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Amandine Dufour est une fille de la ville, qui ne se sent jamais aussi bien que dans la nature. A fortiori près de la mer. Et c’est probablement la faute de sa mère comme souvent, puisque petite elle partageait le travail du jardin avec elle et, alors que ce n’est pas du tout à la mode, toutes les deux se soignaient partiellement avec des plantes. « Petite, la nature était une obsession, se souvient la trentenaire. Je ne savais pas comment mais mon objectif était de préserver la nature. »
Voilà pour la graine, qui germe ensuite pendant un master 2 d’écologie option gestion de la biodiversité : un choix guidé par cette idée de Karl Von Linné, naturaliste suédois auteur de la classification des espèces, que pour préserver les choses, il faut les connaître.
Si bien qu’elle n’arrive pas à choisir entre l’orientation terrestre ou maritime en licence de biologie, et qu’elle enchaîne deux années, histoire de ne pas choisir. Elle commence par une année en marin, son domaine préféré, et embraie sur une année de terrestre, où les opportunités professionnelles sont les plus nombreuses. Toujours la balance de la tête et du cœur.
Curieuse de comprendre le fonctionnement des végétaux et des animaux, avec une préférence pour les plantes, merci maman, elle aurait pu poursuivre les études encore longtemps, mais, issue d’une famille modeste, compliqué de s’imaginer encore étudier des années sans se lancer dans un métier.
Son cœur balance mais sa raison l’emporte. Et, au lieu de poursuivre avec des études d’océanographie par exemple, Amandine Dufour, le sens pratique inculqué depuis sa plus tendre enfance, devient écologue pour un bureau d’études. « J’ai très vite trouvé un poste à la sortie des études, alors que j’en voyais beaucoup ne pas trouver. Mais je crois que c’est parce qu’ils avaient entrepris ces études sans être forcément passionnés. » Pas le cas de notre jeune femme vous l’aurez compris.
Son premier poste, basé à Lille, concerne des dossiers d’ouvertures de carrière, des sites et sols pollués ainsi que le développement d’un pôle écologie : elle passe six ans à établir les impacts des divers projets humains sur l’environnement. Avec, dans un coin de sa tête toujours, l’envie de se rapprocher de la mer.
Sans trop y croire, parce que sa modestie lui fait croire que d’autres seront plus qualifiés, elle postule sur le littoral. Et est embauchée dans un bureau d’études en écologie à La Capelle-lès-Boulogne (62), n’en déplaise à sa modestie.
Chez Alfa, elle réalise des plans de gestion de milieu naturel de Berck à Dunkerque, des études réglementaires et dossiers pour les projets d’aménagement et assure enfin la formation d’agents du public aux milieux naturels et à la gestion des espaces.
Dans son élément, Amandine Dufour s’intéresse de plus en plus aux plantes, veut savoir pourquoi elles s’appellent comme ça, quelles sont leurs vertus. Et se lance dans une formation en phytothérapie et en herboristerie à l’école des plantes de Bailleul. Deux années d’études, entre 2017 et 2020, à l’issue desquelles elle peut se prétendre herbaliste, car le titre d’herboriste a disparu depuis 1941 avec le choix de Pétain de réserver le commerce des plantes aux pharmaciens. « Mais on s’est toujours soigné avec des pantes. On tend trop souvent à opposer les médecines, mais je pense qu’elles sont complémentaires au contraire, il n’y a qu’à voir en Chine ou en Inde. Les plantes permettent un travail de fond, elles sont là pour réguler et soigner un terrain mais évidemment qu’on ne traitera pas de cancer avec des plantes. Elles sont là en prévention ou pour soigner des maux chroniques », défend Amandine Dufour.
Aujourd’hui il n’y a plus de diplôme officiel et 141 plantes ont été libérées du monopole pharmaceutique. « Moi j’ai fait ça par curiosité et pour pouvoir me soigner naturellement et aider les gens autour de moi, des personnes que je vois parfois en galère sur des petites choses que les plantes pourraient soigner », pense la jeune femme qui regrette « une réglementation avec beaucoup de vides qui peuvent permettre de faire n’importe quoi. Les plantes peuvent avoir de graves effets, comme des contractions ou des avortements : on ne peut pas faire n’importe quoi. » La précautionneuse ajoute : « J’aime quand les choses sont claires et aujourd’hui il manque clairement un cadre réglementaire comme il peut exister en Belgique, en Suisse, aux États-Unis ou au Canada par exemple. »
Consciente que « la santé est la chose la plus précieuse que l’on possède » et que « notre corps est un sanctuaire qu’on se doit de respecter et d’optimiser », Amandine Dufour voit dans la connexion à la nature et le soin par les plantes une solution naturelle.
Justine Demade Pellorce