Actualité
02-02-2023

Insolite : Des champignons bios dans des conteneurs

À 51 et 45 ans, Christophe Laurent et Ludivine Denaës, anciens fonctionnaires, ont tout lâché pour produire des shiitakés et des pleurotes bios. Un changement de vie pour l’amour du vivant.

Christophe Laurent et Ludivine
Denaës espèrent à terme vendre
100 kg de champignons par
semaine.
Christophe Laurent et Ludivine Denaës espèrent à terme vendre 100 kg de champignons par semaine. © E. P.

Depuis le 1er novembre 2022, deux conteneurs maritimes sont posés à Artres, près de Valenciennes (59). Qui pourrait se douter qu’à l’intérieur, shiitakés et pleurotes poussent tranquillement, sous le regard attentif de Christophe Laurent, 51 ans, et de Ludivine Denaës, 45 ans.

Anciens fonctionnaires, les deux tourtereaux ont tout plaqué pour se lancer dans la production de champignons bios. Un retour aux sources pour l’un, une découverte pour l’autre, mais une même envie : travailler le vivant.

Inspirés par la jeunesse

Tous deux Valenciennois d’origine, ils n’ont pas du tout les mêmes parcours. Post-bac, Christophe Laurent étudie la biologie marine à la faculté de Valenciennes avant de partir travailler dans un labo du CNRS à Paris, puis avec des ostréiculteurs en Vendée avant de devenir… vendeur dans un magasin de sport à Marseille !

Ludivine Denaës, elle, entre en contrat aidé à la mairie de Valenciennes à 18 ans et grimpe les échelons rapidement jusqu’à arriver au syndicat intercommunal d’assainissement de Valenciennes. C’est là que les deux se rencontrent. « Nous y avons fait beaucoup de choses. À la fin, nous avions pour mission de cartographier le réseau d’assainissement de Valenciennes. C’était passionnant ! Mais ça a changé après les confinements », racontent-ils.

Le projet sur lequel ils travaillent est plus ou moins abandonné et le couple ne « s’y retrouve plus ». Il décide donc de profiter du dispositif de rupture conventionnelle mis en place dans la fonction publique. Ils quittent leur travail le 1er septembre 2020. « On a été pas mal inspirés par des jeunes dans notre entourage qui avait franchi le pas de se reconvertir », explique Ludivine.

Utiliser ses mains

Mais voilà, maintenant qu’ils ont tout quitté, que faire ? « On savait qu’on souhaitait travailler le vivant et utiliser nos mains. On savait aussi qu’on ne voulait pas se relancer dans des études longues… Rapidement, on a eu cette idée des champignons et en se renseignant on s’est aperçu qu’il existait des formations très courtes : une semaine dans le Jura et une autre semaine vers Lyon. On a fait les deux », se souviennent-ils.

Ensuite, Ludivine et Christophe se renseignent auprès de la DDTM pour savoir s’il existe des carrières ou des cavités propres à accueillir une production de champignons. « Ce n’était pas le cas donc on s’est rabattu sur les conteneurs maritimes qui ont l’avantage d’être isolés, ce qui permet de ne pas avoir à changer les réglages de températures trop souvent », explique Christophe.

Reste à savoir quelles variétés produire. Ce sera les shiitakés et les pleurotes car « ce sont des espèces adaptées à la culture en conteneur ».

Fragiles et capricieux

Les pleurotes poussent en
« grappe » et sont donc plus
faciles à récolter.
Les pleurotes poussent en « grappe » et sont donc plus faciles à récolter. © E.P

Deux conteneurs maritimes achetés plus tard (un pour les pleurotes et un pour les shiitakés), la production peut démarrer. « Chaque conteneur a un système de ventilation à lui, son taux d’humidité, sa température… adapté à l’espèce. On ne peut pas les mélanger, elles ont des besoins spécifiques », explique le duo. Concrètement, Ludivine et Christophe achètent des blocs de substrat (un mélange de paille, céréales, amendement azoté et de mycélium). Ils posent ces blocs sur des étagères dans le conteneur adéquat et ensuite, ils surveillent tous les jours l’avancée de la pousse pour ajuster les différents paramètres. « C’est 365 jours par an de travail car, finalement, on récolte tous les jours. Il faut compter dix jours pour voir apparaître les premiers champignons sur un bloc mais ensuite ils peuvent doubler de volume d’un jour à l’autre », sourient-ils.

