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Professeur spécialisé en stratégie et gouvernance des entreprises agricoles à l’IAE Clermont-Auvergne, Bertrand Valiorgue anime du 11 mai au 16 juin 2021 un cycle de webinaires sur l’adaptation des entreprises agricoles au changement climatique.
Les dérèglements du climat sont tellement importants que certains disent que nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique : l’anthropocène. Elle a déjà de nombreuses conséquences sur notre agriculture, comme ce record de chaleur en mars qui a entraîné une reprise de l’activité végétale, rendant les plantes vulnérables à la période de gel qui a suivi. Pour certains pays, comme le Québec ou la Russie, le changement climatique ouvre de nouveaux horizons, notamment en termes de terres exploitables. Mais pour le système agricole français, c’est une mauvaise nouvelle. Il faut changer de trajectoire.
Les agriculteurs s’adapteront d’autant mieux au changement climatique qu’ils seront vigilants sur le traitement des quatre ressources : eau, air, sol, biodiversité. Mieux stocker l’eau, rendre les sols vivants, prendre soin des pollinisateurs… L’agriculture de demain sera à la fois régénératrice et fournisseuse de denrées alimentaires. C’est une question de survie.
Je ne fais pas un traité d’agronomie, j’essaie d’imaginer ce qui pourrait changer dans les institutions. Je fais cinq propositions. D’abord, changer notre définition de l’activité agricole dans le droit rural. Elle se définit aujourd’hui comme la maîtrise d’un cycle végétal ou animal avec pour objet de production des denrées alimentaires. Il faudrait y ajouter « tout en prenant en considération les quatre ressources essentielles ».
Ensuite, il faudrait donner aux entreprises agricoles le statut de « sociétés à mission », qui vise un objectif d’intérêt général au niveau social, comme environnemental. Cela pourra servir à aller chercher de nouvelles aides et subventions, et de permettre de re-contractualiser.
De nouveaux outils de pilotage de l’exploitation seront également nécessaires. Afin de mieux prendre conscience de son utilisation d’eau, de carbone, de biodiversité, de vitalité des sols…
On peut également imaginer une nouvelle comptabilité agricole qui récompenserait les bons élèves au niveau environnemental.
Ma cinquième proposition est d’ordre plus politique : repenser la PAC, arrêter de signer des traités comme le Ceta ou le Mercosur, et créer un marché agricole européen protégé. Toutes mes propositions seront débattues par d’autres interlocuteurs lors de la série de webinaires.
Propos recueillis par Lucie De Gusseme