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Recevoir une certification HVE (haute valeur environnementale) niveau 3 est bien souvent l’aboutissement de nombreuses années de travail, de remises en question de ses pratiques et d’essais. Interview de Philippe Demarquilly, agriculteur en grandes cultures avec son fils, Thomas, également propriétaire d’une microbrasserie à Hénin-Beaumont (62). Ils ont officiellement reçu le sésame vendredi 29 janvier 2021 à la ferme pilote du groupe Carré à Gouy-sous-Bellonne (62).
Cela fait trois à quatre ans que nous travaillons dans notre exploitation sur des pratiques agroécologiques. Pour la biodiversité, nous avons réimplanté des haies, nous continuons d’entretenir celles déjà présentes et nous avons intégré des jachères dans notre assolement.Concernant les intrants, nous avons diminué notre IFT (indice de fréquence des traitements) en investissant dans une station de traitement de l’eau. En moyenne, nous utilisons 30 % de moins de produits phytosanitaires.
Nous avons également testé l’utilisation de biostimulants. Ils permettent de renforcer les défenses de la plante et permettent une meilleure décomposition du sol. L’idée est de retrouver un sol vivant pour qu’il puisse se défendre face aux aléas. Nous avons donc épandu de la fumure de fond organique et ainsi diminué les apports d’engrais chimiques. Aussi, nous avons réduit les fréquences des labours sans pouvoir l’arrêter puisqu’il est essentiel pour le désherbage de certaines parcelles. Nous nous appuyons élégamment sur des OAD (outils d’aide à la décision) et des stations météo pour intervenir dans nos champs.
Tout d’abord c’est une reconnaissance des efforts que nous réalisons depuis trois ans, cela redore le blason de notre agriculture française et cela donne de la valeur à l’exploitation.
La certification HVE est un challenge à relever et cela demande un investissement en temps mais aussi financier. Nous devons absolument avoir un retour sur cet investissement. Pour le moment, nous allons apposer le logo sur nos bouteilles de bière et espérons valoriser la certification directement. Mais du côté des cultures de vente, les transformateurs n’ont pas encore de marchés spécifiques à nous proposer. On sent que ça bouge, que certains industriels en parlent davantage mais les filières ne sont pas encore prêtes pour valoriser nos produits. Une chose est sûre, nous ne voulons pas que la HVE devienne un simple accès aux marchés.
La certification HVE nous donne envie d’aller encore plus loin dans nos réflexions. Nous travaillons plus intelligemment, j’estime que nous ne faisons plus le même métier qu’il y a dix ans. En faisant partie de l’association “Éco Phyt“, nous sommes stimulés dans nos démarches et cela donne envie de s’impliquer dans les bonnes pratiques agricoles. L’équipe est motrice et sans elle, je ne serais jamais arrivé au bout de la certification HVE, qui est tout de même très exigeante.
Propos recueillis par Lucie Debuire