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Au théâtre des Trois chênes, au Quesnoy, les sièges sont encore vides en ce lundi 3 juin. David Meurillon s’apprête à monter sur scène pour un nouveau rôle, celui de président de la FDSEA du Nord. Avant que ne se remplissent les gradins, le quadragénaire détaille le parcours qui l’a amené jusqu’à endosser cette casquette syndicale.
Son engagement est né dans les choux… de Bruxelles. Une spécialité qu’il cultive depuis son exploitation familiale de production légumière de Verlinghem. Car en matière de choux de Bruxelles, il milite « depuis 20 ans pour une harmonisation des règles de chaque côté des frontières, ou qu’on n’importe pas ce qu’on ne veut pas. Les firmes phytosanitaires se désintéressent de cette production qui a vu la perte de substances arriver sans que de nouvelles ne soient homologuées… », explique l’un des derniers producteurs de la région.
David Meurillon est « au moins la troisième génération » à se succéder « de père en fils ». Avant lui, son grand-père y a amené la culture de fraises puis son père, lorsqu’il s’installe en 1976, a complété par « une panoplie de petits légumes qu’ils livraient sur le carreau des maraîchers à Lille », raconte-t-il. De son côté, il se penche donc sur les choux de Bruxelles avec l’envie de « relever le challenge ». Des débouchés, il en a : centrales d’achat, grossistes, industrie, circuits courts… Et s’il n’est pas un grand amateur de ce légume qui subit « les clichés des souvenirs de cantine », il suffit de bien savoir le cuisiner pour bénéficier de ses vertus antioxydantes et de sa bonne dose de vitamines, le tout made in France, assure-t-il.
Avec les choux de Bruxelles, David Meurillon fait pousser poireaux et salades auxquels s’ajoutent des grandes cultures pour la rotation. En tout, il compte une quarantaine d’hectares en pleine métropole lilloise cultivés avec ses parents. Un travail d’équipe, car sans eux pour assurer le travail à la ferme, il ne pourrait pas se libérer tant de temps pour son engagement.
À cinq kilomètres de la ville, « la pression périurbaine est très importante », lâche celui qui s’est investi pour l’arrondissement de Lille dès ses débuts dans le syndicalisme. Chez les Jeunes agriculteurs, d’abord, puis avec la FDSEA du Nord. Jusqu’au 15 mai dernier, il en était secrétaire général. Son « baptême du feu », c’était l’hiver dernier, avec les mobilisations qui ont secoué les villes et les campagnes. « La colère montait depuis trop longtemps », dit-il, rappelant « la reconnaissance du grand public dont 90 % soutenaient les actions des agriculteurs. »
Aujourd’hui, « l’heure est à la construction pour donner à l’agriculture la place qu’elle mérite. Une seule solution, la détermination », brandit-il.
1996. Il rejoint les Jeunes agriculteurs du canton de Quesnoy-sur-Deûle puis du Nord.
1999. Il empoche un BTS ACSE obtenu à Genech après son BTSA spécialisé en productions légumières.
2002. Il s’installe sur la ferme familiale de Verlinghem, à quelques kilomètres de Lille.
2024. Il succède à Laurent Verhaeghe à la présidence de la FDSEA du Nord.
Sur son nouveau bureau de président départemental, les dossiers ne manquent pas. Le premier se joue en interne. Le nouveau bureau de la FDSEA du Nord doit finaliser « avant les travaux d’été » son séminaire pour l’avenir, énonçant ses grandes orientations. En ligne de mire, les élections des chambres d’agriculture en 2025, suivies de près de celles de la MSA.
S’empilent d’autres dossiers. Celui des compensations environnementales, avec Dunkerque en première ligne. Mais pas seulement, dit-il en citant la prison de Saint Saulve, la Nationale 2 et les multiples parkings des centres commerciaux… Il faudrait favoriser le qualitatif lorsque compensation il y a, revendique-t-il. « Le dossier a été poussé au national pour que la prise de conscience soit globale. Quand des entreprises arrivent à Dunkerque, elles concernent toute la France », insiste-t-il.
Autre sujet : celui de l’agriculture biologique, et les paiements des Maec qui accumulent un incroyable retard. « Ce qui bloque, c’est un problème informatique au niveau de l’administration, hallucine-t-il. Nous, un jour de retard, c’est une pénalité : on devrait majorer les aides au retard… », propose le nouveau président.
Il y a aussi le PLOAA (pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles, ndlr), travaillé de concert avec les Jeunes agriculteurs, car le renouvellement des générations urge, tandis que « dans moins de dix ans, 50 % des agriculteurs seront à la retraite ».
L’heure avance et bientôt, la salle se remplit. Laurent Verhaeghe prend le micro et invite à monter sur scène son successeur. « Vous m’excuserez Madame le Maire, mais je vais commencer par remettre les choses dans leur contexte », annonce le jeune président avant de retourner le panneau Le Quesnoy emprunté à la ville accueillant l’assemblée générale de la FDSEA du Nord. Et action.
Louise Tesse