Votre météo par ville

Mobilisation des agriculteurs : « La balle dans le camp du gouvernement »

25-01-2024

Actualité

C’est tout frais

La mobilisation des agriculteurs a gagné toute la France malgré la réception des représentants des syndicats agricoles à Matignon dès le lundi 22 janvier. Gabriel Attal a promis des annonces rapides. Les agriculteurs veulent des actes.

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, et le président des JA, Arnaud Gaillot, ont été reçus à Matignon.  © Actuagri

 La mobilisation des agriculteurs s’est étendue à la France en dépit de la réception des représentants des principaux syndicats agricoles dès le lundi 22 janvier.

« Aussi longtemps qu’il n’y aura pas de décisions concrètes […] il n’y aura pas de levée des actions sur le terrain », a déclaré le 22 janvier 2024 le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau qui était accompagné du président des JA, Arnaud Gaillot. Les deux responsables syndicaux ont rencontré le Premier ministre, Gabriel Attal, pendant presque deux heures. « La situation est aujourd’hui sans équivalent  », a d’ailleurs expliqué Arnaud Rousseau. Trois thématiques ont été détaillées lors de cet entretien qui a vu «  un Premier ministre à l’écoute et conscient des enjeux du moment  ».

Premier dossier abordé : la dignité du métier et la place de l’agriculture dans la société. Les agriculteurs sont aujourd’hui déboussolés et « s’interrogent sur ce que veulent vraiment les Français. Ils ont l’impression de faire une alimentation de qualité, de servir la France et ce qui leur est renvoyé, ce n’est pas ça », a expliqué le président de la FNSEA.

Mobilisation des agriculteurs : la FRSEA Hauts-de-France a rencontré Christophe Béchu

« On est pris pour des délinquants, présumés coupables, une partie de la population pense qu’on est des voyous ! », surenchérit quelques heures plus tard Laurent Verhaeghe, président de la FDSEA du Nord. « Si on ne fait pas attention, on va perdre notre diversité et notre agriculture propre au détriment d’importations de produits qui ne respectent pas nos normes », alerte-t-il, s’interrogeant sur ce que veulent « vraiment » les consommateurs dans leur assiette.

Deuxième grand sujet : les revenus et les filières, «  dans un moment où la France importe un tiers de son alimentation ». Pour la FNSEA et JA, il est indispensable et primordial de préserver les moyens de production. À ce titre, les questions de l’eau, des produits phytosanitaires, de la garantie des revenus et de la compétitivité de la Ferme France ont été abordées.

Le président de la FDSEA du Nord cite le lait, dont le prix a certes augmenté, mais pas autant que les charges. « Un lait en dessous des 450 € les 1 000 litres, ce n’est plus possible. Ce qui convenait il y a quelques années à 350 €, ne convient plus avec les hausses des charges et ne permet pas d’embaucher. On a besoin de gardiens de la loi Egalim pour qu’elle soit véritablement appliquée. » Résultat : « On est incapables d’employer des collaborateurs. » De quoi écœurer les candidats à l’installation, regrette Laurent Verhaeghe.

Enfin troisième thème sur lequel le chef du gouvernement et les responsables syndicaux ont planché : l’exercice du métier sous l’angle des normes, des législations et de la surréglementation. FNSEA et JA demandent qu’une réelle simplification soit mise en place. « Restaurer la confiance, c’est aussi rompre la sédimentation des textes. » S’il est un mille-feuille dont les agriculteurs ne veulent plus, c’est bien l’empilement réglementaire, approuve Laurent Verhaeghe. Et de citer un exemple au cœur même de l’actualité du Nord-Pas de Calais. « Dans la région, on est incapables de prendre une décision immédiate quand il faut curer. Donc rien ne se fait. »

Enfin, la question des 4 % de jachère prévus par la PAC est « insupportable » pour le syndicat majoritaire, de la voix de son représentant nordiste : « Cela correspond à une diminution de la production de 400 000 tonnes en Hauts-de-France : on n’en veut plus. »

« Jusqu’au salon de l’agriculture »

À Matignon lundi dernier, « on a redit qu’on ne se contenterait pas de mots, ce que les agriculteurs attendent, ce sont des actes », ont martelé Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot qui croient toujours en l’avenir de leur métier. Les deux syndicats agricoles laissent quelques jours (jusqu’au 28 janvier) au gouvernement pour annoncer des mesures concrètes de court terme comme la remise immédiate de la détaxation sur le gasoil non routier (GNR) en pied de facture.

