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C’est l’histoire d’une passion sucrée qui devient musée, celle de Pascal Duforest, et aussi parce que “toutes ces bricoles encombraient le grenier !”, rigole sa fille, Bertylle. Cette histoire, c’est la création de Terre de sucre au fond de leur Ferme aux Chiconnettes, à Achiet-le-Petit, village tranquille à une dizaine de minutes en voiture de Bapaume, dans le Pas-de-Calais.
Là-bas, la famille cultive et transforme l’endive et fabrique chocolats et confiseries (lire aussi l’encadré ci-dessous). Elle a désormais son petit musée voué au sucre et à la betterave sucrière. Un projet rendu possible grâce à la collection de Pascal Duforest, débutée il y a 40 ans. “Je suis un collectionneur invétéré de tout ce qui a trait à la pâtisserie et au sucre, entre autres ! Et avec l’accumulation de matériel, on finit par se dire que ce serait bien de le mettre à profit et d’expliquer ce qu’il en est de mon métier de pâtissier. C’est le plaisir de pouvoir partager, d’intriguer avec du matériel assez original !”
Le lieu, rénové et aménagé par le pâtissier-chocolatier-confiseur-endivier, est composé de deux salles principales. La première se divise en deux parties. L’une d’elles retrace l’histoire de la betterave sucrière, de son arrivée dans l’Hexagone à Ferdinand Béghin, son exploitation artisanale puis industrielle, les conflits avec les producteurs de sucre de canne et sa démocratisation… Le tout illustré par des reproductions de documents originaux issus de la collection de Pascal Duforest pour la grande majorité.
Puis le visiteur saura tout de la culture de la betterave : “Comment ça pousse ? À quel moment on la récolte ? Comment on prépare les semis ?” Là encore, l’histoire n’est jamais loin avec toute une partie du mur destinée à l’évolution de cette culture, du travail manuel à la mécanisation contemporaine. Sans oublier une thématique zéro déchet “car la betterave a un intérêt et ce depuis toujours : tout est exploité, il n’y a pas de pertes ! Même après la transformation, les résidus comme la pulpe vont être transformés pour l’alimentation du bétail, par exemple.”
La seconde salle est consacrée à la passion première du propriétaire des lieux pour le sucre. “L’idée est de reprendre les métiers qui ont fait ma carrière : pâtissier, chocolatier, glacier et confiseur. On y expose du vieux matériel datant du milieu du siècle passé”, récupéré au fil de sa carrière : moules en plomb ou en acier, turbine à glace, cuiseur à crème, broyeur à pralinés, chocolatières de salon… ou encore machines à spéculoos et à bonbons que petits et grands pourront actionner, “parce qu’on a envie de toucher quand on voit ça ! Je pense qu’il y a un côté tactile qui est vraiment très important, surtout dans nos métiers”.
Rendre les choses ludiques, c’était d’ailleurs un objectif pour Pascal et Bertylle Duforest et le pari est réussi. Avec, par exemple, un quiz pour faire réfléchir les jeunes et les moins jeunes. “On souhaite faire une connexion entre les générations, entre des grands-parents et leurs petits-enfants, par exemple”, éclaire Bertylle qui a réalisé un long travail de recherche pour réaliser les affiches qui composent le musée. “Je pense que c’est hyper important, cette idée de transmission et de partage.”
Une volonté au cœur du projet qui se veut également ouvert aux betteraviers eux-mêmes. Mais aussi comme un hommage à un métier qu’aime profondément Pascal Duforest : “On est un pays de betteraviers, il faut continuer à cultiver la betterave !”
Pascal et Véronique Duforest n’ont pas toujours été à la tête de la Ferme aux Chiconnettes. Ils ont jusqu’au milieu des années 2000 été installés du côté d’Arras, où ils fabriquaient des pâtisseries, chocolateries et confiseries. “Puis on est venus ici et on a créé l’exploitation agricole car on voulait cultiver l’endive pour pouvoir la transformer en confits et confitures”, explique Pascal Duforest. Aujourd’hui, ils cultivent donc l’endive de pleine terre et fabriquent aussi veloutés, vinaigrettes, mais pas que… “Car mon métier m’a rattrapé !” rigole Pascal Duforest, qui a développé, en parallèle, une gamme de chocolats et de confiseries. “J’ai retapé une vieille machine des années 1930, continue-t-il. On l’a améliorée et aujourd’hui, on fait des spéculoos, des Cœur d’Arras en pain d’épices, des petits sablés…” Tout en ouvrant les portes de l’exploitation en étant ferme pédagogique et maintenant… un musée !
Kévin Saroul
Pratique : Le musée Terre de sucre sera, pour l’instant, réservé aux visites groupées, notamment les sorties scolaires ou via des tour-opérateurs comme les offices de tourisme.
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