Dans les deux cas, la récolte se fait à la main. Pour les shiitakés, il faut les cueillir un par un, pour les pleurotes, elles poussent en bouquet, c’est un peu plus simple. « On essaye d’avoir de beaux et gros champignons. Mais c’est très fragile, il faut être très précautionneux », décrit Ludivine. Autre difficulté : la vente. Car, qui dit produit fragile dit mise en vente le plus rapidement possible.

Circuit court

Les shiitakés sont des
champignons très utilisés dans la
cuisine asiatique.
Les shiitakés sont des champignons très utilisés dans la cuisine asiatique. © E.P

Au départ, Ludivine et Christophe souhaitaient vendre leur production principalement à des restaurateurs et des traiteurs : « Mais c’était compliqué car ils voulaient tester le produit avant, ce qui est normal. Du coup, on s’est retrouvé avec une quantité importante de champignons sur les bras… » 

C’est en discutant avec leur comptable que celle-ci leur parle du Biotope, maraîchage bio à Le Quesnoy tenu par Marine Coine qui, chaque vendredi, vend ses légumes en direct. Le plus, c’est que d’autres producteurs peuvent y vendre également leurs produits. « On y est allé un jeudi, pour dire bonjour et montrer nos champignons. Elle nous a dit de venir les vendre le lendemain ! »

Décision est alors prise d’avoir recours à la vente directe pour Les champignons de la Rhônelle, principalement via les marchés mais aussi quelques Amap, le Biotope, la Ruche qui dit oui et plus récemment El’cagette à Roubaix.

« On a été super bien accueillis finalement et surtout, avec la vente directe, on a le retour des clients. C’est très plaisant et certains nous envoient même des photos de leurs recettes ! » À terme, le couple espère vendre 100 kg de champignons par semaine.

En tout cas, à leurs sourires on en est convaincu, ils ne regrettent rien.  

Où les trouver ?

Le mercredi et le samedi au marché de Valenciennes, le jeudi au local de La Ruche qui dit oui de Hasnon, le vendredi au Biotope et le dimanche au marché de Hem. Plus d’infos au 06 68 22 09 41 ou à cette adresse mail : christophe.ludivine.laurent@gmail.com.

Eglantine Puel

Lire aussi : Re-cycle : collecter les biodéchets pour en faire du compost

Partager l'article

agriculture biologique champignon

Dans la même rubrique

Actualité

Amandine Cochet : « Les fruits et légumes, bruts et colorés »

Lire la suite...

Actualité

La Saint-Valentin approche ! Dites-lui « Je t’aime » avec Terres et Territoires

Lire la suite...

Actualité

Erasmus Barcelone : huit élèves de la MFR de Rollancourt témoignent

Lire la suite...

Actualité

Un « escape game » éducatif sur les phytos

Lire la suite...

Actualité

Advitam, projet 2030 : se recentrer sur les activités agricoles

Lire la suite...

Non classé

Secteur bio : Après la pluie, vient la bio

Lire la suite...

Actualité

Motion de censure : Comment en est-on arrivé là ?

Lire la suite...

Actualité

Mercosur : dans les rouages du Parlement européen

Lire la suite...

Actualité

Téléthon : Cysoing, des élèves dans la peau d’un médiateur en thérapie génique

Lire la suite...

Actualité

Manifestations à Lille : les normes administratives dans le viseur des agriculteurs

Lire la suite...

