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Qu’on ne se le cache pas, c’est certainement l’un des événements les plus attendus de l’année ! Le championnat international de la frite se tiendra à Arras, le samedi 7 octobre prochain, sur la Grand’Place. Les candidats avaient jusqu’au 15 août pour s’inscrire : « Nous avons reçu de beaux dossiers de candidature », témoigne Marie-Laure Fréchet, membre du jury.
Organisée par l’office de tourisme d’Arras, notamment dans le cadre de la « Région européenne de la gastronomie 2023 », la première édition de cet événement est parrainée par le critique culinaire François-Régis Gaudry, hôte, entre autres, de l’émission « On va déguster » sur France Inter. Quant au président du jury, il s’agit de Jean-Paul Dambrine, le patron des friteries Sensas.
Les candidats ont pu s’inscrire dans l’une des quatre catégories : frite authentique, frite créative, frite familiale et sauce frite. Pour les épreuves de frites, le jury présélectionnera sur dossier huit demi-finalistes, qui s’affronteront dans la matinée du 7 octobre, devant le public. À l’issue, quatre finalistes par catégorie seront choisis pour disputer la dernière manche, dans l’après-midi. L’épreuve de sauce se déroulera, quant à elle, sans demi-finale : huit finalistes seront directement sélectionnés sur dossier et devront exécuter leurs plus belles recettes dans l’après-midi. Chacune des épreuves durera une heure et demie. À noter que les catégories frite authentique et sauce frite sont exclusivement réservées aux professionnels de la restauration, à l’inverse des deux autres ouvertes aux amateurs.
À la clé, de jolis trophées, des dégustations à la pelle et une valorisation d’un patrimoine cher à nos cœurs. « Il s’agira toujours de promouvoir une cuisine gourmande et authentique prônant une alimentation vectrice de moments chaleureux, ancrée dans les territoires autour d’un produit emblématique : la pomme de terre », précise l’office de tourisme d’Arras, qui se fend d’une brève définition de la frite : « obligatoirement une frite de pomme de terre cuite dans une graisse animale ou végétale. »
Marie-Laure Fréchet, qui, au-delà d’être membre du jury, est également journaliste culinaire originaire de la région, se plaît à détailler davantage : « La frite doit être fraîche, il faut bien choisir la variété de pomme de terre, en l’occurrence une pomme de terre à frite. On parle souvent de la Bintje, mais depuis d’autres variétés toute aussi fritables ont été mises au point. En général, la coupe est en bâtonnet, d’un centimètre sur un centimètre. Elle peut-être plus fine, mais pas trop, il s’agit sinon d’une allumette. Surtout, la cuisson est cruciale. La frite doit être moelleuse à l’intérieur, croquante à l’extérieur, et appétissante au regard. »
La gastronome, qui se qualifie de « lobbyiste des produits de notre région », n’a d’ailleurs pas hésité à créer tout récemment « la confrérie de la frite fraîche maison » d’Arras, afin de sanctuariser ce patrimoine culinaire, historique, voire sociologique. Pas de grande cape ni de chapeau d’un autre âge pour les 12 membres de la confrérie, mais un tablier et une casquette de friteur. « On voulait faire moderne », rit Marie-Laure Fréchet, qui organisera le premier défilé de la confrérie ce week-end du 27 août à Arras, lors de la fête de l’Andouillette. Car « quoi de mieux qu’une bonne frite pour accompagner l’andouillette ? », lance la journaliste. Elle rappelle que c’est Charles de l’Écluse, un botaniste et médecin flamand du XVIe siècle, parti étudier les plantes exotiques en Hollande, qui publie le premier un dessin de pomme de terre dans un traité de botanique (voir aussi notre édition du 28 juillet 2023 sur l’histoire de la botanique dans les Hauts-de-France).
Il se trompe d’ailleurs à l’époque, et classe le tubercule dans les arachides. Peu importe, il vient d’apporter au Nord l’un de ses mets préférés, qui sera frit d’abord par des marchandes de rues françaises, puis par nos voisins belges, qui créeront la friterie sous la forme qu’on lui connaît. Mais rendons à César ce qui est à César, Charles de l’Écluse, lui, était bien Français et même « natif d’Arras », précise la journaliste. La boucle est bouclée.
Marion Lecas