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Un blob, avez-vous déjà entendu parler de ça ? C’est le nom anglais d’un micro-organisme qui n’appartient à aucun règne : ni animal, ni végétal ni à celui des champignons. Une découverte très prometteuse, selon les chercheurs. C’est aussi le nom d’une toute jeune entreprise qui a vu le jour dans l’incubateur de l’Edhec, à Roubaix (59). Depuis juillet 2019, elle loue des jardins d’intérieur et d’extérieur à des entreprises et espaces de coworking. Un lien entre la petite bête et l’entreprise ? Le côté prometteur, sûrement, mais il faut connaître l’histoire pour l’appréhender.
Des potagers, Cyprien Cambier en a toujours eu chez lui. Alors quand il arrive à Paris après ses études de commerce, un manque se fait sentir. Il essaye ainsi de faire pousser des légumes dans les quelques jardinières qui bordent son balcon. Avec un suivi rigoureux, il fait une première récolte de carottes et tomates.
Dans sa tête, ce jeune cadre, aujourd’hui âgé de 26 ans, voit déjà les choses en plus grand : installer des potagers dans les villes. « Je voyais ça comme une petite contribution à l’agriculture urbaine » explique-t-il.
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Le projet n’est pas encore finalisé qu’il quitte son travail à Paris et se lance dans une formation agricole à l’Institut de Genech. Il intègre à la rentrée 2018 un brevet professionnel responsable d’exploitation agricole en maraîchage.
Cette formation est pour lui l’occasion d’échanger avec les professionnels du métier sur son projet et de mettre à profit ce temps pour le peaufiner.
Cyprien Cambier est rejoint dans cette aventure par son ami, Maxime Roucou. Ils décident de proposer leurs services aux entreprises. L’idée est de louer des jardinières en bois que l’on installe soit en intérieur, soit en extérieur. Les variétés de plantes diffèrent selon l’environnement.
Une sorte de “green team building ». Entendez par là l’occasion de souder des équipes au sein d’une entreprise par le divertissement orienté vers la nature. « Nous voulions proposer des jardins pédagogiques et créateurs de liens afin que les employés d’une même entreprise, qui ne se connaissent pas forcément, conduisent un projet de jardinage ensemble, explique-t-il. L’activité est ludique et créatrice de liens. »
Simple sur le papier, mais après quelques essais, leurs observations les conduisent à un constat : un potager seul ne peut être entretenu par les employés si aucun accompagnement n’est assuré. “Les potagers ne sont pas autonomes. Chacun va arroser sa plante, y mettre sa petite graine mais aucun suivi global n’est réalisé, remarque le jeune entrepreneur. Résultats : soit ce potager est à la charge de l’entreprise, soit il dépérit. Dans tous les cas, c’est un échec.”
Pour empêcher ce phénomène, les créateurs des Blob’s, se focalisent sur la pédagogie. Leur valeur ajoutée, c’est la formation. “Nous nous rendons chez le client pour initier les équipes de jardiniers à la culture maraîchère, explique le jeune homme. La formation dure une à deux heures. Les coéquipiers choisissent les plantes qu’ils souhaitent cultiver, aménagent le potager, apprennent à utiliser les outils et le cycle de la plante.”
Parmi la quarantaine d’espèces inscrite au catalogue des Blob’s, on peut y trouver des tomates naines, du basilic, des haricots nains… Tous ces plants sont bio, issus de la région Hauts-de-France. Car c’est une conviction pour les deux entrepreneurs : «Le bio c’est l’avenir, c’est ce que demande la société. »
Et qu’advient-il de la récolte des légumes ? Elle est soit partagée au sein du groupe de jardiniers, soit au sein de l’entreprise.
Lucie Debuire