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« On entend beaucoup dire que l’agriculture est la cause des inondations. Mais elle est aussi la solution, » affirme Jean-Luc Maeyaert, exploitant à Verchocq (62). Voilà le message clé de la journée technique sur l’agriculture de conservation des sols qui s’est tenue le mardi 28 mai dans le Haut-Pays.
Organisée par la communauté de communes avec l’Apad, la chambre d’agriculture et le Geda du Haut Pays, cette journée visait à montrer comment des pratiques de conservation des sols peuvent faire la différence en matière d’érosion des sols.
La matinée a débuté au Gaec des Aulnes, à Bezinghem, où Cédric Merlin et ses frères ont partagé leur passion pour l’agroécologie. Ils ont adopté le semis direct pour garder leurs sols vivants et résistants à l’érosion. « Pas question de se lancer tête baissée sans se former ! », explique Cédric, qui s’est entouré d’experts de l’Apad avant de devenir un mentor pour d’autres agriculteurs.
Son exploitation se distingue par des rotations longues et des cultures associées comme le blé, le colza avec trèfle, le maïs ensilage, l’orge d’hiver et la luzerne. « Les intercultures multi-espèces sont déterminantes pour améliorer la structure du sol. J’associe jusqu’à huit espèces différentes pour leur complémentarité, » précise-t-il. L’après-midi, direction la SCEA du Mont de Gournay, à Verchocq, où Jean-Luc Maeyaert et son fils Quentin pratiquent l’agriculture de conservation depuis 2004, « une des solutions pour limiter l’érosion des sols. Dès qu’on laboure, on peut perdre jusqu’à 20 tonnes de terre par hectare chaque année, alors qu’en agriculture de conservation, on est plutôt à une tonne ».
L’agriculture de conservation repose sur trois principes : ne pas travailler le sol, le couvrir de végétation et pratiquer la rotation des cultures. Ces méthodes, combinées à l’utilisation de semoirs modernes et à une gestion intelligente des intercultures, font toute la différence.
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Jean-Luc Maeyaert insiste sur l’importance cruciale d’avoir toujours une culture en place pour protéger le sol. « Il faut un relais en permanence sans jamais laisser le sol à nu », explique-t-il. Lors de sa première année de semis direct, il a semé du blé sous un couvert végétal et les résultats ont été concluants. Cependant, « plus on avançait, plus les rendements baissaient. On a compris que le semis direct ne marche pas en monoculture, il faut absolument pratiquer la rotation des cultures », affirme-t-il.
Une solution gagnante est d’associer différentes plantes comme un mélange de seigle et de trèfle semés simultanément. « Cela permet d’avoir constamment des racines dans le sol, ce qui le rend plus riche et mieux drainé. » L’avoine, la féverole, le tournesol, les radis, la phacélie ou la vesce sont aussi efficaces. Bien que représentant un investissement financier, ces couverts végétaux qui ne seront pas récoltés jouent un rôle essentiel en enrichissant le sol, au cœur du système.
La journée a été ponctuée de six ateliers. Le matin, à Bezinghem, les participants ont découvert le matériel de semis direct, fait un tour de plaine pour discuter des rotations et intercultures, et exploré comment favoriser la biodiversité. L’après-midi, à Verchocq, les ateliers ont couvert l’utilisation du matériel agricole, la diversification des fourrages pour une meilleure résilience climatique, et les techniques pour préserver le sol.
Jean Luc Maillard a partagé ses réflexions sur les débuts de l’agriculture de conservation dans la région et les essais menés avec l’école agronomique Junia qui « nous ont permis de voir qu’un seul labour pouvait mettre en péril des années de couverture du sol ».
La maire de Bourthes, Estelle Doutriaux, également vice-présidente du SmageAa, a témoigné des coulées de boue dans le secteur. Elle a souligné que les fascines et les plantations de haies, bien que bénéfiques, sont des solutions complémentaires indispensables à l’agriculture de conservation. Cette journée technique a montré que l’agriculture de conservation des sols est bien plus qu’une mode : c’est une nécessité pour lutter contre l’érosion.
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La CCHPM prévoit déjà d’autres événements, comme une journée de promotion du semoir de démonstration et une formation sur les couverts végétaux cet été. Car pour Jean-Michel Cadet, du service développement agricole de l’intercommunalité, il ne fait aucun doute que « l’agriculture de conservation est une voie d’avenir pour les agriculteurs du Haut Pays ».