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Pour les Lillois, le Palais Rameau, c’est ce bâtiment majestueux boulevard Vauban, un peu à l’abandon, dont on ne connaissait plus vraiment l’utilité. Mais depuis 2021, le Palais se refait une beauté en vue de la rentrée 2024. Objectif : en faire un lieu hybride pour les étudiants de l’école d’ingénieurs Junia, les chercheurs et le grand public.
Mais d’abord un peu d’histoire (et de droit). Le Palais Rameau tient son nom de Charles Rameau, « un notable lillois, passionné d’horticulture et fondateur de la société horticole du Nord », raconte Céline Ohnenstetter, chef de projet immobilier chez Junia. « À la fin du XIXe siècle, aux alentours de 1880, il décide de faire un legs à la ville de Lille en construisant un palais qui, et c’est indiqué dans le legs, serait dédié à l’horticulture et aux activités culturelles et artistiques. Il précise aussi qu’il souhaite que ce bâtiment soit ouvert au public. Ces demandes font qu’encore aujourd’hui, la fonction du Palais Rameau doit cocher ces cases. »
« Il y a eu plusieurs restaurations, notamment dans les années 1950 ou une partie de la serre historique a été opacifiée car il y avait énormément de fuites. Le bâtiment a tout de même servi pour des événements culturels ou pour des cérémonies de remises de diplômes de Junia, par exemple. Mais il était vraiment sous utilisé. »
« Pour nous, ce palais avait un intérêt car géographiquement, il est tout près de nos bâtiments principaux », explique Marie Stankowiak, responsable du département « agriculture et paysage » de Junia et référente pour le futur démonstrateur des agricultures de demain qui prendra place dans le palais. « L’horticulture et l’agriculture sont des sujets que l’on connaît bien. On se disait qu’il y avait quelque chose à faire. » C’est en septembre 2021 qu’un bail emphytéotique, « qui permet de transférer 98 % des droits du propriétaire à un autre propriétaire sur une durée donnée », est signé entre la Ville de Lille et Junia : « Dans notre cas, le bail est de 25 ans, avec une prise en charge des travaux par Junia en contrepartie d’un loyer symbolique d’un euro par an. »
Le projet est donc d’installer dans le Palais Rameau un démonstrateur des agricultures et de l’alimentation de demain. « Concrètement, il y aura des salles de cours et des laboratoires d’expérimentation sur l’agriculture et l’agroalimentaire. Parallèlement, on aimerait qu’il y ait un espace restauration et une programmation d’événements culturels. L’idée est aussi que des entreprises puissent louer nos équipements, nos labos… », liste Marie Stankoviak. « Il y aura aussi des espaces de travail informels, pour les étudiants. C’est vraiment pensé comme une extension des locaux de Junia », ajoute Céline Ohnenstetter.
Pour permettre cette multifonctionnalité, il a fallu être inventif : « Pour conserver la forme de croix du bâtiment, on a ajouté un étage en U permettant depuis l’entrée de voir la serre, décrit Céline Ohnenstetter. Grâce à ce système, on peut moduler l’espace comme on souhaite car les cloisons viennent s’encastrer entre des poteaux en peuplier. On répond donc à l’enjeu de modulabilité et de réversibilité car, en 2046 on pourra nous demander de tout démonter ! »
Objectif : en faire un lieu hybride pour les étudiants de l’école d’ingénieurs Junia, les chercheurs et le grand public.
Les jardins entourant le palais bénéficient, eux aussi, d’une restauration totale. « Il y aura une zone humide, axée sur la biodiversité, un espace de plantations hors-sol et un espace d’expérimentation pour les étudiants et les chercheurs. »
« Le but est de décloisonner les choses, que le grand public, les entreprises, les chercheurs et les étudiants puissent se rencontrer. Et d’un point de vue pédagogique, pour les étudiants, c’est un espace supplémentaire pour leurs projets », conclut Marie Stankoviak.
Eglantine Puel