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Une entreprise suisse travaille actuellement sur une méthode de désherbage électrique. Dans Les Pays de la Loire, la chambre d’agriculture et les Geda lui ont proposé de réaliser un test grandeur nature. Explications.
Et si l’on devait l’alternative aux produits phytosanitaires… à Thomas Edison ? Une entreprise suisse spécialisée dans le traitement non-chimique des mauvaises herbes, Zasso AG, développe en tout cas un procédé électrophysique originaire du Brésil pour lutter contre les adventices. En bref, il électrocute les mauvaises herbes afin de les détruire.
Le principe ? Un circuit électrique fermé. La première version de ce procédé « XPower » est constituée d’un générateur installé pour le moment à l’arrière du tracteur : une sorte de grosse armoire électrique blanche, qui devrait être réduite dans la deuxième version, les transformateurs étant basculés à l’avant de l’engin.
S’y ajoutent deux rangées d’applicateurs à l’avant du tracteur. Comme si de gros rubans métalliques (de l’acier inoxydable et flexible) « balayaient » les plantes. Ils envoient en réalité du courant. Ce dernier transite ensuite par le sol, avant de remonter vers l’applicateur de mise à terre et donc la fermeture du circuit électrique.
Sous l’effet de la décharge, les vaisseaux des mauvaises herbes éclatent. Le flux de sève est alors immédiatement stoppé, et les adventices s’assèchent. Un processus quasi immédiat, qui met de quelques minutes à plusieurs jours pour être visible : leur chlorophylle endommagée, les plantes virent au brun paille.
Une réelle alternative au glyphosate ?
« On est vraiment sur de l’innovation, observe Denis Guilloton, conseiller agricole à la chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire. Le désherbage électrique pourrait permettre de se passer des molécules chimiques et faciliterait le défi des agriculteurs qui veulent se passer de labour. »
« Je suis plutôt optimiste sur le fait qu’avec ça, on aurait une corde supplémentaire à notre arc pour pouvoir sortir des problèmes sociétaux et environnementaux , explique Eddy Christin, agriculteur et président de l’association des Geda Est Collines-Deux Lay (85). Et un moyen de se dire qu’on fait les choses de manière “un peu plus propre”. »
Mais l’Electroherb – c’est son nom – peut-il réellement suppléer le glyphosate ? D’après le fabricant, il offre en tout cas « une efficacité semblable aux produits chimiques ».
Ce qui est certain, c’est que les conditions d’utilisation du procédé Zasso sont moins strictes que celles d’un herbicide chimique : le climat et la saison ne sont pas des paramètres primordiaux. C’est plutôt le type de mauvaises herbes à éliminer qui est à prendre en compte : les plantes riches en eau et/ou aux tiges et racines courtes seront facilement éliminées par l’électricité. À l’inverse, plus les herbes sont hautes ou denses, et plus il faudra augmenter l’intensité lors des passages des applicateurs. L’électricité permet également d’attaquer les adventices directement et immédiatement, jusqu’à la racine.
Autre certitude : électricité et glyphosate ne sont pas compatibles simultanément, puisque le désherbage électrique interrompt le flux de sève… Or, c’est la sève qui permet justement la bonne diffusion du glyphosate dans la plante.
L’Electroherb peut donc, peut-être, se révéler être une bonne solution pour espacer les utilisations de produits chimiques. En fonction de la saison, de la plante et de la densité du couvert, le traitement est « nécessaire une fois tous les un à quatre mois », table le fabricant. Et peut ainsi permettre de « ralentir la résistance des mauvaises herbes, sans avoir à appliquer des dosages chimiques croissants ».
Si le procédé montre déjà des résultats très encourageants, il reste des tests à faire pour vérifier son efficacité sur la densité, et affiner les résultats. Un essai vient donc d’être conduit sur une parcelle bio de Mouchamps, en Vendée. « C’est un partenariat gagnant/gagnant, détaille Denis Guilloton. L’objectif est d’essayer de comprendre les conditions d’efficacité optimales. Pour cela, on fait des prélèvements avant le passage de l’Electroherb sur la parcelle afin de mesurer la teneur en humidité des plantes, ainsi que le taux de carbone, puis on fait des analyses du sol. »
Caroline Tronche