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Du soleil, peu de vent et une légère humidité. Les conditions météorologiques sont réunies pour procéder à l’écapsulage des lins. Le but ? Récolter les graines emprisonnées dans la capsule située à l’extrémité de la plante lorsqu’elle est en plein rouissage. Autrement dit, durant l’étape de séchage du lin sur le sol après sa coupe où il devient roux.
« Chaque année, le long de la bordure maritime, nous écapsulons les lins disponibles, explique Adrien Delrue, technicien à la coopérative La Linière dans le secteur de la Flandre maritime. C’est ici que nous obtenons les meilleurs rendements de graines. Le climat et le terroir sont idéaux. Le temps sec permet à la machine d’éclater la capsule facilement et ainsi d’obtenir les graines rapidement. »
Ici, le lin se cultive à la fois pour sa fibre et pour ses graines, à raison d’un rendement moyen d’une tonne de graines par hectare. Si le programme de culture est exactement le même que s’il faisait uniquement de la fibre, pour pouvoir valoriser la semence, l’agriculteur doit être encore plus précautionneux.
« Il doit être attentif au salissement de sa parcelle par les adventices afin d’éviter de polluer les graines récoltées, ajoute le technicien. Un contrôle à la floraison est réalisé par le Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et des plants) pour évaluer la pureté de la parcelle. Elle est déterminée par le nombre de fleurs blanches, signe d’une mutation génétique. »
L’écapsulage est une opération qui demande de la précision sans quoi, la fibre du lin peut être altérée. Car il ne faut pas léser la destination première du lin : le textile. Avec l’écapsulage au champ, l’agriculteur valorise les graines à hauteur de 1 000 €/ha, selon la coopérative. Outre la qualité de la filasse, le risque est que le lin soit retourné accidentellement par le vent.
« Lorsque le lin est retourné et écapsulé, il perd 15 % de son pois. Il est donc plus sensible au vent, raconte Adrien Delrue. Autre effet, le lin rouit plus rapidement. L’agriculteur doit être aux aguets. » Qu’il soit écapsulé au champ ou au teillage, le principal défi est de garder le pouvoir germinatif de la graine. Et plus elle passe de temps au soleil, plus elle en perd. En cette période, dans les Flandres, on ne perd donc pas de temps pour écapsuler et trier la récolte.
Pour écapsuler, une machine vient retourner le lin en plein rouissage et en profite pour séparer la tige de la capsule. Cette dernière est alors battue et les graines qui en tombent sont emmenées vers une trémie. « L’agriculteur n’a plus qu’à livrer la récolte dans une benne chez le trieur de grains de la région », illustre le technicien. Cette année, les rendements semblent corrects, malgré l’état hétérogène du lin dans certains secteurs.
Au centre de tri, où la poussière s’évacue par les portes du bâtiment en cette pleine période de récolte, « les graines sont traitées par lot de réception pour assurer la traçabilité », explique Franck Brygot, responsable de l’établissement éponyme, spécialisé dans le tri des graines de lin.
« La graine de lin est très sensible, explique le responsable en montrant une poignée de graines. Lorsqu’elle est battue au champ, il reste beaucoup de débris de capsules car nous ne voulons pas l’abîmer et perdre son pouvoir germinatif. »
C’est au centre de tri que tout se joue. Avant d’être triées finement, les graines sont analysées et nettoyées. « Parfois nous sommes obligés de les sécher quand le taux d’humidité est supérieur à 10,5 %, précise Franck Brygot. À chaque benne reçue, nous réalisons les tests de PMG (poids de mille grains, ndlr), d’humidité et autres caractéristiques. » Les producteurs stockent ensuite les graines jusqu’en septembre.
À l’automne, lorsque le centre n’est plus approvisionné, les graines repassent sur le billard. Rebelote. Elles passent dans un tamis. Puis, on les souffle et on les analyse grâce à un trieur optique.
« L’objectif est de retirer les graines d’adventices, celles immatures ou celles qui ne germeront pas, illustre le chef d’entreprise qui s’appuie sur trois chaînes de triage. Nous avons une certification afin de garantir l’état sanitaire des semences et une germination minimale de 92 %. »
Les semences sont ensuite prêtes à être enrobées de zinc (pour éviter la carence de la plante) et de produits de biosynthèse (pour lutter contre les champignons). Elles sont également colorées, pour mieux les voir dans la terre. Ne reste plus qu’à les envoyer dans les 13 départements français producteurs de lin, et c’est reparti pour un tour !
Lucie Debuire