Votre météo par ville

Les soignants : un rempart contre l’épidémie et la morosité

15-04-2020

Actualité

C’est tout frais

En ville, bien maigre consolation, les soignants peuvent entendre chaque soir à 20 heures, des applaudissements en guise de remerciement. Mais ceux qui vivent aux champs les entendent-ils ? Leur travail pour maintenir santé et moral est pourtant tout aussi puissant.

ehpad soignants santé masques
Deuxième ennemi dans les établissements d’accueil en temps de confinement : l’isolement. Mais les soignants ont leurs propres pansements… © Ehpad Avesnes-sur-Helpe

S’il y a bien une visite qu’on redoute ici, c’est celle du virus. Et pour l’instant, toute l’équipe de l’Ehpad d’Avesnes-sur-Helpe (59) peut s’en targuer : il n’a pas frappé. Pour cet établissement rural, dépendant du centre hospitalier de la même ville qui accueille des malades du Covid-19, faire rempart contre cette maladie dévastatrice est la première des missions.

Le virus, qui touche près de 60 % des établissements pour personnes âgées dépendantes en Île-de-France, aurait-il un accès moins direct aux Ehpad des petites villes de province ? « En milieu rural, on n’a pas ce souci de surpopulation et de transports en commun bondés. On utilise tous notre voiture », avance, prudemment, Stéphanie Mahut, infirmière coordinatrice de l’établissement.

Les règles pour faire rempart sont les mêmes, en ville comme à la campagne : « L’équipe s’est posée beaucoup de questions. Les agents ont commencé à flipper lorsqu’ils ont compris que les seuls vecteurs qui pouvaient ramener le virus ici, c’était eux. La marche à suivre est la même que pour tous les citoyens : ils font leurs courses si besoin et rentrent vite chez eux. C’est une histoire de confiance ! », souligne Stéphanie Mahut. 

Pour tenter de rompre l’isolement, les équipes de l’Ehpad partagent des photos au quotidien des patients avec les familles sur son compte Facebook. © Ehpad Avesnes-sur-Helpe

Service réorganisé

À l’intérieur surtout, il a fallu réorganiser entièrement le service pour s’adapter à la nouvelle donne : « Nous avons la chance d’être en lien étroit avec le centre hospitalier. Nous avons le renfort d’autres services, celui d’addictologie notamment qui a fermé… », précise Cindy Murice-Cambraye, responsable administrative.

« Les gens ont pris peur. Comme partout, nous avons des arrêts maladie, mais avec mes collègues cadres on s’échange des soignants, et on a une équipe sur place qui, à la dernière minute, accepte les modifications de planning », confirme la cadre des infirmièresDes bras supplémentaires sont, c’est clair, nécessaires : pour respecter les mesures d’éloignement, les gestes de soins sont beaucoup plus nombreux, car individualisés.

« Avant le confinement, les repas étaient pris dans les parties communes, alors imaginez bien, ce n’est pas la même chose de servir une table de cinq personnes et distribuer à manger à chacun dans sa chambre !, poursuit la responsable administrative. En plus, la structure du bâtiment est assez mal faite. Il faut parcourir des kilomètres de couloirs, sur deux étages, pour la distribution des repas, en allant très vite pour que ça ne refroidisse pas. On garde aussi les plats au chaud pour aller faire manger ceux qui ne peuvent pas le faire seul. On a donc détaché des gens en horaires de jour pour assurer ce nouveau service. Mais, il ne faut pas se leurrer. Malgré tout ça, la réalité est très compliquée. Les soignants font du nursing, ils sollicitent énormément leur dos. »

“Lotos-couloir”

Deuxième ennemi dans cet établissement d’accueil en temps de confinement : l’isolement. « La vie en Ehpad, c’est du collectif », assure Stéphanie Mahut. Et pour l’instant, à part le ballet incessant des soignants, c’est morne plaine à Avesnes. « Quelque part, les résidants, qui à l’ordinaire se plaignent de leurs voisins, nous disent que tout ça, cette vie ensemble leur manque ! », s’amuse-t-elle.

Alors pour intégrer un semblant de collectif à cette vie confinée en chambre, les soignants ont aussi des pansements : « On s’adapte, l’après-midi crêpes ou gaufres se fait malgré tout, avec un chariot pour les distribuer. Pour Pâques, les équipes ont décoré un chariot pour donner du chocolat et on organise des lotos-couloir : chacun a sa porte avec un animateur au bout du couloir ! », décrit Cindy Murice-Cambraye.

La page Facebook, elle, a été détournée pour pouvoir partager des photos des aînés, privés de visites, avec les familles. Sur les clichés, les sourires persistent. « Les résidants ne sont finalement pas tellement inquiets pour leur vie, résume Stéphanie Mahut, mais plutôt pour leur quotidien, le maintien des animations. » Le bouclier que forment les soignants n’est pas près de céder. 

Agathe Villemagne

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Mont de la Louve : balades équestres et séjours en gîtes
Situé sur les hauteurs de Bazinghen, entre Boulogne-sur-Mer et Calais, le centre équestre du Mont de la Louve offre un [...]
Lire la suite ...

L’uniforme dans les établissements scolaires du Nord-Pas de Calais
Plusieurs établissements du Nord et du Pas-de-Calais se sont portés volontaires pour expérimenter la tenue unique. Si [...]
Lire la suite ...

Météo de l’été 2024 : Un des plus chauds jamais enregistrés
Rendez-vous chaque début de mois avec Patrick Marlière, directeur du bureau d’expertise météorologique Médias [...]
Lire la suite ...

Rentrée agricole : récoltes décevantes et défis dans la région
L'heure est aux conférences de rentrée et la chambre d'agriculture Nord - Pas de Calais n'échappe évidemment pas à [...]
Lire la suite ...

Les nouveautés de la rentrée dans le Nord-Pas de Calais
Le retour à l'école, au collège ou au lycée pour une nouvelle année scolaire est marquée par plusieurs nouveautés [...]
Lire la suite ...

Numéro 380 : 30 août 2024

Au cœur des terres

#terresetterritoires