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À la ferme L’écusson de la saveur à Doignies, dans le Nord, les vacances sont cette année… apprenantes. Membre du Savoir vert, Laurent Bauduin a l’habitude d’accueillir des écoliers pour leur faire partager son métier d’agriculteur. Cette fois, place aux vacanciers. Cet été, le Nordiste a répondu à l’appel du gouvernement des “Vacances apprenantes”.
Mardi 11 août 2020, douze jeunes de 3 à 7 ans ont passé la journée à la ferme. Le matin, ils sont partis à la découverte de la traite avec un atelier animé par Bauduin et Anaïck, sa fille âgée de 21 ans. “Ils comprennent ainsi d’où vient le lait qu’ils boivent et qu’ils voient dans les magasins“, se réjouit Joanita Gabet, directrice adjointe de la colonie organisée par l’association Imagine, basée à Wervicq-Sud (59).
Bientôt, les vaches n’auront plus de secret pour eux. Et les lapins non plus. “Leur maison s’appelle un clapier“, précise Laurent Bauduin en présentant un petit mammifère noir aux longues oreilles prénommé “Pirate” que les enfants se mettent à brosser. Après la traite, place à la fabrication de faisselle, avec laquelle ils repartiront.
Casquettes vissées sur la tête sous un soleil de plomb, les enfants se dirigent ensuite dans le labyrinthe de maïs de 40 000 m2. Devant chaque panneau pédagogique, l’éleveur s’arrête sur le chemin pour lire des devinettes à voix haute, sur le thème de la nature et des animaux. “Alors les enfants, on va à droite ou à gauche ? C’est vous qui décidez !”, déclare le maître des lieux avec entrain. L’objectif ? Les responsabiliser et les motiver, pour leur donner le goût de se cultiver.
La ferme, les enfants la connaîtront sur le bout des doigts à la fin de leur séjour. Cette année, ils logent deux semaines à la Ferme des trois tilleuls à Sailly-les-Cambrai (59). “Comme on ne pouvait pas aller bien loin à cause du coronavirus, le président de l’association Imagine a pensé à un séjour de 15 jours à la ferme, à moins de 200 kilomètres“, explique Joanita Gabet.
Et grâce à l’aide financière de l’État par le biais des vacances apprenantes, “On peut organiser davantage d’activités cet été, se réjouit-elle. Pas plus tard qu’hier, les enfants ont appris à faire du pain.”
Autre nouveauté cette année : les enfants doivent se pencher une heure par jour sur leur “cahier de colo” pour retourner en douceur dans le bain de l’apprentissage. À l’intérieur, des images découpées et collées par leur soin, illustrent ce qu’ils ont appris dans la journée.
“Les enfants ne se plaignent pas de la chaleur, ni de la marche. En revanche, ils bougonnent quand on parle de l’école. On aimerait réussir à leur donner envie d’apprendre, autrement”, ajoute la directrice adjointe de l’équipe d’animation. Quand elle les voit écouter d’une oreille attentive l’agriculteur Laurent Bauduin, le pari semble gagné. “Il est très pédagogue, ça se voit qu’il aime son métier.”
L’éleveur installé depuis 1993 en est convaincu : “Quelles que soient les classes sociales ou le milieu d’où l’on vient, il y a toujours à apprendre. Même lorsque je reçois de jeunes ruraux, je me rends compte qu’il leur reste encore beaucoup à découvrir”, affirme l’adhérent au Savoir Vert, l’association qui le met en lien avec les établissements pour ces “Vacances apprenantes”.
Pour terminer, quoi de mieux que de jouer au frais à “cache-cache” dans l’étable, avant de se retrouver dans une piscine… de paille ! Un bon prétexte pour rappeler à quoi sert le foin : “C’est de l’herbe qui a séché au soleil et au vent. Elle va servir à nourrir les vaches, en plus des céréales et du maïs”, précise l’agriculteur.
Toutes les bonnes choses ont une fin. Les enfants montent dans le bus la tête bien pleine, tout comme leurs mains remplies de pots de faisselle.
Sensibiliser au développement durable
L’opération vacances apprenantes a été lancée en juillet 2020 par le gouvernement. L’objectif est « de répondre au besoin d’expériences collectives, de partage et de remobilisation des savoirs après la période de confinement qu’a connu notre pays. Les enfants et les jeunes les plus privés de ces apports doivent se voir proposer une offre d’activités spécifique et renouvelée », peut-on lire sur le site du ministère de l’Éducation nationale, qui pilote le dispositif. Parmi les actions : des séjours en zones rurales peuvent être organisés afin de sensibiliser les élèves au développement durable, comme avec cette colonie de l’association Imagine de Wervicq-Sud (59).
Lauren Muyumba