Votre météo par ville
Jules, Matheo, Louhemeric, Enzo A., Maxime, Aurélien, Evan, Simon L., Simon H., Max et Enzo D. : Voilà le 11 de Flandres qui a foulé les pelouses nord-américaines en février dernier.
Accompagnés de quatre enseignants de l’Unité de formation des apprentis (UFA) de Bourbourg, ils ont arpenté le Texas et la Louisiane du 20 février au 1er mars.
Le coût du voyage, avoisinant les 2 000 euros par personne, a été en partie financé par les partenaires, dont la Région. Mais aussi par des dons de particuliers et professionnels ainsi que par quelques actions mises en place par les lycéens : vente de pomponettes ou de grilles de tombola.
Pour la moitié des apprentis en bac pro agroéquipement âgés de 17 et 18 ans, ce voyage a constitué pas moins qu’un baptême d’avion. Mais les découvertes sont allées bien plus loin. Chaque année, les étudiants font un voyage à l’étranger ou hors métropole. Pour découvrir, comparer. Prendre du recul aussi.
Le premier choc sera thermique. Partis de Bourbourg à 3 heures du matin, les jeunes sortent de l’avion à Houston, Texas, à 13 heures heure locale sous 28 °C.
« Avec une chaleur humide », se souviennent-ils. Sitôt débarqué, le groupe se rend chez Robert (ancien professeur en agriculture avec qui les élèves sont restés en contact) et Cindy, éleveurs de Long horn, les vaches à longues cornes.
Eux tiennent un ranch d’une trentaine de bêtes. Si l’espace est immense – de manière générale les vaches sont élevées en plein air et il n’y a pas d’étables – les troupeaux ne sont pas forcément gigantesques.
Or quand on pense USA, on pense démesure. Si certains comme Maxime ont été marqués par la taille de l’université de Louisiane (37 000 élèves, « une ville dans une ville avec un tigre vivant pour mascotte ») ; si Aurélien se souvient « des routes immenses et du nombre incalculable de voies » ; si Simon L. a encore en tête « ce pick-up qui tirait un pick-up qui tirait lui-même un porte-conteneurs », ça ne vaut pas forcément pour les infrastructures agricoles.
En tout cas de moins en moins. Les troupeaux n’y sont pas tous gigantesques.
« Il y a un retour en arrière sur la taille des exploitations », explique Pierre-Emmanuel Rouditch, formateur en maintenance figurant parmi les accompagnateurs.
Après ça, visite de maisons en bois, d’un collège de formation horticulture et vétérinaire, repas typique – hamburger frites, leur préféré – et photo avec un gentil shérif explique l’un ou l’autre en brandissant fièrement le véritable écusson rapporté à l’occasion.
De manière générale, les lycéens ont été marqués par la gentillesse des Américains et par leur sens de l’accueil mais aussi leur patriotisme et leur foi partout affichés. Pour Matheo, passionné d’étoiles, le plus beau souvenir restera la visite du musée de la Nasa et de son ranch accolé.
Quand ils ont débarqué en Louisiane, dans la reconstitution du village acadien de Vermillonville, les lycéens ont été accueillis en français. Puis, ils ont visité un musée de la Seconde Guerre mondiale en long en large et en travers.
« Ils n’ont pas beaucoup d’histoire mais quand ils s’y mettent ils l’exploitent dans tous les détails », observe Jules.
Plus tard ils ont pénétré dans le domaine des alligators : les bayous, ces marécages typiques de Louisiane. Des animaux aussi élevés pour leur chair, dans des fermes à alligators. On est loin des prim’holstein…
Tous ont d’ailleurs rapporté leur trophée : une petite tête séchée d’alligator. Certains ont acheté un peu de viande séchée où ils ont surtout reconnu le goût… des épices.
Une visite improvisée de l’exploitation de « madame et monsieur Cappazzoli » a réjoui le petit groupe. Ces éleveurs, d’abord sur la réserve, ont finalement ouvert grand leurs portes aux jeunes qu’ils pourraient même recroiser bientôt à l’occasion d’un voyage prévu en France et qui pourrait crocheter par le secteur, où les élèves se feraient un plaisir de jouer les guides à leur tour.
La visite d’une maison coloniale de Bâton-Rouge, qui ne compte pas moins de 200 pièces et est estimée à 63 millions de dollars a impressionné le groupe, mais moins que la rencontre avec le célèbre patron du garage Gas Monkey, à Dallas, qui a droit à son émission télévisée de customisation automobile.
La soirée rodéo ou la visite de l’exploitation de « monsieur et madame Winters », éleveurs d’une soixantaine de Long horn où les lycéens ont eu droit à un tour en buggy sur la propriété avant un repas gargantuesque, ils en salivent encore, leur a permis de rencontrer des Américains intéressés par l’agriculture régénérative.
Pas un luxe dans un pays où les OGM sont rois et où « les bêtes ont droit à une nourriture très grasse », observent-ils.
« Et quand on a raconté nos règles à un concessionnaire, il a rigolé », relate Jules. Un manque de normes global qui fait tiquer nos jeunes gens qui trouvent quand même qu’il « y en a trop en France », des normes, et qu’il faut trouver le juste milieu.
Cerise sur le gâteau, la visite d’un concessionnaire John Deere, le mythique fabricant de tracteurs, où ils ont pu constater que « les très grosses machines étaient finalement très minoritaires, 90 % des machines vendues étant des tracteurs tondeuses ». Là encore, un retour à des échelles plus raisonnables. Un voyage qui a permis de bousculer quelques a priori et de mettre des étoiles plein la tête de ces jeunes apprentis.
Langue : anglais
Population : 331,9 millions d’habitants (Texas : 29 millions / Louisiane : 4,6 millions)
Superficie : 9,8 millions de km2 (Texas : 695 000 m2 / Louisiane : 136 000 m2)
Surface agricole utile du pays : 370 millions d’hectares
Élevages rencontrés : vaches longhorn et black angus au Texas / alligators et écrevisses en Louisiane
Cultures observées : maïs et pâturages au Texas / canne à sucre, soja, riz en Louisiane.
Justine Demade Pellorce
APPEL : Vous aussi, partagez votre voyage avec nos lecteurs dans notre rubrique mensuelle. Enseignants, étudiants agricoles, contactez-nous : redaction@terresetterritoires.com
Lire aussi : Erasmus : Une aventure enrichissante à tous les niveaux