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Installation. Ils misent sur les laits « alternatifs »

26-08-2022

Actualité

Élevage

Pour se diversifier ou se lancer, des producteurs du Nord-Pas de Calais font le choix de se différencier en produisant autre chose que du lait de vache, avec ce que cela comporte d’avantages et d’inconvénients. Lait d’ânesses, de brebis ou de chamelles, tour d’horizon.

Eddy Betka et ses filles, Zia et Camille, qui l’épaulent sur l’exploitation, notamment auprès des ânes et ânesses, dont le baudet du Poitou. © E.P.

À la Ferme de noisette, à Vieux-Mesnil (59), il y a neuf ans, Eddy Betka décide de se lancer dans le lait d’ânesse.

Un choix peu commun pour la région et peu commun tout court. En effet, dans le Nord-Pas de Calais, difficile de trouver autre chose que du lait de vache. À l’époque donc, le Nordiste se dit qu’il peut être judicieux, justement, de ne pas faire comme tout le monde : « Il y avait peu de producteurs dans la région et je savais qu’on pouvait faire des savons avec. Le choix s’est porté sur les ânesses pour cette raison. » Il possède aujourd’hui sept ânesses et quatre ânes en pâture.

Entreprise familiale

En effet, le lait d’ânesse a l’avantage d’être connu par le grand public pour ses vertus pour la peau. Après tout, Cléopâtre s’en faisait des bains. Avec un litre de lait d’ânesse, « on peut faire 100 savons de 100 grammes en saponification à chaud et 50 savons en saponification à froid », explique le producteur. À savoir que lorsqu’une ânesse est en lactation, il récupère 1,5 litre de lait par jour et par ânesse. Eddy Betka possède en tout 7 ânesses et 4 ânes en pâture.

Anes et ânesses de la Ferme de noisette

100 C’est le nombre de savons en saponification à chaud produits avec un litre de lait d’ânesse.

« On commence à récolter leur lait environ trois mois après la naissance de l’ânon, explique Camille, bientôt 18 ans, fille aînée d’Eddy Betka. Mais on les sépare peu des bébés, deux-trois heures par jour tout au plus. Généralement, papa fait la traite le matin. » Ensuite, le lait est congelé afin de n’utiliser que ce dont il a besoin pour ses savons en temps voulu.

Un processus que suivent de près Camille mais aussi Zia, 8 ans, ses deux filles, qui nous expliquent comment faire du savon : « On fait passer dans une machine à savon des perles de savons, des bondillons. La machine les fait chauffer et le savon ressort sous forme de spaghetti, indiquent-elles. Ensuite on repasse ces spaghettis tout en ajoutant le lait petit à petit. Le tout ressort toujours sous forme de spaghetti. On ajoute ensuite le parfum ou l’huile, en fonction de la recette, et on fait ça jusqu’à ce que tout soit bien intégré. Enfin, on change d’embout pour un rectangle afin de donner sa forme au savon. »

Tous les savons de la Ferme de Noisette contiennent 10 % de lait d’ânesse. « Pour les parfums, ce sont des huiles essentielles et pour les huiles elles sont bios », ajoute Camille. Lavande, mûre, violette, jasmin, monoï, à l’argan (huile d’argan vierge bio), à l’huile de jojoba, à la fleur d’oranger, il y en a pour tous les goûts.

Des brebis en plus

Il y a quatre ans, Eddy Betka décide d’ajouter à son élevage une soixantaine de brebis. « Mon grand-père était déjà berger, cela doit être dans les gênes ! » Actuellement, 40 sont en gestation et 16 sont en pâture. « Les naissances sont prévues pour l’automne. » Quand elles seront en période de lactation, Eddy Betka pourra récolter jusqu’à 40 litres par jour, soit un litre par brebis et par jour.

Avec ce lait de brebis, il produira des savons mais aussi du fromage et des yaourts. Il fait également des savons au lait de chèvre, qu’il achète, et vend le tout principalement sur les marchés, en vente directe et en ligne sur son site internet.

Viable économiquement ?

En plus des brebis, deux petites chèvres « Toy », un cochon et une ponette complètent la ferme. Tout ce petit monde permet à l’exploitation d’être aussi une ferme pédagogique qui accueille des écoles, des groupes de personnes handicapées (notamment pour faire de la médiation animale avec les ânes), mais aussi des anniversaires ou des balades. Une multiplication des activités qui cache un « mais » : la rentabilité économique.

En effet, le problème est « de réussir à se sortir un salaire après deux années de Covid et maintenant la guerre en Ukraine. Je suis en double activité (chaudronnier) pour m’en sortir. Je fais des très grosses journées. » On peut effectivement imaginer que la fermeture des marchés pendant la crise sanitaire et l’augmentation des coûts de production avec la guerre ont mis à mal le modèle économique de la Ferme de noisette.

« Économiquement c’est de plus en plus difficile de s’en sortir, avoue-t-il. On subit une grosse augmentation des céréales et avec la sécheresse ça ne va pas aller en s’arrangeant. » D’ailleurs, l’homme songe même à réformer ses brebis. 

Eglantine Puel

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