Actualité

Logistique agroalimentaire : l’Union fait-elle la force ?

Lire la suite...
Conseil régional : une motion d’urgence pour soutenir les agriculteurs ©HG

Actualité

Hauts-de-France : une motion d’urgence pour soutenir les agriculteurs

Lire la suite...

Actualité

Dossier Énergie 2024

Lire la suite...

Actualité

Géothermie : le petit poucet du renouvelable

Lire la suite...

Actualité

Inondations : l’association Re-création redonne espoir aux habitants de Frencq

Lire la suite...

Actualité

Comment est fabriqué le vinaigre de cidre ?

Lire la suite...

Actualité

Une journée test pour les farines paysannes

Lire la suite...

Actualité

En boulangerie, la résistance des artisans s’organise

Lire la suite...

Agenda

Nord-Pas-de-Calais : le calendrier 2024 des dates et consignes de collecte est disponible !

Lire la suite...

Actualité

Pourquoi la rivière de la Ternoise a été reméandrée ?

Lire la suite...

Actualité

Dunkerque et son port à l’Exposition Universelle d’Osaka 2025 !

Lire la suite...

Actualité

Téléchargez les mesures prises dans votre arrondissement suite aux inondations

Lire la suite...
©HG

Actualité

Innovations alimentaires : qu’est-ce qu’on mange demain ?

Lire la suite...

Grand format

DOSSIER : Gestion des eaux et environnement

Lire la suite...

Actualité

Les contrôles de la Dreal renforcés

Lire la suite...

Actualité

Meilleur pâtissier : Dorothée Leroy, la « pâtissière du confinement »

Lire la suite...
Les chevalements miniers du 9-9 bis, à Oignies, est l’un des symboles de la revalorisation du Bassin minier inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2012. © J. D. P.

Actualité

Le patrimoine, trésor des territoires

Lire la suite...

Actualité

Logement insolite : formez-vous pour diversifier votre activité agricole

Lire la suite...

Actualité

Une agence pour enrayer le déclin de la biodiversité

Lire la suite...
bouteille plastique lait © bublikhaus - Freepik

Actualité

Économie : Lactalis réduit sa collecte de lait

Lire la suite...

Actualité

Comment la Chambre d’Agriculture se prépare à redresser la barre ?

Lire la suite...

Actualité

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée

Lire la suite...

Actualité

Une Cuma qui a le sens de l’accueil

Lire la suite...

Actualité

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies

Lire la suite...

Actualité

Inondations : après la pluie, se reconstruire

Lire la suite...

Actualité

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées

Lire la suite...

Actualité

À la ferme du Major, « on crée de l’énergie »

Lire la suite...

Actualité

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »

Lire la suite...

Actualité

Changer de goût et agir pour le futur

Lire la suite...

Actualité

Retour sur la première édition du championnat international de la frite

Lire la suite...

Actualité

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’

Lire la suite...

Grand format

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie

Lire la suite...
Terres et Territoires - Sénat

Actualité

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle

Lire la suite...
Terres et Territoires - Sénat

Actualité

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :

Lire la suite...

Actualité

Supplément Pommes de terre – mars 2025

Lire la suite...

Actualité

Paul-Marie Claudon, préfet délégué à l’égalité des chances du Nord

Lire la suite...
Alzheimer questions ©storyset

Actualité

La maladie d’Alzheimer en six questions

Lire la suite...

Actualité

Le plessage de haie, une pratique ancestrale

Lire la suite...

Actualité

L’engagement de Corinne contre Alzheimer

Lire la suite...

Actualité

Pour les sols, contre les nématodes : l’atout couverts

Lire la suite...

Ecoutez son histoire !

par Justine Demade Pellorce

<< Gérante de la brasserie Thiriez, Clara parle de son parcours - venue pour 3 mois... il y a 11 ans ! >>

écouter