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Dunkerquois : Francis Vermersch, sur tous les fronts, l’homme de tous les combats

30-05-2024

Actualité

C’est tout frais

Champion de l’engagement, Francis Vermersch superpose les casquettes. À presque 70 ans, l’ancien agriculteur dunkerquois aspire désormais à passer le relais.

1954 : Naissance de Francis Vermersch à Téteghem. © L. T.

S’il n’avait pas été agriculteur, Francis Vermersch aurait choisi le métier de professeur d’histoire, confie-t-il en déambulant entre les blockhaus, là-haut, dans le Dunkerquois. Le (bientôt) septuagénaire a emprunté la voie de ses ancêtres et repris la ferme familiale, rue Albert-Vermersch – du nom de son grand-père – à Uxem. La bâtisse a connu la guerre et, démolie par l’ennemi, une seconde jeunesse. C’est le fils, désormais, qui l’occupe avec sa famille. Francis Vermersch, lui, a franchi par amour les limites du village pour Téteghem lorsqu’a sonné l’heure de la retraite, mais vote toujours à Uxem, croit-il bon de préciser.

Le « kakernesche »

Il raconte cette histoire, la sienne, les yeux parfois rivés sur son antisèche pour détailler ses engagements. La liste est longue, autant que les années associées. Président du syndicat local pendant 40 ans, président du syndicat cantonal et de l’arrondissement pendant 10 ans, administrateur de la coopérative L.A. linière pendant 20 ans, trésorier du Geda (groupe d’études et de développement agricole, ndlr) des Flandres maritimes pendant 35 ans, administrateur du Crédit mutuel de Desvres pendant 36 ans (dont 23 en tant que président), et ce n’est pas tout. Trésorier de l’association Novagri et responsable de l’organisation de trois éditions de Ferme en ville à Dunkerque et Gravelines. Président de la section de chasse de la FDSEA du Nord car « il a le défaut d’être un chasseur », sourit-il. Fredon, Confédération générale des planteurs de betteraves, société d’agriculture de Bergues « qui a un seul but : organiser la foire des Rameaux », poursuit-il.

Et puis il y a la Safer. Il y entre en 2007 en tant qu’administrateur, préside le comité technique et rejoint le comité de direction en 2013. Une mission « très intéressante mais à haut risque, côté critiques », considère-t-il. « Quand vous devez octroyer une préférence pour l’achat de terre à un parmi 30, il y a 29 déçus, calcule-t-il. La mort dans l’âme, vous devez ensuite annoncer cette décision. Mais les reproches, finalement, ce n’est pas grave, car on choisit en son âme et conscience ».

Parmi ses fiertés, l’agriculteur cite un combat mené en duo avec son ami de longue date, Hubert Vanderbeken. Les deux hommes ont remué ciel et terre pour des terres, justement, « incultes », repérées parmi des pages et des pages de recensement. Plus de 200 hectares en parcelles de moins de 2,5 hectares, « en extrapolant, on estimait à 500 hectares les terres non cultivées du Nord », souligne celui qui a pris du temps et de l’énergie pour remettre en culture « un hectare par ci, un hectare par là. »

Ses missions pour la Safer cesseront bientôt. Il est temps de lever le pied, sa santé le lui a durement rappelé ces derniers mois. Il est temps aussi, de laisser la place aux jeunes, dit celui qu’on surnommait « le kakernesche » (traduisez « le plus jeune ») lorsqu’il est entré au conseil municipal pour un mandat.

La féroce envie d’aider

Car son engagement ne se limite pas à l’agriculture, loin de là. L’ancien footballeur amateur a fait partie de ceux qui ont créé le club du village, histoire de réunir les gens – ceux de l’ancien village et des nouveaux lotissements – autour du ballon rond. « On a démarré de zéro, semé le terrain de foot, construit le vestiaire », se souvient le sportif qui a, depuis, rangé les crampons.

Le pratiquant fait aussi partie d’un groupe de chrétiens en milieu rural, et n’a « pas peur d’afficher [sa] foi ». C’est important, dit-il, de faire partie d’un groupe, surtout quand on traverse des épreuves. Derrière son sourire, se cachent des drames, la perte de sa fille puis de son épouse. L’homme s’en est relevé avec une féroce envie d’aider les autres. Il a rejoint le réseau Sentinelles de la MSA qui veille sur celles et ceux qui rencontrent des difficultés. La force du collectif, c’est aussi ça, pour lui, « être plus forts à plusieurs » avec toujours cette résolution : « pouvoir sauver des vies ».

A lire aussi : Comment devenir une sentinelle de la MSA

La retraite n’annonce pas la fin de l’engagement, le syndicat des anciens exploitants lui a déjà « mis le grappin dessus. » Ils sont plus de 900 retraités agricoles dans les environs de Bergues, Francis Vermersch n’est « pas près de s’ennuyer ».

Sur sa ferme, la relève est assurée. Son fils Alexandre cultive sur ses traces céréales, betteraves, lin, et de plus en plus de pommes de terre. Les deux hommes ont installé, dès 2011, 1 800 m² de panneaux photovoltaïques, un « pari risqué à l’époque avec un gros investissement : il fallait y croire ! » Ils y ont cru, « sans regret ».

Quant à la relève de la relève, peut-être poursuivra-t-elle l’histoire familiale. Le petit-fils de 4 ans agitait en tout cas le drapeau de la FDSEA lors des dernières manifestations, Francis Vermersch n’en cachait pas sa fierté… Un futur champion de l’engagement ? 

Francis Vermersch en quatre dates

1973. Un bac agricole en poche, il souhaite poursuivre les études mais son père le réclame à la ferme.

1980. Il prend la présidence du syndicat local de la FDSEA du Nord et le reste 40 ans.

2007. Il entre à la Safer dont il préside le comité technique de 2013 à fin 2024.

2013. Son fils le rejoint sur l’exploitation puis prend les rênes, seul, deux ans plus tard.

Louise Tesse

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