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« Avoir un atelier de découpe de carcasses aux abords du nouvel abattoir de Fruges permettrait de commercialiser plus largement la viande découpée, estime Joël Rolin, agriculteur à Reclinghem (62). Avec un abattoir flambant neuf et répondant aux normes de l’agrément communautaire, la viande pourrait être vendue à des restaurants ou des bouchers. » C’est dans cette perspective que l’agriculteur, qui doit bientôt prendre sa retraite, a motivé quelques éleveurs pour étudier ce projet.
La découpe de viande, ça le connaît. Joël Rolin est déjà propriétaire, avec deux autres agriculteurs, d’une salle de découpe depuis 2002. « Notre atelier répond aux normes de l’agrément de remise directe, explique-t-il. La viande issue ne peut être vendue à des revendeurs. » Ce qui convient très bien à la trentaine d’éleveurs qui adhèrent à ce service. « Ils conditionnent eux-mêmes la viande et peuvent ainsi vérifier la qualité », reconnaît l’agriculteur. Cela leur permet ensuite de vendre la viande en caissette directement aux consommateurs.
Chaque année, 170 tonnes de viande y sont découpées : bovins, porcins et ovins. Mais le fonctionnement de cette salle de découpe n’est pas optimal. Elle atteint une taille critique. Des volumes supplémentaires permettraient pourtant de réduire les coûts de fonctionnement et donc d’être plus rentable.
Plutôt que de réaliser des travaux dans la salle existante, qui pourrait fermer avec le départ de Joël Rolin, pourquoi ne pas écrire une nouvelle page ? « C’est l’occasion de créer un nouvel outil qui réponde à de nouveaux marchés et donc à des normes plus exigeantes », reconnaît-il.
Pour savoir de quoi il en découle, quelques éleveurs intéressés se sont rendus en Mayenne pour visiter une salle de découpe dernier cri. L’ambition de ce groupe est de créer un atelier similaire à Fruges, près du futur abattoir. « L’idée est d’avoir une surface suffisante de travail, de stockage et des frais de structure et administratifs optimisés pour que l’atelier soit davantage rentable, ajoute Joël Rolin. Peut-être qu’on pourra y faire de la transformation. Bien sûr, l’investissement sera en conséquence. » Le groupe d’éleveurs a chiffré le projet : il s’élève à un million d’euros.
Pour assumer cet investissement, il faut être nombreux, Joël Rolin en a bien conscience. « Il faudrait au moins doubler le nombre actuel d’adhérents. Nous passerions sur un fonctionnement de coopérative mais à taille humaine. Cela demande de trouver des éleveurs intéressés par la vente directe de viande en caissettes mais aussi par la vente aux cantines, restaurateurs et bouchers. »
Joël Rolin en est sûr : la valorisation de la viande doit revenir aux éleveurs, par la propre commercialisation de leurs produits.
Lucie Debuire