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Les dispositifs de paniers de légumes en circuit court comme La ruche qui dit oui, Le circuit-court ou encore le réseau des Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) se développent depuis quelques années.
Un concept dont Martin Desurmont, 24 ans, était d’ailleurs utilisateur « pendant mes études notamment. Ce type de projet m’a toujours parlé. La proximité avec les agriculteurs, le fait qu’on contribue à les faire vivre de leur travail et manger des légumes locaux et de saison, tout ça était en accord avec mes valeurs ».
Mais quand il entre dans le monde de l’entreprise il se rend compte qu’un maillon manque dans la chaîne : les employés. Il décide donc de créer Épibox en décembre dernier. Et si l’entreprise est jeune, il semblerait que le filon soit le bon.
Pourtant, bien qu’il ait beaucoup de valeurs communes avec ce type de projets, c’est par hasard qu’Épibox est née.
« Moi je voulais être ingénieur donc après le bac je suis entré à l’Icam (Institut catholique des arts et métiers) à Lille. Je ne visais pas de domaine en particulier, je voulais garder une certaine ouverture. Tout ce que je savais c’est que j’aimais la logique derrière l’ingénierie, c’est-à-dire trouver des solutions à des problèmes. »
Pendant son parcours, il décide de réaliser trois ans d’études en alternance. « J’ai intégré l’entreprise Altrad Endel, qui est spécialisée dans la maintenance industrielle et les services à l’énergie. Ils font notamment de l’accompagnement stratégique pour les entreprises. J’y occupais un poste un peu particulier car je n’étais pas missionné sur un sujet précis, c’était assez transversal. Ce qui m’a beaucoup plu d’ailleurs car cela m’a permis de voir différents modèles d’entreprise et de comprendre de l’intérieur comment fonctionne ce milieu. »
Diplômé en 2022, il décide de poursuivre un peu ses études avec un master entrepreneuriat à Paris. « Dans ce cadre j’ai fait un stage chez Dagoma, à Euratechnologies. J’ai ainsi découvert le monde des start-up, qui m’a lui aussi beaucoup plu et d’avoir vu ces deux manières d’être une entreprise m’a permis de comprendre des choses qui me sont utiles aujourd’hui. »
En parallèle de son master, il a l’idée avec des copains de créer une entreprise qui s’appellerait justement (on vous le donne en mille) , Épibox. « Mais ça ne fonctionne pas. On était incubé à Euratechnologies mais finalement je me retrouve en décembre avec ce projet avorté et ne sachant plus vraiment ce que je voulais faire. Et mon frère me parle de cette maraîchère qui livre des paniers de légumes dans son entreprise, à La maison du Coworking, à Marcq-en-Barœul (59). » Le déclic.
La maraîchère c’est Élise Canion, cheffe de l’exploitation Le potager de la grande ourse, à Marcq-en-Barœul. « Mon frère m’explique que le concept marche bien mais que ce n’est pas très organisé, que c’est “l’office manager” qui est en charge de cela… Je me dis qu’il y a quelque chose à faire pour rendre cela plus fluide pour elle et les employés. »
Il contacte donc Élise Canion et lui propose de créer un site internet permettant aux employés de réserver leur panier et de le payer en ligne. « Comme cela, elle sait exactement combien de paniers elle doit livrer et n’a plus le problème du paiement à gérer. » Tout cela gratuitement. « Mon pari c’est qu’il était probable que d’autres maraîchers, primeurs et entreprises pourraient être intéressés. »
Une fois le site créé, en à peine une semaine, les premières commandes sont réalisées via la plateforme. « Élise était contente, j’étais content. Élise nous explique qu’elle peut faire plus et on décide donc – entre-temps, j’ai été rejoint sur le projet par un ami, Vianney Deregnaucourt – de proposer nos services au collège Rouge Barres, pour l’équipe pédagogique et administrative, toujours à Marcq. Ça accroche direct. »
Mais voilà, cette fois Élise atteint sa limite. « On se dit que c’est dommage et on décide donc d’aller faire de la prospection sur les marchés pour recruter un maraîcher ou un primeur. » C’est ainsi que Fabrice Dewiere, primeur, rejoint l’aventure et qu’un nouveau partenariat avec l’Institution de Marcq est mis en place en janvier.
Concrètement, comment fonctionne Épibox ? « Les maraîchers ou primeurs constituent eux-mêmes leurs paniers chaque semaine et nous communiquent le contenu et le prix le week-end précédant la livraison. Nous l’indiquons en ligne et les personnes peuvent commander le panier qui correspond à leur entreprise directement sur le site. En amont, il est préférable d’avoir un contact de référence dans l’entreprise pour la première livraison qui envoie par mail l’information aux autres employés. Par la suite, on se charge nous-même d’envoyer un mail à tout le monde, une fois qu’on a les adresses. Ce qui nous différencie c’est cela, la liberté qui est donnée au producteur de décider de A à Z. Ensuite, nous prenons une commission de 12 % sur chaque panier », décrit Martin Desurmont.
« L’essentiel de notre travail c’est de faire correspondre un producteur avec une entreprise. Il ne s’agit pas de promettre un nombre de paniers à une entreprise si on ne peut pas honorer ce nombre ! Il faut aussi trouver un terrain d’entente sur le jour et l’heure de livraison », explique Martin Desurmont. Mais le jeune entrepreneur à d’autres projets : « On aimerait ajouter des fiches recettes et développer des partenariats avec des écoles mais cette fois, pour livrer des paniers aux parents d’élèves… À terme, on aimerait avoir un vrai réseau de producteurs et d’entreprises. Pour cela, on vise l’ajout de deux producteurs par mois et de quatre entreprises par mois. On fait de la prospection mais les intéressés peuvent nous contacter via notre site internet ! » Avis à bon entendeur.
Eglantine Puel