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Virginie Cugnez : créatrice de savons respectueux de l’environnement

27-01-2023

Actualité

Environnement

Ancienne designer textile pour la haute couture, Virginie Cugnez s’est lancée dans la fabrication, à La Bassée, de savons dont certains valorisent le marc de café des boutiques Méo. Le tout dans une démarche quasi-zéro déchet. Une quête de sens, dans tous les sens du terme.

Virginie et Hubert Cugnez dans leur bulle. © J. D. P.

Elle a commencé à faire des savons pour nous. Et pour les copains, puis les copains des copains. ” Hubert Cugnez, compagnon à la ville comme à l’atelier de Virginie, raconte les prémices de ce qui deviendrait Möbius et Savon de Roubaix, deux marques produites dans la savonnerie installée à La Bassée (62). La première se veut davantage haut-de-gamme et la seconde plus brute. 

Originaire de Besançon, Virginie fait une école supérieure d’arts et de design à Mulhouse avant de rallier Roubaix, où elle s’installe en 2007. Elle vient de décrocher un poste chez Jarilux, entreprise de design textile dédiée au marché du luxe à Mouscron (Belgique). Six ans plus tard, c’est la perte de sens pour la jeune femme. ” J’en avais ras le bol du monde du luxe. Aussi de la grande consommation, du tout fait et de l’absence de qualité “, égraine Virginie Cugnez comme autant de motifs de quitter son emploi et de se lancer dans la confection de savons artisanaux. ” Je faisais déjà mes produits ménagers, mes cosmétiques. Et je me suis naturellement mise à faire mes savons. ” Un coup de foudre pour ce processus quasi ” magique “, où l’on voit “ les ingrédients se transformer sous nos yeux “.

Saponification à froid

Son choix se tourne vers la saponification à froid, ” qui utilise le moins d’énergie possible et préserve les bienfaits des ingrédients ” : huiles et soude. ” Je me souviens de mes premiers savons : je ne maîtrisais pas grand-chose et ils ne moussaient presque pas. Mais je les aimais déjà “, raconte la passionnée.

En 2015, accompagnée par la Boutique de gestion (BGE) de Roubaix, elle crée sa petite savonnerie. Il lui aura fallu deux ans pour monter le dossier administratif et créer, surtout, les recettes des neuf premiers savons de la gamme. Möbius était née. Le tout dans une démarche de qualité et de respect maximal de l’environnement. Möbius, d’ailleurs, est le nom de ce mathématicien et par extension du ruban qui lui avait permis de matérialiser l’idée d’infini avec cette forme, qui n’a ni début ni fin. On saisit la philosophie.

Colza et huile de prunes

Hubert rejoint l’entreprise en 2018 pour prêter main-forte en production mais aussi à l’administratif et au marketing. Virginie, l’artisan-savonnière du couple, est plutôt du genre à rester dans sa bulle.

Aux premiers savons de la gamme (parmi lesquels le citron pavot, le verveine spiruline ou encore l’air méditerranéen avec ses vagues de cèdre et d’eucalyptus) s’ajoutent bientôt un shampoing solide, puis deux autres savons en collaboration avec les cafés Koota, la gamme équitable de Méo. Prochain produit proposé, le déodorant solide à l’huile de chanvre et au houblon des Flandres pour leur aspect antibactérien, et que Virginie a reformulé des dizaines de fois. Les ingrédients utilisés dans la saponification sont dans l’idéal biologiques et équitables ou locaux.

Un savon, c’est généralement de l’huile d’olive bio, du beurre de coco, du karité pour les peaux sensibles ou des huiles végétales pour leurs qualités spécifiques : l’huile de prunes de Gascogne (en réalité l’huile produite à partir des noyaux de pruneaux d’Agen) pour leur odeur paradisiaque, celle de noisette ou de caméline, de lin pour ses effets détachants, de chanvre antiseptique ou de colza bio (celle-ci provient de Rubempré vers Amiens où le couple va faire remplir ses bidons, pas de déchets)…

Un savon, c’est toujours le même principe : on fait fondre les beurres, l’huile et la soude ; on mixe à moins de 40°, c’est ce qu’on appelle la saponification à froid c’est-à-dire qu’on chauffe juste ce qu’il faut pour faire fondre les beurres mais qu’on ne les cuit pas. Il faut observer l’apparition de “la trace” : ce moment décisif où l’ensemble du mélange a été transformé par la soude et où la surface s’épaissit, cela se joue à deux ou trois minutes près. On intègre alors les macérats, les plantes médicinales, huiles végétales riches (comme le laurier ou la prune), huiles essentielles puis on verse dans les moules, ici fabriqués main par l’escaliéteur de père de Virginie. ” Alors qu’il faut bien une journée de préparation, la production en elle-même prend deux heures maximum “, résume Hubert Cugniez.

Démarche de transparence

La pâte durcira en 12 à 24 h selon sa composition et les conditions atmosphériques. Elle sera ensuite démoulée, découpée à la guitare, outil composé de cordes métalliques lui aussi fabriqué main, et tamponnée du nom de la marque puis placée ” en cure ” pendant deux mois.

Sur le même principe que le fromage. La durée légale est d’un mois, afin que la recette soit totalement stabilisée. Nous choisissons de les y laisser deux mois pour obtenir des savons plus secs, qui dureront plus longtemps “, explique Virginie qui évoque un autre parti pris : pas de labellisation en bio alors même que tous les ingrédients végétaux le sont, à part deux ou trois dont l’huile essentielle de carotte qui provenait du bout du monde et qui a été troquée contre une plus locale de carottes sauvages mais non bio.

Au label, nous préférons une liste des ingrédients en français, explique la savonnière. C’est une démarche de transparence et de responsabilisation de l’acte d’achat “, milite celle qui a également décliné son savoir-faire dans une recette toute simple : huile de colza locale et beurre de coco bio (parce que local, c’est plus compliqué) qui donnent naissance à l’Authentique savon de Roubaix, un savon pour tout le monde et pour tous les usages, depuis l’hygiène corporelle jusqu’au ménage dans la maison. ” Sur cette base nous avons ensuite créé les gommages au marc de café “.

C’est Pierre Sénéchal, directeur de la communication de Méo, qui va vers Virginie avec cette envie de valoriser le marc de café des boutiques de Lille et La Madeleine. ” Pendant qu’il nous expliquait ça, les idées s’enchaînaient déjà “, se souvient la savonnière qui décline aujourd’hui trois gommages solides contenant du marc de café : un peu pour le visage avec la formule ” Café crème “, un peu plus pour le corps avec ” L’expresso ” et encore davantage pour les mains et les pieds avec le ” Ristretto “. Dernier né chez Les savons de Roubaix, le Ch’ti Noël et ses notes gourmandes d’agrumes et épices, vous l’aurez deviné.

Justine Demade Pellorce

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