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Les schémas directeurs de gestion de l’eau (SDAGE) ont pour but d’améliorer la qualité des cours d’eau mais aussi d’en assurer la pérennité. Alors que le nouveau SDAGE pour les 6 ans à venir a été présenté au début du mois de juillet par l’Agence de l’eau Artois-Picardie et le Comité de bassin Artois-Picardie, retour sur deux cours d’eau qui illustre bien les actions qui peuvent être menées dans ce cadre : la destruction d’un barrage sur la Canche et la construction d’une passe à poisson sur la Ternoise.
Les deux cours d’eau sont en fait très liés puisque la Canche est un fleuve et la Ternoise en est son affluent principal. Aussi, les travaux réalisés sur l’un ont de l’influence sur l’autre. Dans les deux cas, les travaux conduits avaient pour but de rétablir la continuité écologique qui peut être définie comme la libre circulation des êtres vivants dans les cours d’eau et leur accès aux zones qui leur sont indispensables pour leur cycle de vie (reproduction, nourriture…). Dans le cas de la Canche et de la Ternoise, les êtres vivants qui étaient freinés par des barrages étaient les salmonidés et les anguilles. Au-delà de la continuité écologique, cela retirait aussi la fonction salmonicole de ces cours d’eau.
Dans le cas de la Canche, c’est sur la commune d’Hesnin (Pas-de-Calais) que les travaux ont eu lieu. Après une étude réalisée par la FDAAPPMA1 62, le barrage d’Hesdin apparaît comme un obstacle à la remontée des poissons sur la Canche. La notion d’obstacle infranchissable pour les poissons se détermine par la hauteur de chute, le profil du barrage, la profondeur de la fosse d’appel ainsi que par les capacités physiques du poisson, entre autres.
Les travaux ont eu lieu en 2003 et ont conduit à la démolition du barrage et la reconstruction d’un “pont” à la place. Résultat : le cours d’eau a retrouvé son profil d’équilibre et l’ouverture du barrage a contribué à rediversifier les écoulements et les habitats en lit mineur (où coule la rivière sans déborder). Cette opération a ainsi rendu accessible 5,8 km de cours d’eau supplémentaires jusqu’à Saint Georges aux poissons migrateurs, et des frayères2 à l’amont ont été recolonisées.
Parfois, la destruction du barrage n’est pas envisageable. C’est ce qu’il s’est passé au barrage d’Auchy-les-Hesdin (Pas-de-Calais). Long de 10 m et avec une hauteur de chute de 4,2 mètres, il rendait la migration des poissons impossible. Il a donc été décidé de réaliser une passe poisson adaptée à plusieurs espèces. Pour les salmonidés, le dispositif consiste en des ralentisseurs permettant d’affaiblir le courant pour permettre leur remontée. La hauteur d’eau étant trop importante pour être franchie en une seule fois, deux zones de repos ont donc été aménagées.
Pour les anguilles des tapis-brosses sont mis en place car elles ne peuvent pas nager en pleine eau dans un courant important, elles ont en effet besoin de rugosités pour faciliter leur reptation. La passe à poisson a été mise en service en 2010.
Dans le cadre du SDAGE, des analyses de la qualité de l’eau et de l’environnement des cours d’eau sont faites régulièrement. Par exemple, la Ternoise présente un bon état écologique que l’on mesure via des analyses chimiques mais aussi grâce à des inventaires d’espèces végétales (algues) et animales (invertébrés, poissons) qui permettent de qualifier l’état écologique, par mesure de l’écart existant avec un cours d’eau de référence qui ne serait pas perturbé par les activités humaines. En revanche, l’état physique de la Ternoise était plus préoccupant : si le lit majeur (a partie de la vallée où la rivière peut déborder) allait bien car entouré de praires naturelles ou pâturées, le lit mineur lui était le plus endommagé, principalement à cause des obstacles à la continuité écologique. On voit donc ici que les travaux réalisés ont permis de rééquilibrer le tout.
1. Fédération départementale des associations agréées de pêche et de protection des milieux aquatiques.
2. Lieu où les poissons déposent leurs œufs.
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