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Il n’y a pas besoin de beaucoup de temps pour voir la passion qui anime Augustin Deridder. Il suffit de le voir expliquer son concept, montrer les premiers exemplaires de ses vêtements ou décortiquer la machine à tricoter qui trône dans son atelier pour comprendre. L’ingénieur textile de 27 ans aime entreprendre et il a trouvé dans le textile et le lin de quoi s’épanouir. Ce Roubaisien de naissance compte bien développer son entreprise dans la ville où il a grandi où il est installé dans les locaux de l’ancienne usine Tissel en centre-ville où la municipalité souhaite rassembler divers acteurs de l’économie circulaire. « L’idée de créer une entreprise m’est venue dès la classe prépa. Je ne savais pas encore dans quoi je voulais entreprendre, mais j’avais cette envie-là », décrit-il. À l’époque, il aime tout ce qui touche à la chimie, les combinaisons de molécules… mais il a aussi ce côté créatif. Alors, il se tourne, un peu par hasard, vers le textile. Ça tombe bien, l’École Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles, ou Ensait pour faire court, est située à 300 mètres de chez ses parents. « Mais je ne m’étais jamais demandé ce qu’était cette école. Et puis j’ai été charmé par l’histoire, par le bâtiment. » Et par le textile car à l’Esaat, Augustin Deridder va se former dans le domaine et découvrir notamment le tricotage, on en reparlera.
Au cours de son cursus, il développe cette culture de l’entrepreneuriat qui sommeille déjà en lui. « J’ai pu faire un stage en start-up à Roubaix, à La Gentle Factory, qui fait des vêtements made in France, détaille-t-il. L’objectif était déjà d’observer de l’intérieur le fonctionnement d’une jeune entreprise. » C’est finalement en troisième année d’école, après un voyage à vélo sur les routes ensoleillées (ou non) du Royaume-Uni, que le jeune ingénieur se lance réellement dans l’aventure en créant sa société qu’il baptise Juin fait le lin. « J’ai suivi un parcours entrepreneuriat proposé avec Centrale Lille. C’est vraiment là où j’ai l’idée de faire des vêtements de sport en utilisant des matières naturelles. » Il se tourne d’abord vers la laine mérinos. Problème, cette fibre est produite quasi exclusivement à l’étranger. « Ça me chagrinait un peu, je voulais faire quelque chose de local. » Et puis, au fil de ses recherches, il tombe sur le lin. « Je l’ai découvert par hasard. Je me suis dit, ‘pourquoi je n’ai pas découvert ça avant ?’ Pour moi, c’est un peu une plante magique. » Pour Augustin Deridder, le lin coche toutes les cases : il est produit en France, est économe en intrants… Et il partage certaines caractéristiques de la laine mérinos : thermorégulation, séchage rapide, grosse capacité d’absorption, hypoallergénique. « Il est ce que j’appelle bactériostatique, il va limiter le développement des bactéries. »
Depuis trois ans, le jeune homme s’attache à développer ses produits et se lance tranquillement dans le projet en gardant un contrat de surveillant dans un établissement scolaire en parallèle. Sans épée de Damoclès financière au-dessus de la tête, il teste, teste et teste. Il trouve la bonne formule en travaillant avec la styliste Marion Clément, rencontrée grâce à l’association Lin et Chanvre bio. Une première collection voit alors le jour et est proposée depuis quelques semaines en précommande avec une campagne de financement participatif (lire ci-dessous) pour une production à l’automne. Les vêtements sont réalisés à partir d’une maille inédite car Augustin Deridder a opté pour le tricotage, c’est-à-dire qu’un seul fil est utilisé pour réaliser un vêtement. « On est capable de tricoter le lin que depuis récemment. » Le tricotage donne un rendu souple, le principal avantage selon l’ingénieur textile. Le short sera adapté à la course à pied, quand le legging est destiné à des pratiques douces comme le yoga. « Mais le but est aussi de sortir des produits assez sobres et élégants qu’on puisse mettre dans la vie de tous les jours. » L’ensemble va être confectionné en France, avec des sous-traitants basés dans le Nord, en Occitanie ou en Normandie, de la filature à la teinture, en passant par le tricotage. « L’objectif est de capter un maximum de valeur ajoutée sur le territoire et puis il y a toute une dynamique qui se met en place », observe Augustin Deridder. La fast fashion ? « On se rend compte que ça atteint ses limites à plein de niveaux. Le but est de revenir au bon sens », répond le jeune homme, naturellement ambitieux. Une qualité loin d’être un défaut quand on est déterminé.
Pour le jeune ingénieur textile, le lancement de la campagne de financement était forcément un tournant. Et il est positif ! Ouverte jusqu’au 10 juillet, celle-ci a d’ores et déjà atteint son objectif de 15 000 euros récoltés et le but est maintenant d’atteindre une barre plus haute. Les participants peuvent pré-commander la totalité ou une partie de la première collection de Juin fait le lin, dont la livraison est prévue pour l’automne. Pour soutenir le projet d’Augustin Deridder : www.miimosa.com/projects/juin-fait-le-lin-les-vetements-de-sport-en-lin.
Kévin Saroul