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Sophie TABARY: « Montrer qu’on peut évoluer sans opposer les gens »

25-06-2023

Actualité

Les rencontres

La nouvelle présidente de Bio en Hauts-de-France prône le dialogue tout en insistant sur l’urgence de l’évolution des pratiques agricoles.

Sophie Tabary © Bio en HDF

Notre vision des choses change avec le temps. Et Sophie Tabary l’illustre bien. La jeune éleveuse et maraîchère basée à Lerzy dans l’Aisne vient d’être élue présidente de Bio en Hauts-de-France. Pourtant, il y a une petite quinzaine d’années, l’étudiante d’alors s’était éloignée de l’exploitation familiale. « Je trouvais que l’agriculture était un milieu dur, fermé et trop compliqué », explique-t-elle, résumant sa pensée de l’époque. Mais à Strasbourg puis Lyon, dans sa classe préparatoire ou lors de ses études littéraires, un nouveau sentiment apparaît chez elle. « Plus je m’éloignais et plus je me rendais compte qu’il me manquait quelque chose. » La Thiérache et ses bocages, ce territoire protégé… « Je me suis dit qu’on avait des endroits avec beaucoup de valeur. » Son expatriation en Alsace ou en Rhône-Alpes lui montre également « différentes manières de faire et de voir l’agriculture ». La prise de conscience du réchauffement climatique et de ses conséquences, et la baisse des effectifs dans la profession font le reste. Avec François, son compagnon, elle rejoint en 2013 ses parents, Frédéric et Lucie et son petit frère David. L’idée ? Continuer l’élevage de bovins laitiers, alors que ses parents étaient (déjà) passés en bio en 2009. Mais également développer du maraîchage et replanter un verger et des haies. Aujourd’hui, l’exploitation compte une centaine de vaches pour 165 hectares. « On n’a jamais écarté l’élevage, c’est le cœur de la ferme. On a un équilibre entre l’animal et le végétal, c’est assez intéressant de voir le maillage qu’on peut avoir en termes de biodiversité. »

Très vite, aussi, la volonté est de « renouer le dialogue entre les gens qui habitent sur ce territoire et les agriculteurs », montrer comment ces derniers travaillent… « On s’est rendu compte qu’il y avait une vraie attente », sourit Sophie Tabary. Inscrire les gens dans la durée, créer un mouvement en ouvrant l’exploitation lors d’évènements tels que la Fête du lait en 2014, où elle rencontre pour la première fois des membres de Bio en Hauts-de-France. Conseillère municipale, elle commence à s’engager. En 2019, elle entre au conseil d’administration de l’asso. « Une bonne manière de comprendre les enjeux et de savoir si ce que je défendais valait le coup. » Plusieurs gros dossiers (nouvelle PAC, plan bio régional…) suivent et elle est finalement choisie cette année pour devenir présidente de Bio en Hauts-de-France. Un poste qu’elle ne briguait pas, car c’est la particularité de l’association : des élections sans candidat où le conseil délibère avant de choisir un président, libre ou non d’accepter. Un exemple de représentativité pour Sophie Tabary qui a répondu favorablement. « Mais en concertation avec ma famille. J’ai besoin de garder une place dans la ferme. » D’emblée, elle prévient d’ailleurs : « Je n’ai pas envie de faire une carrière de représentant agricole, ce n’est pas mon but du tout. » Jeune agricultrice de 33 ans, elle est pourtant consciente d’incarner quelque chose. « Si ça peut être une manière de motiver d’autres femmes et des jeunes à s’engager, j’espère pouvoir y participer. »

Pour avancer, dialoguer sans langue de bois

Mais surtout, elle souhaite passer son message : avancer (vite) par le dialogue. « Je veux montrer qu’on peut évoluer sans opposer les gens » continue Sophie Tabary pour qui les pratiques actuelles doivent radicalement évoluer. « Est-ce qu’on a vraiment le choix ? Aujourd’hui, est-ce que les agriculteurs sont heureux ? Est-ce les industriels sont heureux ? De plus en plus de personnes disent ne pas vouloir d’enfants… » Elle prône une réflexion collective. Agriculteurs, industriels, coopératives, élus et collectivités, consommateurs… « Dans tous nos actes d’achat, on doit tous se demander si on protège ou si on détruit ? » Elle insiste : « Il faut dialoguer, mais sans langue de bois. Il faut pouvoir se dire les choses. […] Comme des adultes. À un moment donné, les postures, ce n’est pas très responsable. »

Faire de l’agriculture biologique la locomotive du monde agricole, voilà son objectif. Et la crise actuelle ? C’est selon elle à l’image d’un monde qui ne parvient pas à se réinventer. Mais, optimiste, elle lance à ceux qui doutent de leur conversion : « On va sortir de la crise. Alors, préparez-vous ! » Parce que les choses changent, elles aussi. 

Kévin Saroul

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