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“Ne soyons pas dupes, il faut maintenir la pression“, clamait Arnaud Gaillot jeudi 28 mars, inaugurant le cycle des discours de clôture du 78e congrès de la FNSEA. Le président des Jeunes Agriculteurs a assuré qu’après cinq mois d’actions, “le travail paie, avance, mais nous devons continuer !” Aides d’urgence, mesures de simplification ou encore plan élevage vont “dans le bon sens” et “personne ne croyait que les lignes bougeraient aussi vite“. Pour autant, l’agriculteur du Doubs a listé d’autres sujets encore sources d’inquiétudes : le changement climatique ; Egalim, “pas un énième mais un Egalim renforcé” ; les contrats d’avenir portés auprès du Président de la République ; l’accueil des nouvelles générations qui arrivent dans le métier avec un bémol, “les études le montrent : les agriculteurs feront de moins en moins carrière“, il faut donc imaginer les sorties et réorientations, a-t-il précisé ; ou encore les diagnostics de territoires pour recenser les filières : “sommes-nous corrélés aux marchés ?”
“Une seule solution : la détermination”, a déclamé à son tour Arnaud Rousseau. “Sommes-nous condamnés à être un secteur d’ajustement comme l’a été dans cette région le textile ?” Devant “l’absence totale de vision politique“, le président de la FNSEA applaudit toutefois la nomination d’une ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture tout en calculant : “banco, avec deux ministres, allons deux-fois plus vite !“
“Qu’il a été long le temps de réaction du gouvernement face aux difficultés !”, regrette l’agriculteur de Seine-et-Marne, rappelant que “le mouvement historique vient de loin” avec “dignité, juste revenu et meilleures conditions de travail” en cheval de bataille. Le temps, aujourd’hui encore, semble long aux syndicalistes, impatients de voir les mesures promises “effectives dans les fermes“.
“Vous êtes un syndicat de solutions, de propositions“, a d’abord brossé le Ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire arrivant au pupitre. 67 mesures, inspirées des 140 déplacements sur le terrain, a additionné Marc Fesneau reconnaissant les “lourdeurs et les lenteurs“, n’ayant pas empêché d’avoir “avancé comme jamais” et “répondu aux attentes : changer de logiciel“. “Nous avions oublié que le principal objectif était de produire“, a-t-il reconnu, “l’agriculture est d’intérêt majeur pour le pays. C’est maintenant inscrit dans la loi : ce n’est pas un détail mais un rééquilibrage“.
Puis est venu le temps de la justification des actions entreprises, la liste du fait, en cours et encore à faire. Quelques dates ont été confirmées – la loi d’orientation agricole à l’Assemblée nationale le 13 mai -, quelques chiffres ont été donnés – 2 000 contrôles Egalim déjà effectués sur les 10 000 promis en 2024, “et je serai vigilant” -, quelques points ont été cités : plans loup ou bio.
Mais encore, “j’annonce que les Préfets pourront avoir un effet de différenciation des dates – pour l’implantation des cultures par exemple – qui soit du bon sens, réaliste sur le terrain.“
Sur la question de l’eau, Marc Fesneau s’est dit en faveur d’ouvrages de stockage, de réflexions, de recherches, rapidement. “Il faut des Sainte-Soline, il faut des projets sur le territoire.“
Sur celle de la compensation environnementale, il a cité le Dunkerquois, qui “ne doit pas payer la note d’un projet d’intérêt national“. Qui plus est, “la réindustrialisation est importante mais pas au prix de l’agriculture.” “J’ai toujours défendu l’agriculture, et je continuerai à le faire“, a-t-il déclaré à une assistance qui a brandi quelques pancartes et hué son ministre à plusieurs reprises, ne l’interrompant véritablement qu’une seule fois.
Une fois le rideau tombé sur ce 78e congrès, Arnaud Rousseau gardait son interrogation : “quand et comment les mesures vont-elles être appliquées ?“, a-t-il répété au pied du podium, attendant toujours d’être reçu à l’Élysée. “Ce qu’on demande à Emmanuel Macron, c’est qu’il nous donne la vision qu’il va porter. La dernière date de 2017, c’était le discours de Rungis sur la montée en gamme. L’acte de production est essentiel : quelle direction veut-il donner à l’agriculture pour les prochaines années ?“
“Après plus de 20 ans de sédimentation, d’amertume et de manque de dignité, ce n’est pas en trois mois que tout va changer. Il faudra un peu de temps pour que les gens comprennent qu’on a obtenu des avancées.“
Marc Fesneau, quant à lui, reconnaissait qu’il avait besoin de retrouver la confiance des agriculteurs.
Louise Tesse