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Le site de Radinghem constitue la troisième adresse du campus agro-environnemental 62, seul établissement agricole public du Pas-de-Calais. Il est spécialisé dans la polyculture élevage et le service à la personne.
Créé à l’initiative de la profession agricole et des services de l’État désireux d’implanter un lycée agricole au cœur du Haut pays d’Artois, l’établissement est inauguré en 1987. Il est bâti sur un site entourant les ruines du château de Radinghem, occupé puis rasé par les Allemands en 1944. Sept hectares sont d’abord rachetés à leur propriétaire Anglais pour construire le lycée, puis 40 autres à Ferdinand Debuire, un agriculteur du village, afin d’accueillir l’exploitation. Le lycée ouvre avec un brevet technique agricole (BTA).
Plus tard, la partie apprentissage est rapatriée depuis Saint-Michel-sur-Ternoise. Le lycée compte aujourd’hui 9 classes (de la seconde à la terminale des bacs Stav, GEA et Sapat) ainsi que diverses formations en apprentissage, du BPA au BTS production animale ou BTS ACSE (analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole), des CS (certificats de spécialisation) en lait ou en ovin. Plus tard, le campus agro-environnemental 62, dirigé par Henry-Louis Bourgois, regroupe les sites de Tilloy-lès-Mofflaines, Saint-Omer et Radinghem. C’est le seul lycée agricole public du Pas-de-Calais.
Sur sept hectares, les bâtiments accueillent les salles de classe, les laboratoires de sciences, la salle de langue, l’internat d’une capacité de 200 places. Encore la salle de restauration, le gymnase qui accueille chaque année les animations et fait office de centre d’examens : une salle polyvalente bienvenue dans cet établissement où, filière animation oblige, « il se passe toujours quelque chose », explique Nicolas Delpouve, le responsable du site. Un poulailler a été créé à la demande des élèves, « qui a un rôle de médiation animale », observe le responsable.
« Nous essayons de mettre les élèves dans les meilleures conditions de réussite », dit le responsable du site qui évoque « une qualité de vie appréciée » avec aide aux devoirs, animations régulières du fait des cours d’éducation socioculturelle, « restauration réputée » récompensée de deux étoiles au label Je mange local. « Nous faisons appel à beaucoup de producteurs locaux. Le jus de pommes est fait en interne, le miel vient du site de Tilloy et les légumes de celui de Saint-Omer », détaille Nicolas Delpouve. La nouvelle exploitation (lire plus loin) a aussi permis de recevoir les jeunes dans de meilleures conditions avec deux salariés dédiés, Julie et Jean-Luc, qui accompagnent les enseignements mais aussi le club ferme ou encore le club concours (lire aussi dans notre supplément SIA).
Sur l’exploitation agricole (élevage de bovins et d’ovins), « on travaille sur l’autonomie alimentaire et on teste des choses », avance Clément Lebely, « dans l’idée de ne pas dépendre des cours extérieurs et d’améliorer notre résilience ». Le jeune directeur d’exploitation précise : « Nous sommes désormais à 100 % autonomes pour les 65 vaches laitières (50 % de prim’holstein et 50 % de croisement 3 voies dans l’idée de ramener de la rusticité en vue de l’autonomie). S’ajoutent 70 brebis boulonnaises, nous participons au programme de conservation de cette race locale, et suffolk », détaille le directeur d’exploitation. Cerise sur le gâteau, la conversion en bio est prévue pour mai 2024, intéressant aussi pour les élèves d’étudier une conversion, mais « ils apprennent tout, du bio à l’intensif, on leur montre tout ».
La biodiversité est au cœur des attentions aussi, depuis 2021, avec des actions en partenariat avec les Blongios ou À petits pas. Les secondes peuvent ainsi suivre l’option Écologie du territoire et développement durable et réaliser sur les terrains des inventaires et des aménagements.
En 2014 c’est l’ouverture du Bac pro Service à la personne, le SAPAT (Service aux personnes et animation dans les territoires). Outre cette formation initiale, il est possible de passer des titres professionnels d’assistant de vie aux familles en apprentissage ou, depuis septembre 2023, un BTS SP3S (services et prestations des secteurs sanitaires et sociaux). En 2014, c’est aussi la création des plateaux techniques (soin et cuisine), celle de la nouvelle exploitation avec une surface agricole utile qui double, passant à 116 hectares.
Côté cheptel, la diversification du troupeau devrait passer par la réintroduction de rouges flamandes, toujours en vue d’améliorer la rusticité. La création d’un boviduc est aussi en projet : ce passage sous-terrain permettrait aux vaches de passer en autonomie de l’exploitation aux pâtures, séparées par une route départementale et ainsi d’optimiser le pâturage alors qu’aujourd’hui, les vaches ne sont pas ressorties après la traite du soir. Le projet est ficelé, chiffré à 120 000 euros. Manquent encore des cofinancements et l’accord du Département, propriétaire de la route. Autre projet, « la mise en valeur du patrimoine historique du lycée avec la création d’un cheminement autour des douves et sur les ruines du château afin d’ouvrir le site aux habitants », explique Nicolas Delpouve. Des travaux occupent actuellement la salle Debuire afin d’y créer une salle polyvalente équipée de 32 postes informatiques pour les cours, des réunions ou encore les formations.
Justine Demade Pellorce