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À Béthencourt, dans le Pas-de-Calais, Édouard Fournier est salarié depuis sept ans sur l’exploitation familiale Les deux tilleuls.
Si l’agriculture a pour lui été une évidence, s’engager l’est tout autant.
Après un bac agricole au lycée d’Aire-sur-la-Lys, puis un BTS agronomie productions végétales (APV) obtenu à Tilloy-lès-Mofflaines, le jeune homme passe un certificat de spécialisation (CS) en comptabilité gestion agricole dans l’Orne, « car il n’y avait pas plus près. Je voulais un complément à ce sujet car je savais que je reviendrais sur l’exploitation de mes parents et qu’à plus long terme, je la reprendrais ».
Pour lui, l’agriculture était une certitude : « Depuis tout petit je sais que je veux être agriculteur et revenir sur l’exploitation familiale après mes études, ça me semblait normal. Certains veulent apprendre ailleurs que chez eux, moi je voulais apprendre avec mes parents. »
C’est donc en 2016 qu’Édouard Fournier revient aux deux tilleuls en tant que salarié. Dans la foulée, il adhère aux Jeunes agriculteurs (JA) de son canton (Aubigny-Houdain). « Je voulais pouvoir partager et apprendre d’autres choses avec des jeunes. Et puis je me disais que s’engager était le meilleur moyen de faire évoluer et améliorer notre métier. »
Deux ans plus tard, il est élu représentant de son canton au conseil d’administration des JA du Nord-Pas de Calais. « J’aimais beaucoup ce rôle de faire remonter les informations de mon canton : on est des porte-parole. Le fait est aussi qu’on entend les problèmes des autres cantons également et on apprend à connaître leurs problématiques. Puis, on essaye de trouver des solutions pour tout le monde. »
Un rôle qui lui plaît tellement qu’en 2022, il monte encore en grade et devient vice-président en charge de l’installation des JA du Nord-Pas de Calais. « L’installation, c’est un sujet qui fait partie de l’ADN des JA. Mon but, via celui des JA, c’est qu’un jeune qui souhaite s’installer ait toutes les informations en main pour que cela se passe le mieux possible. » Pour cela, Édouard Fournier renseigne les futurs installés sur les formalités et les aides auxquelles ils peuvent prétendre : « C’est ce qu’on appelle la grille DJA (dotation jeune agriculteur, ndlr) qui, avant, était gérée directement par l’Union européenne. Mais maintenant, c’est la Région qui s’en charge. Tout ça, ce sont des choses qu’on doit expliquer, quitte à rediriger vers d’autres interlocuteurs comme la chambre d’agriculture. »
En somme, il a « une fonction d’information, de réponse et de défense des jeunes agriculteurs. Je dois aussi collecter les informations de mon territoire et les faire remonter à la région ».
L’accession aux terres reste un des principaux problèmes concernant l’installation dans le Nord-Pas de Calais. « Comme on dit chez nous, on a beaucoup de jeunes mais pas assez d’exploitations. Cela dit, on nous parle de papy-boom depuis des années donc j’imagine qu’on s’en rapproche de plus en plus ! »
Cette volonté de s’engager et de faire bouger les choses, Édouard Fournier la tient peut-être de ses parents : « Mes parents étaient aux JA quand ils avaient l’âge puis mon père est toujours resté dans diverses organisations. Je voyais que ça leur permettait d’échanger et apprendre… »
Il voit aussi que cela demande du temps. Car on l’oublierait presque, mais il y a la ferme : « On fait des grandes cultures, blé, escourgeon, colza, lin, pommes de terre, betteraves, petits pois, haricots vert, maïs. Et on a également un atelier de rhubarbe. C’est une culture que j’ai mise en place quand je suis revenu sur l’exploitation pour proposer une diversification et car il y a des débouchés intéressants. »
“J’encourage les jeunes agriculteurs à s’engager car cela apporte beaucoup. Voir d’autres jeunes impliqués et qui veulent faire bouger les choses ça fait toujours plaisir.”
ÉDOUARD FOURNIER
En effet, culture peu commune, il y a pourtant une véritable demande de rhubarbe dans la région. « J’arrive à tout vendre pour le moment ! Je passe par des grossistes et des magasins de circuit court. C’est une culture qui s’insère bien dans notre système également car généralement je m’en occupe juste après les travaux de printemps. »
Le jeune homme le reconnaît : « Parfois c’est un peu la course. Mais j’ai la chance que mes parents comprennent que ça me fait du bien. J’encourage les jeunes agriculteurs à s’engager car cela apporte beaucoup. Voir d’autres jeunes impliqués et qui veulent faire bouger les choses ça fait toujours plaisir. »
Et même dans les moments « de galère », « comme lorsqu’il faudra installer les tentes de Terres de Jim (événement à Cambrai les 8 et 9 septembre, ndlr), il y a une cohésion de groupe, une bonne ambiance. On sait qu’on tire dans le bon sens. On se construit des souvenirs. C’est festif tout en étant utile et concret. »Â
Eglantine Puel