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Reportage photo : Un retour aux sources… et vers le futur pour Safilin!

27-01-2022

Actualité

Transformation

25 ans après sa délocalisation en Pologne en 2005, la dernière filature de lin française est de retour sur ses terres natales. Depuis l’été dernier, à Béthune, des équipes françaises et polonaises œuvrent au montage des 14 machines qui devraient commencer à tourner en mars.

Noël Baudet, directeur industriel, et Alix Pollet, responsable de la marque Safilin, devant les machines venues de Pologne pour fabriquer du fil de lin premium 100 % local à Béthune. Le projet est soutenu financièrement par le plan de Relance, la Région et la communauté de communes. © L. D. G.

« L’entreprise a plus de 250 ans, nous employons 500 personnes : 480 salariés en Pologne, et 20 au siège en France. Cette année, nous recrutons 25 personnes pour faire tourner notre nouvelle usine de Béthune (62). Une vingtaine d’autres embauches sont prévues d’ici 2024. » Le ton d’Alix Pollet n’est pas peu fier mardi 25 janvier, lors de la visite de chantier du site béthunois.

La directrice de marque de Safilin poursuit la présentation de l’usine du Pas-de-Calais, installée sur 6 000 m2, dans la zone d’activité Fleming, qui débutera en juin sa commercialisation de fil 100 % made in France : « Ce site produira 400 tonnes de fil de lin français par an, soit 10 % de la capacité de production de nos deux usines polonaises. »

Au sec et au mouillé

Pour ce faire, Safilin rapatrie de Pologne depuis près d’un an 14 métiers à tisser en pièces détachées, à un rythme de quatre camions par mois. 12 métiers pour filer au mouillé, et 2 au sec. « Et ce n’est pas du Ikea : ici, pas de notice !, s’amuse Noël Baudet, le directeur industriel de Safilin. Il faut plusieurs semaines d’installation par machine à notre équipe de dix techniciens polonais. » « Ces métiers à tisser ont une cinquantaine d’années, reprend la directrice de la marque. Nous les avons achetés en Europe aux filatures qui fermaient et stockés en Pologne. » Si l’assemblage est un sacré travail, le plus fin reste le réglage. De mars à juin, Safilin laissera le temps aux machines d’apprivoiser la température et l’hygrométrie ambiantes, et au personnel de se former.

« Nous aurons deux techniques de fabrication, souligne Alix Pollet : au sec et au mouillé. La filature au sec donne un effet plus rustique, destiné à la déco et au linge de maison, tandis que la filature au mouillé donne des fils plus doux destinés au prêt-à-porter. » À l’heure actuelle, 20 % de la future production de fil ce lin « premium », destiné aux marchés de l’ameublement, de la décoration, et de l’habillement, sont déjà vendus à des marques de prêt-à-porter made in France comme Splice, l’Atelier Tuffery, ou Linportant.

Un processus de production ultra-local

En comptant Safilin, il reste aujourd’hui deux filatures au mouillé en Europe. « C’est un juste retour de l’Histoire, se réjouit Alix Pollet. La trentaine de filatures qui peuplaient autrefois la vallée de la Lys ont toutes fermé les unes après les autres avec l’essor des matières synthétiques. Safilin a été la dernière filature française à mettre la clé sous la porte (lire aussi l’encadré ci-dessous). Pour ne pas disparaître, elle a fait le choix de se délocaliser en Pologne. Sans ce transfert de savoir-faire de la France vers la Pologne, il aurait été impossible de refonder une filature dans le Nord aujourd’hui à partir de rien. »

Pourquoi Béthune ? « Pour des raisons de réhabilitation, nous n’avons pas pu réinvestir notre site de Sailly-sur-la-Lys. Nous avons donc choisi cet emplacement proche de nos partenaires : Decoster Caulliez, notre blanchisseur historique situé à La Gorgue (59) et le Peignage Dumortier, à Tourcoing (59). En Pologne, la partie blanchiment est intégrée à l’usine. Mais ici nous disposons de savoir-faire sur le territoire que nous voulons utiliser. »

Une proximité également avec le bassin de production. « La première région productrice de lin est la Normandie, la seconde, les Hauts-de-France. À Béthune, nous ne travaillerons qu’avec de la fibre française locale. » Débuter avec une production de lin marquée par la sécheresse de 2020 et l’excès d’eau en 2021, n’inquiète pas Safilin. « Ce qui fait la qualité d’un fil, c’est son assemblage, conclut Alix Pollet. Notre métier, c’est de gommer les aléas climatiques ! Nous achetons de la fibre les bonnes années et les stockons. Notre trésor, ce sont nos entrepôts de lin en Pologne. Certains de nos lots remontent à 2014. Le lin, ça conserve : les momies étaient embaumées dedans ! » 

Lucie De Gusseme

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