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Alors que la chasse ouvre sa saison, rencontre avec Catherine Boutry. À 68 ans, Catherine Boutry est ce qu’on appelle une femme aux multiples casquettes. Dernière en date : depuis avril 2022 elle est administratrice et présidente de la commission sanitaire de la Fédération des chasseurs du Nord. Une reconnaissance pour cette sexagénaire qui a découvert la chasse sur le tard.
Mon mari chasse et piège depuis longtemps donc je connaissais un peu. Mais c’est au moment de ma retraite que je m’y suis mise sérieusement en devenant piégeuse agréée, en 2006. Ce n’est qu’en 2009 que j’ai passé le permis chasse. Un vrai défi pour moi car, je ne suis pas vraiment une tueuse !
Cela fait 27 ans que je suis administratrice à l’institut d’Anchin, où mes enfants ont fait une partie de leur scolarité. J’étais la première femme à y entrer ! Je suis également administratrice de l’Apanga (association des piégeurs agréés du Nord et des gardes assermentés) depuis 2006, et depuis 2010 j’en suis la vice-présidente. Là encore, première femme ! Et donc depuis avril 2022, je suis administratrice à la Fédération des chasseurs du Nord, où l’on m’a confié la présidence de la commission sanitaire.
Elle permet d’effectuer des recherches sur différentes maladies partagées entre faune sauvage et animaux d’élevage. Des prélèvements sont réalisés sur les grands animaux tués à la chasse. La fédération est sollicitée pour participer aux différentes études qui se font en collaboration avec le laboratoire vétérinaire de Villeneuve-d’Ascq (59) et différents organismes comme le GGDDSAN (Groupement sanitaire des animaux du Nord). Nous participons aussi au réseau Sagir, qui est un dispositif national de surveillance épidémiologique dédié à la faune sauvage.
C’est plus compliqué que ça. Les chasseurs doivent respecter ce qu’on appelle le schéma départemental de gestion cynégétique. Pour les sangliers, l’objectif est de les contenir dans les espaces boisés. Ensuite, la fédération doit dédommager les agriculteurs qui auraient des dégâts mais elle finance également l’installation de clôtures électriques.
Dans le Nord, dans le cadre de ce schéma, nous pouvons aussi chasser et piéger les corneilles, corbeaux et pies ainsi que les renards et les fouines. Mais nous avons perdu le droit de chasser les étourneaux, par exemple. Pourquoi ? Car il n’y a pas eu assez de signalements. Pour savoir quelles espèces il faut réguler, il faut savoir si elles sont présentes et si elles font des dégâts. J’encourage donc les agriculteurs à signaler à la fédération de chasse leurs dégâts, et pas que ceux de sangliers, comme ça, on peut faire remonter et avoir le droit de les réguler.
Eh bien oui c’est sûr que la chasse n’a plus vraiment la cote, ni dans l’opinion publique ni chez les agriculteurs. Ça se voit sur le terrain d’ailleurs. À l’Apanga, comme à la fédération des chasseurs, le nombre d’adhérents diminue. La moyenne d’âge augmente et il y a une baisse du nombre de permis de chasse délivrés chaque année. C’est un phénomène national. Je pense qu’il y a un manque de communication de notre part, il faudrait mieux expliquer aux non-chasseurs ce qu’est réellement la chasse.
La chasse est une éthique, on recherche un grand gibier blessé pour abréger ses souffrances. L’activité de piégeur et de garderie fait de nous des « sentinelles » de la nature : très présents sur le terrain, nous pouvons signaler, par exemple, des dépôts sauvages et autres incivilités. En tout cas, nous ne sommes pas dans une logique d’extermination. Depuis 2020, l’Apanga est d’ailleurs une association reconnue par la DDTM au titre de la protection de l’environnement.
2006. Elle devient piégeuse agréée et est la première femme à être administratrice de l’Apanga.
2010. Elle est élue vice-présidente de l’Apanga.
2012. Elle réalise un stage de recherche du grand gibier à Nancy.
Avril 2022. Elle est nommée présidente de la commission sanitaire de la fédération des chasseurs 59.
Propos Recueillis Par Eglantine Puel
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