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Broyés ou abandonnés sur les trottoirs, les sapins de Noël connaissent une triste fin de vie, après avoir joyeusement décoré nos maisons lors des fêtes de fin d’année. Et s’ils connaissaient un sort plus favorable ? Gaëtan Doisy, agriculteur à la ferme du Quenet, située aux Rues-des-Vignes (59) près de Cambrai, a trouvé la solution. Depuis quatre ans, il invite les habitants à venir replanter leur sapin sur son exploitation tournée vers les légumes de plein champ. Une alternative naturelle, économique et durable.
L’idée est venue il y a quelques années. « J’ai toujours acheté des sapins coupés. Et puis un jour je me suis dit que ça serait intéressant d’en prendre un avec des racines pour pouvoir le replanter. J’ai essayé dans mon jardin, l’arbre a pris. » Puis, l’agriculteur a invité les particuliers à faire de même.
L’opération est simple : les intéressés viennent à la ferme, ils disposent leur sapin dans un trou creusé préalablement et notent le numéro correspondant. Ceci afin de le retrouver l’année suivante. Car le but est bien d’offrir une seconde vie à son sapin mais aussi de pouvoir le réutiliser.
Et, en attendant de célébrer une nouvelle fois le 25 décembre, les sapins, installés près de l’exploitation, se situent côté route « pour que les personnes puissent prendre des nouvelles de leur arbre », précise Gaëtan Doisy. La démarche est entièrement gratuite. Une seule condition est requise : que le sapin ait conservé ses racines, évidemment.
Depuis qu’il met à disposition ses terres, l’agriculteur a accueilli 70 conifères. Certains ont bien poussé, d’autres moins. Car, pour qu’ils puissent repartir du bon pied, l’agriculteur préconise d’en prendre soin dès le départ : « Tout d’abord, une fois le sapin acheté, il faut le rempoter dans plus grand car en magasin, il est conditionné dans un petit contenant. » Il ne faut pas oublier de « l’arroser régulièrement pour éviter qu’il ne s’assèche ». Après les fêtes, il est idéal de placer l’arbre devant la maison, au soleil de préférence, afin qu’il puisse s’acclimater à son retour au grand air.
Une fois enracinés à la ferme du Quenet, les sapins mettent environ deux ans avant de repartir. « Pendant deux années, les sapins ne bougent pas. Ensuite, ils grandissent rapidement. »
L’agriculteur estime que ces derniers peuvent être réemployés les trois premières années. Au-delà, leur taille peut légèrement encombrer… À chaque propriétaire d’estimer la hauteur entre la pointe du sapin et celle du plafond. Les plus gros spécimens sont déplacés et définitivement mis en terre un peu plus haut, au niveau des champs et des haies de l’agriculteur. De quoi grossir les rangs des essences implantées par l’agriculteur qui pratique depuis plusieurs années l’agroforesterie (lire encadré ci-dessous). Une double boucle vertueuse en somme.
Pour le particulier, repiquer son sapin est également un moyen de faire des économies. « Un sapin coûte environ 60 euros, glisse Gaëtan Doisy. C’est le prix d’un bon repas pour Noël ou d’un jeu pour un enfant. » C’est aussi l’occasion de « prendre l’air frais, en famille ! » Et pourquoi pas repartir avec quelques légumes bio de la ferme. À cet effet, l’agriculteur prévoit une nouvelle opération samedi 15 janvier, de 16 h à 18 h. À vos bottes et à vos pelles !
L’agroforesterie au cœur de la démarche
Repiquer des sapins de Noël ? Rien de plus évident pour Gaëtan Doisy qui pratique l’agroforesterie depuis huit ans, sur une parcelle de cinq hectares : « Depuis que je suis sur la ferme avec mon père, on s’est attachés à replanter 3 km de haies et 300 arbres au total. » Chênes, érables, bouleaux, noyers… Diverses essences remodèlent ainsi le paysage et la terre : « Notre terre va de mieux en mieux. Les sols n’ont plus d’érosion, ils sont stabilisés. » Une vie s’est installée petit à petit sur la ferme : « Les oiseaux reviennent. On aperçoit une chouette ou encore un faucon crécerelle qui se baladent. Il y a aussi beaucoup d’abeilles. »
L’agriculteur travaille depuis quelques années avec l’association Planteurs volontaires qui intervient sur la ferme du Quenet. Elle met en relation planteurs et domaines à reboiser. À cette occasion, en février, des élèves de l’Institut de Genech (59) vont venir planter « 1 045 arbres sur une surface de neuf hectares : des saules blancs, des chênes, des noyers, du tilleul ou encore du merisier ». Le but : faire en sorte de stabiliser un sol en pente et en érosion, mais aussi créer de l’ombre sur la parcelle.
Laurène Fertin
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