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Avec l’agroalimentaire et les travaux agricoles pour passion, Marie Cousin a intégré l’entreprise familiale il y a quelques mois et s’éclate à inventer des nouvelles façons de communiquer sur l’activité, et le métier en général.
“À 14 ans, j’ai su que je voulais reprendre l’entreprise familiale.” La tranquillité apparente de la jeune femme contraste avec sa détermination. Fille de Stéphane, qui gère aujourd’hui l’entreprise Cousin agricole, et petite-fille de Michel, fondateur de l’empire Cousin en 1972, Marie rembobine : “Mes grands-parents étaient originaires de Comines et Wambrechies, dans le Nord. Enfants d’agriculteurs, ils voulaient prendre leur indépendance et sont venus s’installer ici, à Arleux-en-Gohelle (62). Mon grand-père a commencé avec un tracteur, en offrant ses services pour les travaux aux champs. Il a ensuite été approché par des Belges qui lui ont proposé de faire des petits pois avec des machines tractées à l’époque : Cousin travaux agricoles était née.“
“Une révélation : je me suis dit que je travaillerais dans l’agroalimentaire. J’avais 14 ans.”
Marie Cousin, jeune responsable commerciale de l’entreprise de travaux agricoles Cousin agricole
L’entreprise familiale a grandi, s’est enrichie d’une activité transport, aujourd’hui gérée par l’un des autres fils de Michel : l’oncle de Marie, vous suivez ? L’entreprise s’est aussi spécialisée dans la récolte de petits pois avec 19 machines dédiées et 25 saisonniers : l’été, c’est du 7 jours/7 et 24 heures/ 24.
Pour Marie Cousin, rejoindre l’aventure familiale a toujours coulé de source. Elle se souvient surtout de cette fois où, envoyée par son père passer une semaine d’observation chez des clients en Belgique, des industriels dans le petit-pois, elle a pu visiter l’usine. “Une révélation : je me suis dit que je travaillerai dans l’agroalimentaire. J’avais 14 ans“, se souvient-elle.
Elle a commencé par s’envoler un an aux États-Unis, “après le Bac, à 17 ans, pour aller apprendre l’anglais“. Elle a ensuite embrayé sur une licence de commerce puis deux masters (en anglais et en portugais) de Management des industries agroalimentaires où elle a fait de nombreux stages dans le milieu agricole, mais aussi agroalimentaire. “J’adore. ” Elle ira traire des vaches en Norvège, lancer des betteraves rouges sous vide depuis l’Espagne vers les États-Unis, passera trois mois dans une école agricole à São Paulo (Brésil) où elle observera l’application de l’agroécologie à l’échelle XXL.
Autant d’envols pour mieux revenir : dans l’entreprise familiale qu’elle intègre en février dernier. Sur sa carte de visite est inscrit “responsable commerciale”, mais ses missions dépassent ces deux mots.
“Quand je suis arrivée j’ai commencé par remettre à niveau notre image et, plus globalement, celle du métier.” Pour ça, commencer par redire ce qu’est une entreprise de travaux agricoles. Et ce qu’elle n’est pas. “Nous ne sommes ni des agriculteurs ni des pollueurs“, balaie-t-elle d’emblée. Pour faire passer ces messages, elle réalise une série de mini-reportages qu’elle publie sur la page Facebook de l’entreprise où elle explique, en vrac, à quoi sert la chaux ou comment les ETA utilisent les matériels les plus récents… “Nous pensons qu’en expliquant bien les choses, nous gagnerons en image de marque et aurons moins de difficultés à recruter“, explique Marie Cousin qui croit noter un élan vers ces métiers, qui n’existait pas encore il n’y a pas si longtemps. “Des anciens mécaniciens automobiles n’auraient jamais imaginé travailler chez nous alors qu’ils peuvent largement y trouver leur compte“, illustre-t-elle.
“L’agriculture et les métiers qui l’entourent ont longtemps été réservés aux enfants d’agriculteurs mais ce n’est plus le cas aujourd’hui“, pense celle qui a notamment réalisé des vidéos des différents métiers existant chez Cousin agricole avec cette idée de “rendre l’agricole ludique“. Elle pense même à faire quelque chose sur TikTok, le dernier réseau social en date pour les plus jeunes, mais calcule aussi que “pour obtenir l’appui d’un influenceur, il faut mettre le prix. Ce serait peut-être davantage le rôle d’une fédération“, invite-t-elle en douceur.
Et son envie de communiquer ne s’arrête pas aux réseaux sociaux. “Nous avons notamment un gros camion qui pulvérise des vinasses. Mais quand ils le voient, beaucoup ignorent ce qu’on pulvérise, ils nous font des reproches, on nous a même lancé des tomates une fois.” Alors pour démêler le vrai du faux, Marie Cousin a eu une idée toute simple : expliquer. “J’ai fait faire de gros autocollants indiquant “J’épands des vinasses de sucrerie, un engrais naturel et local issu de la betterave sucrière” que nous avons apposés sur le camion.“
Faire de la pédagogie pour l’image de marque et pour travailler dans de bonnes conditions, et ça marche : la vidéo dudit camion floqué a été vue plus de 300 000 fois sur les réseaux sociaux. “Un buzz énorme“, ne réalise toujours pas la jeune femme qui a aussi joué les directrices des ressources humaines il y a peu. “C’était pour Terres de Jim, j’avais fait un énorme panneau avec des fiches métiers, et des codes QR renvoyant à notre site et un formulaire de candidature : nous avons recruté cinq personnes issues de milieu complètement différents parmi lesquelles un ancien militaire“, savoure celle dont le véritable poste est en réalité “couteau suisse”.
On vous reparlera d’ailleurs bientôt de cette récolteuse à petits pois fabriquée maison pour s’extraire du monopole hollandais et dont Marie Cousin n’envisage pas moins qu’accompagner l’essor mondial.
Justine Demade Pellorce