Votre météo par ville
Auchan, enseigne de la galaxie Mulliez, a présenté aux représentants de ses plus de 53 000 salariés en France des projets de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) majeur. Au total, ce sont 2 389 postes qui sont concernés, dans toutes les sphères de l’entreprise. Les syndicats épinglent le manque de “stratégie dans la longueur” de la direction et sont pessimistes quant aux chances d’éviter la “casse” des emplois.
Auchan prévoit une cure d’amaigrissement à différents niveaux. D’abord, une mutualisation de fonctions support entre différentes entités au sein de ses sièges (784 postes potentiellement concernés). Ensuite, une organisation “plus agile et autonome” de son réseau de magasins, pour un possible total de 915 postes menacés. Au programme aussi, la fermeture de trois entrepôts assurant l’activité de livraison directe à domicile, à Paris, Lille et Lyon, qui entraînerait 224 suppressions de postes. Enfin, la fermeture d’une petite dizaine de magasins “dont les foyers de pertes sont tels qu’on a du mal à voir une issue à brève échéance“, selon une source proche de la direction. Soit 466 postes menacés, principalement dans trois hypermarchés à Clermont-Ferrand, Woippy (Moselle) et Bar-le-Duc, et un supermarché à Aurillac.
À lire aussi : Dans les Hauts-de-France, des impacts encore flous
“J’ai le souci de savoir ce qu’on a fait dans ces groupes de l’argent public qu’on leur a donné“, a commenté mardi le Premier ministre Michel Barnier, répondant à une question sur le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) dont avait profité Auchan ou Michelin, qui annonce également la fermeture de deux sites. Joint par l’AFP, Auchan a répondu que “la réduction annuelle de charges de 83 millions accordée au titre du CICE entre 2013 et 2018 a été intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif,” notamment la redistribution “du pouvoir d’achat à ses collaborateurs“. L’entreprise indique par ailleurs avoir “payé 258 millions d’impôts et de taxes (hors taxes collectées : TVA, taxes sur les alcools, TICPE) et 607 millions d’euros de charges sociales pour la part patronale” au seul titre de 2023, “contribuant ainsi” aux finances publiques. Sur X, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a affirmé avoir demandé “une rencontre rapide” avec la direction d’Auchan “pour discuter de l’avenir des emplois”.
La direction d’Auchan espère limiter le nombre de licenciements secs via un accompagnement des collaborateurs concernés, des formations de reconversion, des congés de reclassement et un plan de départs volontaires. Elle prévoit aussi la création de 114 postes dans les activités de “drive” (récupération des achats en ligne) et 205 au sein des fonctions support.
Auchan Retail avait déjà annoncé en septembre 2020 la suppression de 1 475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en janvier de la même année. Longtemps considéré comme l’un des acteurs les mieux-disants au niveau social dans la grande distribution, Auchan enchaîne les mauvais exercices économiques, et sa holding Elo Groupe a annoncé en juillet une perte nette de près d’un milliard d’euros sur les six premiers mois de 2024. Plusieurs facteurs expliquent les difficultés d’Auchan en France : sa part de marché d’abord, à 9,1 % au dernier pointage, qui en fait le cinquième acteur du marché français, loin derrière le leader E.Leclerc (24,1 %). De plus, Auchan fonctionne sur un modèle intégré – il est propriétaire de ses magasins -, contrairement à des enseignes comme E.Leclerc et Intermarché qui réunissent des indépendants. Ce modèle intégré génère des coûts de fonctionnement plus élevés. Le groupe prévoit de réduire de 25 % la taille de 65 magasins, visant des surfaces plus petites de 8 000 m².
Afp