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La 6e édition de la Journée nationale du don agricole, portée par l’association Solaal, c’est mardi 29 septembre 2020 ! À cette occasion, Solaal Hauts-de-France a organisé, vendredi 18 septembre à Lille (59), une rencontre entre des agriculteurs donateurs et l’association La Passerelle, bénéficiaire de dons alimentaires. Cinq agriculteurs de la section pommes de terre de la FDSEA 59 ont ainsi visité cette épicerie solidaire de la rue d’Arras. Linda Motrani, la présidente et fondatrice de l’association, était ravie de les accueillir. Elle répond à nos questions.
Linda Motrani : J’ai créé l’association en 2012. Elle fait partie du réseau des épiceries solidaires Andes. Nous nous approvisionnons de plusieurs façons : grâce au chantier d’insertion du Min de Lomme chargé de collecter les fruits et légumes invendus, grâce à “la ramasse” des denrées alimentaires retirées des rayons des supermarchés, et enfin grâce à l’action de Solaal Hauts-de-France qui prévient l’association lorsqu’elle dispose d’un lot de légumes ou pommes de terre. Nous employons cinq personnes et recevons également l’aide de 10 à 15 bénévoles.
Des familles de Lille Sud, des étudiants, des retraités, des travailleurs pauvres. Au total nous aidons 1 200 familles. Certaines, au 10 du mois, n’ont plus rien dans le frigo.
Ce sont des assistantes sociales de foyers ou de la fac qui les dirigent vers nous. On leur crée ensuite une carte d’accès de six mois renouvelables, qu’ils utilisent pour faire leurs courses. Il y a de tout, fruits et légumes, riz, pâtes, œufs… Tout est vendu de 80 à 90 % moins cher que le prix habituel. Le fait de payer est important, car les gens se disent ”Je ne mendie pas”. C’est essentiel pour la dignité. D’ailleurs, vous l’avez vu, l’association est aménagée comme un magasin classique. Ce n’est pas facile de pousser la porte d’une association.
Et bien sûr, il n’y a pas que de la nourriture. Il y a aussi des produits d’hygiène et d’entretien. Quand c’est Noël, on essaye d’avoir des jouets pour les enfants, quand c’est la rentrée, des cartables. S’il n’y a pas l’association, c’est compliqué pour beaucoup de familles ! Il faut se rendre compte que manger et avoir un toit est une chance, un luxe.
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C’était une catastrophe. Des étudiants bloqués dans leur chambre nous ont appelé, on a fait des colis alimentaires d’urgence. Certains nous appelaient en larme.
Le président de la République a parlé de guerre : et bien, sur le terrain, les petits soldats étaient un peu seuls ! Heureusement, des voisins sont venus nous donner un coup de main, il y a eu un grand élan de générosité.
Mi-septembre, nous avons reçu la visite de la ministre Nadia Hai (ministre déléguée auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargée de la ville, ndlr). Celle-ci nous a dit “Préparez-vous à la vague de la crise économique.” Mais on est déjà en plein dedans ! D’habitude je suis optimiste, mais là je suis réaliste… Les étudiants ne vont pas trouver de travail, et ils doivent déjà payer leur loyer alors qu’il n’y a plus de job étudiant. Créer des partenariats pour trouver des marchandises est essentiel, c’est pour nous un combat de tous les jours.
Propos recueillis par Laura Béheulière