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À l’heure de la plantation des pommes de terre, beaucoup d’inconnues trottent dans la tête des producteurs : quelle quantité sera reportée sur la prochaine campagne ? Quelle surface doivent-ils emblaver ?
Face à la crise sanitaire, le Gappi (groupement de producteurs de McCain) est en concertation avec l’industriel afin de résoudre l’équation actuelle. « Nous avons demandé que les mesures soient prises sur la base du volontariat, insiste Bertrand Achte, président du Gappi. Le bureau a été unanime à ce sujet. »
Pour les variétés hâtives, l’industriel a dû revoir ses contrats à la baisse : certains producteurs pourront réduire leurs surfaces de 20 %. « Cela concerne les agriculteurs qui ont des possibilités de transfert vers d’autres cultures de printemps. »
Pour les pommes de terre de consommation, cela va à l’appréciation du producteur. Un courrier dans ce sens leur a été envoyé. « Si nous ne réduisons pas nos surfaces, le marché va être catastrophique », avoue le président du Gappi, en plein travaux de plantation. Des contreparties ont été négociées : reprise des plants et priorité aux volumes non planté l’année prochaine au même prix.
La perspective que les usines ne tournent pas à leur capacité maximale en septembre se dessine. Le président prévient : « les enlèvements des pommes de terre sous les contrats récoltes risquent de tarder. Il faut s’attendre à stocker ces produits là quelques temps avant d’être expédiés vers les usines. »
Pour cela, Bertrand Achte a décidé de réduire ses surfaces contractualisées de cette manière sur son exploitation à Bourbourg (59). Toutefois, le président du Gappi le répète amèrement, « si nous réduisons nos surfaces, il faut que tous les industriels incitent leurs producteurs à le faire. Pour le moment, ce n’est pas le cas. Seul un industriel hollandais joue le jeu. » Cette mesure n’est pas prise de gaité de cœur, mais il en va de la responsabilité des producteurs.
Pour éviter le report de stocks trop important, l’industriel McCain et son organisation de producteurs travaillent à trouver des débouchés. « Nous cherchons à expédier nos pommes de terre restantes sur les marchés de l’export, annonce Bertrand Achte, qui ne compte plus les coups de téléphone à ce sujet. Il semblerait qu’un débouché existe vers les pays de l’Est, mais nous sommes concurrencés par les Hollandais. Ils ont davantage de marchandise à liquider et son plus près des pays importateurs. » Avec des frais de transport moindre, la pomme de terre hollandaise reste très compétitive.
Le bureau du Gappi explore d’autres débouchés afin de valoriser les tubercules. « Nous sommes en pourparlers avec les féculeries, explique le président du Gappi. Elles semblent intéressées par nos marchandises mais le problème est que les outils industriels sont en maintenance. »
Les féculeries seraient prêtes à démarrer la campagne 2020-2021 un peu en avance : début août au lieu de la fin août. Pour cela, les producteurs doivent conserver leurs pommes de terre encore quelques temps : cela sera-t-il rentable ? Et puis, les volumes que les féculeries accepteront seront-elles assez conséquentes ? C’est ce à quoi le Gappi et l’UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre) essayent de répondre.
Par ailleurs, les producteurs de pommes de terre pour McCain travaillent avec les enseignes de distribution pour vendre leurs productions dans leurs étals. « Rien n’est acté, mais nous ne voulons pas détruire la valeur du produit, ni prendre la place des producteurs avec qui les distributeurs travaillent d’habitude », assure Bertrand Achte.
L’ambition du groupement est de redonner une place à la pomme de terre française et ainsi écouler les stocks. L’avenir est bien nébuleux pour ces agriculteurs qui plantent leur prochaine récolte. Mais une chose est sûre, la période de la récolte sera compliquée.
Lucie Debuire