Pour les mesures de moyen et long terme, FNSEA et JA ont fixé une échéance au gouvernement pour formuler des propositions concrètes : « Jusqu’au salon de l’agriculture  ». Le président de la FNSEA a bien réaffirmé que la rencontre avec Gabriel Attal n’avait pas pour objet de rentrer en négociation, mais de « poser un diagnostic ». « La balle est dans le camp du gouvernement. Il lui appartient maintenant de prendre les bonnes décisions », a précisé Arnaud Gaillot.

Prenant la parole peu après les deux responsables syndicaux, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau a rappelé que le cap est celui de la transition écologique dans le cadre de la souveraineté et que ce cap doit susciter la confiance retrouvée. À demi-mot, il a aussi évoqué les surtranspositions et la surréglementation qui pèsent sur les agriculteurs, l’objectif étant d’aller vers une simplification des lois et de normes en vigueur. « Quant à la loi d’orientation agricole, qui devait être présentée le 24 janvier en Conseil des ministres, elle a été repoussée pour l’enrichir et la compléter par des dispositions sur la simplification, avec des cas concrets  », a précisé le ministre.

Une colère partagée

La colère des agriculteurs fait depuis le début de la semaine l’objet de manifestations de soutien. L’UNPT a ainsi rejoint le mouvement regrettant que des « injonctions contradictoires entravent leurs moyens de production depuis des mois ». Tout comme les quatre autres associations spécialisées grandes cultures de la FNSEA (blé, maïs, betteraves à sucre, et oéloprotéagineux).

La Fédération nationale des Cuma (FNCuma), représentant des groupes d’agriculteurs, s’est également associée à « la saturation générale face à des charges et normes toujours plus lourdes », a-t-elle annoncé dans un communiqué de presse du 23 janvier.

La veille, ce sont les artisans bouchers-charcutiers qui se sont dits solidaires avec leurs éleveurs « alors que les élections européennes approchent à grands pas et qu’elles s’annoncent décisives pour l’avenir de notre souveraineté alimentaire, il est temps de reconsidérer cette dernière comme une priorité absolue ».

Enfin, « au moment où les paysans français disent leur trop-plein de tout en manifestant, le salon international de l’agriculture est solidaire car le salon est fait par et pour le monde agricole ».

Claire Duhar

Christophe Soulard Et Louise Tesse

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Série de l’été : les milieux naturels du Nord-Pas-de-Calais
Cet été, Terres et Territoires vous emmène à la découverte de milieux naturels du Nord-Pas-de-Calais avec le Conser [...]
Lire la suite ...

Élections à la chambre d’agriculture : mode d’emploi pour voter en janvier
Les modalités des élections des représentants aux chambres d'agriculture se précisent. Dans le Nord-Pas de Calais, e [...]
Lire la suite ...

Numéro 374 : 18 juillet 2024

À Zuydcoote, la Ferme Nord se réinvente
Construite au début du siècle dernier pour fournir viande et lait à l'hôpital maritime de Zuydcoote, la Ferme Nord e [...]
Lire la suite ...

Élevage : Chez la famille Darque, de la bleue du Nord ou rien
Depuis plus de 30 ans, dans la ferme de la famille Darque, à Roquetoire, on élève de la bleue du Nord. Un choix fait [...]
Lire la suite ...

Les pois jouent la course contre la montre
L'entreprise de travaux agricoles Cousin est spécialisée dans la culture de pois de consommation. Elle a semé 2 600 h [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires