la fin du XIXe siècle que l’on commence en France à officialiser des races. Puis, après la Seconde Guerre mondiale, on voulait de la productivité et on suivait surtout ce qui était à la mode. Si bien que dans les années 1960, le ministère de l’Agriculture a interdit nos races régionales. Mais, des éleveurs se sont battus et ont continué de les élever, dans la clandestinité et sans accompagnement technique ou financier… » Ces races, ce sont les chevaux de trait du Boulonnais, les traits du Nord. Côté bovin, les bleues du Nord et rouges flamandes et pour les ovins, les moutons du Boulonnais. Ces races n’ont été réintroduites qu’à la fin des années 1980.

Croiser pour mieux régner

Concrètement, son travail consiste à accompagner les exploitations agricoles qui élèvent des races locales d’un point de vue technique mais aussi « assurer qu’il y ait une finalité économique à garder ces races et augmenter si possible le nombre d’individus ». Pour les bleues du Nord et les rouges flamandes, « on a une finalité “viande” ou “lait”. Pour les moutons du Boulonnais, les agneaux sont valorisés ». Il n’en est pas de même pour les chevaux de traits. Ainsi, si la population de bleues du Nord (560 vaches au contrôle laitier) et de rouges flamandes (780 au contrôle) et de moutons du Boulonnais (1 350 envoyés au contrôle de performance) est plutôt stable, le centre n’a enregistré l’an dernier que 157 naissances pour les chevaux Boulonnais, contre 460 en 2006, et 72 pour les traits du Nord, contre 180 en 2006.

Afin de garantir cette finalité économique, il faut que les caractéristiques qui rendent intéressantes ces races soient perpétuées. Une chance, le centre « connaît bien les populations pour pouvoir assurer la pérennité des bons gènes pour qu’une certaine rentabilité soit assurée. Ce ne sont pas des races de musées mais bien des races d’élevage, qui ont des caractéristiques intéressantes et sont robustes, et ça peut intéresser les instituts de génétiques. »

Des croisements peuvent aussi être un point de départ pour avoir de nouvelles têtes et, « du fait qu’on connaisse bien notre population et qu’elle soit en nombre limité, on n’a quasiment aucune consanguinité. De bonnes habitudes ont été prises par les éleveurs au fil des années ».

Assurer l’avenir

Pour assurer l’avenir de ces races, le centre régional de ressources génétiques des Hauts-de-France a mis en place diverses formes d’accompagnement. « Nous avons obtenu un financement de la Région pour pouvoir collecter tous les ans la semence d’un étalon du Boulonnais et d’un Trait du Nord et de les conserver à la cryobanque nationale. » Des matrices d’accouplement ont aussi été mises en place pour aider les éleveurs.

Côté bovins, le centre travaille sur la génomie. « Concrètement, on collecte beaucoup de données pour pouvoir créer un fichier de références permettant grâce à une simple prise de sang sur un veau, de connaître son potentiel, comme cela se fait depuis des années pour les races à gros effectif. »

Les concours : une motivation supplémentaire

Les éleveurs sont au cœur de cette démarche de préservation. « Depuis 17 ans, je les vois tous les jours et ce sont des personnes tellement impliquées qu’on se doit nous aussi de l’être. On a une bonne dynamique, avec de jeunes éleveurs motivés qui se lancent dans ces races locales. »

Une motivation qui paye car, régulièrement, les bêtes envoyées par les associations de race remportent des concours au SIA. « Cette année, il y aura 15 béliers du Boulonnais, cinq bleues du Nord, 16 rouges flamandes, et une dizaine de chevaux. » On ne peut que leur souhaiter bonne chance !

Eglantine Puel

Retrouvez également notre dossier concernant toute l’actualité du salon de l’agriculture.

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Série de l’été : les milieux naturels du Nord-Pas-de-Calais
Cet été, Terres et Territoires vous emmène à la découverte de milieux naturels du Nord-Pas-de-Calais avec le Conser [...]
Lire la suite ...

Élections à la chambre d’agriculture : mode d’emploi pour voter en janvier
Les modalités des élections des représentants aux chambres d'agriculture se précisent. Dans le Nord-Pas de Calais, e [...]
Lire la suite ...

Numéro 374 : 18 juillet 2024

À Zuydcoote, la Ferme Nord se réinvente
Construite au début du siècle dernier pour fournir viande et lait à l'hôpital maritime de Zuydcoote, la Ferme Nord e [...]
Lire la suite ...

Élevage : Chez la famille Darque, de la bleue du Nord ou rien
Depuis plus de 30 ans, dans la ferme de la famille Darque, à Roquetoire, on élève de la bleue du Nord. Un choix fait [...]
Lire la suite ...

Les pois jouent la course contre la montre
L'entreprise de travaux agricoles Cousin est spécialisée dans la culture de pois de consommation. Elle a semé 2 600 h [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires