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Par petits groupes d’une dizaine, les curieux ont pu découvrir, vendredi 2 juin, les coulisses d’un lieu bien connu de la profession agricole du Nord : le silo de Rouvignies (59), appartenant au groupe Carré. La visite débute dans les bureaux, où trônent une ribambelle d’écrans : « Presque tout est automatisé désormais », fait savoir le responsable de l’activité silo, Thierry Daniel. « Deux salariés et demi » sont toutefois nécessaires sur le site, afin d’assurer la maintenance et la traçabilité.
Le silo compte trois fosses. La première est réservée à l’orge et au colza, et les deux autres à l’allotement du blé. L’occasion pour Thierry Daniel d’insister auprès des céréaliers : « Faites attention à ne pas mélanger les lots ! » Lors d’une réception, chaque marchandise entrante est analysée : protéine, humidité, poids spécifique. Un passage au tamis est nécessaire pour la détection d’insectes. Des analyses de calibrage et de pureté variétale sont effectuées pour les orges, quand les colzas sont soumis à des analyses d’impureté. « Nos clients sont régulièrement sensibilisés aux bonnes pratiques de stockage », explique encore Thierry Daniel.
En attendant, les visiteurs ont l’interdiction de marcher sur les grilles qui protègent les fosses : « On ne voudrait pas qu’un téléphone y tombe, ça coûterait du temps et de l’argent ! » sourit le guide. De fait, le parcours de la visite est méticuleusement tracé, toutes les zones ne sont pas accessibles, et les visiteurs ont pour consigne de s’éloigner des machines. Au rez-de-chaussée, dans le bâtiment, se trouvent 22 cellules de stockage, contenant chacune entre 2 200 et 2 500 tonnes. En face d’elles, une croix blanche est tracée au sol : « Il s’agit de croix d’empoussièrement, qui servent de témoins. L’activité peut générer de la poussière, il faut suivre rigoureusement le plan de nettoyage établi », rapporte Thierry Daniel.
Selon le cahier des charges des industriels, le silo offre la possibilité de travailler le grain par différents outils : le trieur optique, le calibreur, le trieur et éventuellement l’épurateur pour retirer les paillettes, poussières ou autres petits polluants. Du lundi au samedi, jusqu’à 12 000 tonnes peuvent être expédiées par barge vers Dunkerque, la Belgique et l’Allemagne du Nord. Au total, le site transite 450 000 tonnes de céréales par an, soit la moitié de la collecte totale du groupe Carré dans les Hauts-de-France, qui est de 900 000 tonnes annuelles.
C’est la deuxième fois que Jean-Marie Lucas, agriculteur retraité situé à Marcoing (59), visite le silo. « La première fois, c’était il y a dix ans, pour l’inauguration », rapporte l’homme, qui se dit « ravi d’être de retour ». Il représente son fils, Hubert, qui a hérité de l’exploitation familiale, où poussent du blé, du maïs, des pois, des légumes. La moitié de la récolte des Lucas ira au groupe Carré, au silo de Rouvignies très certainement, et l’autre moitié à Tereos.
Jean-Marie témoigne d’une moisson « a priori prometteuse » : « Je suis plutôt confiant. Le colza a une bonne floraison », estime l’ancien agriculteur. Il fait toutefois état de quelques champs de blé infestés de vulpin et de betteraves, comme ailleurs, plantées tardivement.
Jean-Marie estime son pic d’activité au 20 juillet. « Dès le 30 juin, on fait en sorte que les cuves soient vides, pour être prêts pour la moisson », rassure, quant à lui, Thierry Daniel. Pour l’occasion, deux saisonniers seront d’ailleurs recrutés.
Marion Lecas