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Les conseillers agricoles font évoluer leurs pratiques. Dans le Ternois, Christophe Guille organise habituellement un tour de plaine par semaine. Chaque lundi, entre 10 à 20 agriculteurs se retrouvent sur une exploitation. Questions techniques, conseils, partages d’expérience… c’est un temps d’échanges essentiel. Mais ça, c’était avant. Le conseiller en productions végétales au Geda du Ternois (groupe d’études de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais) a mis au point une nouvelle technique : le tour de plaine virtuel.
Il envoie désormais, chaque semaine, une vidéo accompagnée d’un document technique aux adhérents du groupe culture du Geda. Fin mars, il poste déjà sa troisième vidéo. Le conseiller a commencé dès le début du confinement : “Il faut rebondir tout de suite, il ne fallait pas attendre”, estime-t-il.
Équipé d’un téléphone et d’un drone, Christophe Guille se rend désormais seul dans les exploitations, dans les parcelles. Il ne croise personne. Une vidéo d’un quart d’heure permet de faire le point sur l’état des sols et des cultures. Il filme le lundi matin, et le mardi suivant, au plus tard, les agriculteurs du groupe ont la vidéo dans leur boîte mail !
“Il sont très contents, témoigne Christophe Guille. En général, on avait 10 à 20 personnes qui venaient au tour de plaine. Aujourd’hui, j’ai une centaine de vues sur les vidéos ! C’est une alternative qui va sûrement être reconduite, car les gens n’ont pas toujours tous le temps de venir. Il y aura toujours une visite de terrain, pour garder l’humain avant tout, mais on va sûrement continuer avec ces tours de plaines numériques”.
Une adaptation difficile ? Pas vraiment pour le jeune homme, qui est aussi spécialisé en nouvelles technologies. “J’avais déjà fait ça, confie-t-il. J’ai dû me remettre un peu à jour mais ça ne me pends pas forcément plus de temps. »
Mais ce n’est pas tout. Les échanges se font aussi par l’application Whatsapp. “Depuis le début du confinement, j’ai fait des appels en visio avec des gens qui m’ont fait voir leur parcelle à distance, ajoute Christophe Guille. Aujourd’hui on arrive à bien voir!”.
Un groupe de discussion avait été créé entre les adhérents il y a un mois : “Il y a beaucoup de publications maintenant, et ce n’est pas forcément moi qui répond aux questions. Les gens se prennent vraiment au jeu, là ils sont en plein désherbage mécanique à la houe et il font des vidéos”.
“C’est un format qui convient, notamment aux gens qu’on ne voyait pas forcément en tour de plaine avant. Ils peuvent participer ou regarder la video quand ils veulent”
Samuel Bueche, de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais, coordonne quant à lui la publication des Bulletins de santé du végétal (BSV) et les expérimentations pommes de terre. Il est aujourd’hui confiné en télétravail.
Concernant le BSV, le suivi est assuré: « Le réseau est toujours alimenté par nos observateurs qui se déplacent avec leurs attestations, souligne-t-il. On a maintenu les même volumes d’observations, c’est encourageant.”
Concernant les expérimentations variétales en pommes de terre, en revanche, le planning est légèrement chamboulé.
“Pour l’instant, je récupère les plants et je vais préparer mes échantillons, explique Samuel Bueche. C’est un travail de fourmi et normalement je sollicite une dizaine de collègues ! Toutefois, nous allons attendre la fin du confinement, et dès qu’on pourra on interviendra pour mettre les essais en place.”
Parfois déstabilisant, le télétravail demande à chacun de trouver un nouveau rythme. De communiquer autrement, d’utiliser de nouveaux outils. Mais il semble qu’entre les agriculteurs et les conseillers agricoles, le lien ne se soit pas coupé !
Laura Béheulière